Eva Urbanová, près de 30 ans de carrière pour la première dame de l’opéra tchèque
L’une des sopranos tchèques les plus connues au monde, Eva Urbanová, a fêté ses 55 printemps le 20 avril dernier. Et pourtant, l’une des plus importantes figures de la scène de l’opéra à l’heure actuelle a débuté sa vie professionnelle en tant que fonctionnaire et a même été refusée au Conservatoire, au motif qu’elle ne savait pas chanter. Nous avons le plaisir de vous dresser le portrait, quoique succinct, d’une diva, que rien ne prédestinait à une carrière exceptionnelle, couronnée de succès sur les planches de divers opéras internationaux.
Des débuts prometteurs
Originaire de la ville de Slaný, située à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Prague, Eva Urbanová travaille tout d’abord pour la Société des chemins de fer, tout en cultivant un penchant pour un répertoire de musique populaire. Si elle se voit refuser d’intégrer le Conservatoire de musique, elle est néanmoins prise à 20 ans sous l’aile protectrice de la professeure de chant Ludmila Kotnauerová, qui l’amène vers le bel canto italien. Mais c’est en 1987, que sa carrière commence véritablement au Grand Théâtre Tyl à Plzeň, et ce dans le rôle de la Princesse étrangère dans l’opéra Rusalka. Pendant trois ans, Eva Urbanová y apprend plusieurs rôles importants du répertoire tant tchèque que mondial, comme le rôle de Milada dans « Dalibor » (Bedřich Smetana), le rôle de Julie dans « Le Jacobin » (Antonín Dvořák) ou Leonora dans « Le Trouvère » (Giuseppe Verdi). En 1990, Eva Urbanová est engagée au Théâtre national de Prague, ce qui lui ouvre dès lors la porte vers les horizons infinis du monde de l’opéra.Une carrière confirmée sur les planches des théâtres internationaux
Au Théâtre national de Prague, Eva Urbanová excelle dans divers rôles, comme dans celui de Milada de « Dalibor », ou dans « Libuše », tous deux issus des œuvres de Bedřich Smetana, mais aussi dans d’importants rôles d’opéras d’Antonín Dvořák, comme « Rusalka » ou « Le Diable et Katia ». Son répertoire des opéras étrangers comprend notamment le rôle de Santuzza dans « Chevalerie campagnarde » (Cavalleria rusticana) de Pietro Mascagni, Elisabeth de Valois dans « Don Carlos », ou aussi Leonora di Vargas dans « La Force du destin », deux opéras de Giuseppe Verdi.Très vite, la soprano est remarquée par les scènes étrangères. C’est en 1994, qu’Eva Urbanová chante pour la première fois aux Etats-Unis ainsi qu’au Japon. Trois ans plus tard, après d’immenses succès, elle interprète le rôle de « La Gioconda » du compositeur Amilcare Ponchielli à la célèbre Scala de Milan. Peu de temps après, c’est la consécration sur la scène du fameux Metropolitan Opera de New York, qui lui ouvre ses portes pour la première fois, avec l’opéra Lohengrin de Richard Wagner. La liste des villes où Eva Urbanová se produit par la suite n’en finit plus, passant par Toronto, Valence, Séville, Londres, Vienne ou Athènes.
Eva Urbanová, distinguée par la France en tant que « Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres »
Si Eva Urbanová a été récompensée d’un Grammy pour son enregistrement du disque « Celeste Aida : Famous Opera Arias » dans les années 1990, c’est en décembre 2003, que la soprano tchèque se voit remettre la distinction française « Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres ».Le calendrier d’Eva Urbanová est rempli à craquer jusqu’à la fin de l’année. Si elle est désormais une habituée des scènes internationales, c’est sur la scène du Théâtre national à Prague et à Brno qu’elle se produit le plus souvent, et actuellement dans plusieurs opéras comme « Káťa Kabanová » et « Její pastorkyňa », connue à l’étranger sous le nom de « Jenůfa », du compositeur Leoš Janáček, ou le chef-d’œuvre susmentionné « Libuše », relatant l’histoire de la princesse de Bohême, qui prophétise la gloire de la nation tchèque.