Exposition Naturalia : mille et une manières d'aborder le thème de la nature

Photo: www.futuraprojekt.com

« Les Collections sans frontières » est un projet des cinq Fonds régionaux d'art contemporain de l'Est de la France qui, depuis quelques années, voyage à travers l'Europe. Son but est de présenter les collections des fonds et, parallèlement, faire intervenir les artistes du pays d'accueil. La cinquième étape du projet se déroule jusqu'à la mi-février 2006 en République tchèque et ceci dans trois lieux : au centre d'art contemporain Futura, à Prague-Smichov, à l'Institut français de Prague et au château Renaissance de Trebesice, près de Kutna Hora, en Bohême centrale.

Eva Gonzales dirige le Fonds régional d'art contemporain de Bourgogne, celui qui pilote le projet pragois Naturalia :

« En 1999, il y a eu la volonté des cinq Frac - il y en a vingt-deux en France - de s'associer pour réaliser des projets à l'étranger. Le principe était de donner carte blanche à des institutions d'accueil de ces projets. A ce jour, nous en avons réalisé cinq, sur des thèmes différents, celui-ci est le cinquième. Le premier a eu lieu en 2003 à Turin, les autres se sont déroulés à Varsovie et à Edimbourg. Le fait de travailler sur ces projets nous permet de prendre la température sur la scène artistique là où on va aller. Donc il y a par exemple des artistes polonais qui ont pu intégrer par la suite les Collections. »

Plusieurs dizaines d'artistes de nationalités différentes ont, cette fois-ci, abordé, chacun à leur manière, le sujet de la nature. Peintures, installations projections vidéo, des espèces d'animaux, des plantes et des objets de la nature jamais vus, tout cela est à découvrir notamment dans les espaces labyrinthiques de la galerie Futura, dirigée par l'Italien Alberto di Stefano. David Renaud, qui travaille entre Paris et Angoulême, est un des artistes qui se présentent dans le cadre de l'exposition Naturalia à Prague. La cartographie et le camouflage sont ses domaines favoris.

D.R.: « Ici, j'ai trois multiples, trois cartes qui ont été éditées dans le temps. Ce sont des cartes de topographie et qui sont censées des cartes vraies, en tout cas les données cartographiques sont justes. J'ai cherché en fait trois endroits où il n'y a rien, aucune contradiction... Donc la première carte, c'est le désert, le Désert du Danakil, la deuxième, c'est l'Atlantique, avec le cercle polaire qui passe. L'endroit s'appelle le Glacier du commandant Charcot. La troisième carte, la plus ancienne, c'est l'Embouchure de la Seine. Elle est entièrement en bleu, il y a 1cm² de terre, dans le bas inférieur droit. »

Vous avez participé à ce projet d'une manière assez particulière : vous étiez en résidence au château de Trebesice...

« Oui, j'ai été invité par les gens de Futura qui m'ont rencontré par le biais des Frac en France. Ils m'ont proposé de faire une résidence à Trebesice, où je viens, effectivement, de passer un mois. Au départ, j'étais là pour réaliser une oeuvre, finalement, j'en ai fait deux. Elles seront exposées dans le château même. Le cadre du château est incroyable, j'y vivais et j'y ai même invité quelques-uns de mes étudiants. C'est vrai qu'on est dans un coin un peu retiré du monde... »

Vous vous êtes laissé inspirer par cet endroit ?

« Pour la deuxième oeuvre que j'ai rajoutée, oui. Il y a une petite tourelle, une sorte de petit dôme. J'ai pensé faire un ciel comme on le trouve dans les peintures de la Renaissance, donc à la fresque. Sauf que là, ce n'est pas un ciel, c'est une mer. J'ai retourné cette mer, elle abrite une île qui s'appelle l'Ile antipode. C'était bien de jouer comme ça. »

C'est votre premier séjour en République tchèque ?

« Oui. A Prague, j'ai pu voir le prix de la jeune création artistique tchèque... »

Diffère-t-elle de la jeune création française ?

« Il n'y a pas tant de différences. En fait, je m'attendais, mais c'était peut-être une sorte de projection de ma part, à quelque chose qui était beaucoup plus militant, plus engagé sociologiquement et politiquement. J'ai vu beaucoup de peinture, en France, nous avons un petit problème avec ça... Autrement, ça me semble tout à fait équivalent de ce qu'on peut voir dans d'autres pays européens. »

Naturalia, une exposition mise en place par cinq Fonds régionaux d'art contemporain en France, ainsi que par des artistes tchèques, c'est à la galerie Futura, rue Holeckova, à Prague 5 et à l'Institut français. Les oeuvres de David Renaud font désormais partie des collections du château de Trebesice. Plus de détails sur les exposition, ateliers et résidences qui y sont organisées sur www.trebesice.com

Auteur: Magdalena Segertová
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