Europeum : « Notre objectif est de mettre en avant la vocation européenne de la République »
Comme c’est le cas depuis trois ans déjà, l’institut européen praguois Europeum organisera le Sommet européen de Prague en juin prochain. Martin Michelot, directeur d’Europeum et chercheur en relations internationales, nous explique le but de ce rendez-vous. Nous en avons profité pour faire le point sur la relation entre la République tchèque, la France et l’Union européenne.
Qu’est-ce qu’a changé l’élection d’Emmanuel Macron dans la relation entre la République tchèque et la France ?
« Emmanuel Macron a perçu la République tchèque comme étant un pays clé dans sa stratégie de réforme de l’UE mais aussi d’une intégration plus ambitieuse. En somme, la République tchèque peut être perçue comme un pays modèle pour les ambitions de réforme d’Emmanuel Macron. Il y a vraiment eu quelque chose de spécial. En portant une attention spécifique sur la République tchèque et sur la Slovaquie, il a la volonté de faire en sorte que Visegrád ne pèse pas forcément comme étant un groupe qui refuse l’intégration européenne. Emmanuel Macron a vraiment intérêt à jouer sur les intérêts tchèques et slovaques pour faire en sorte que ces ambitions de réforme soient adoptées ou au moins comprises. »Est-ce qu’avec le Brexit, la difficulté pour Angela Merkel de constituer un gouvernement, la crise en Catalogne et l’arrivée de la Bulgarie à la tête de la présidence de l’Union européenne, les pays d’Europe centrale et orientale, dont la République tchèque en particulier, pourraient gagner en influence dans l’Union européenne ?
« Il y a un accord important au sein des pays fondateurs de l’UE pour aller de l’avant de manière relativement rapide sur l’intégration européenne surtout sur l’intégration de la zone euro. C’est vrai que si l’on veut que ce projet de réforme soit vraiment européen, les pays d’Europe centrale et orientale sont vraiment les pays clés dans ce processus. En revanche, ils ne gagnent pas en influence politique parce que les mécanismes de vote au sein de l’Union européenne ne changent pas forcément. Il faudrait surtout que ces pays aient vraiment des propositions politiques. Pour encore les quelques années à venir, l’axe de réflexion sera Paris-Berlin même s’il y a des difficultés du côté allemand à former une coalition de gouvernement. La perception à Prague, à Bratislava et dans les autres capitales, c’est que l’équilibre se trouvera sûrement à Berlin, quelque part entre les propositions très ambitieuses de Paris et les éventuelles réticences que l’on peut connaître dans les PECO (pays de l’Europe centrale et orientale, ndlr). »