Festival KoresponDance – le carrefour de collaborations internationales

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Montrer combien l’histoire d’un lieu peut être source de création aujourd’hui : tel est le dessein de ‘Korespondance’, festival de danse qui se déroule ce vendredi à Ždár nad Sázavou, dans la région de Vysočina. C’est là, en effet, que se trouve la propriété familiale léguée par le beau-père de Marie Kinsky, la directrice du centre chorégraphique SESTA à l’origine de ce festival destiné à toutes les générations. L’enceinte du château de Ždár, qui accueille le festival, a la prétention de devenir un lieu de résidence d’artistes, notamment grâce à l’introduction d’un nouveau souffle, d’une nouvelle vie, à travers les rencontres, par la culture et pour la culture.

« Le Festival Korespondance est un festival, que nous, le centre de développement chorégraphique ‘Sesta’, proposons depuis cinq ans au public tchèque, mais c’est la première édition à Ždár nad Sázavou. Nous avons eu des éditions à Prague et à Brno, et cette année nous avons choisi de le faire à Ždár. Ce festival est conçu comme une présentation d’un grand projet que nous avons pour Ždár, raison pour laquelle nous le faisons là, comme une prémisse, comme une première action visible pour quelque chose qui va ressembler à un centre culturel de rencontre. Ce centre culturel disposera d’un musée, de résidences d’artistes, avec des évènements, tel que ce festival, et un travail qui va être fait avec le public local, par des artistes de renom international. »

Les premières activités du centre Sesta remontent à 1999. Depuis 2010, il a été rebaptisé « Le premier centre de développement chorégraphique en République tchèque ». Son objectif principal, qui pourra être découvert par le public de Ždár ce vendredi, est de développer le milieu chorégraphique tchèque dans un contexte international, et ainsi accompagner le développement professionnel des danseurs, chorégraphes, interprètes, pédagogues, et même amateurs de tout âge, en organisant des actions de sensibilisation du public. Le festival offrira également des ateliers de danse et de théâtre pour les enfants.

Château de Ždár nad Sázavou,  photo: Prazak,  CC BY 2.5 Generic
« Ce festival est donc conçu comme un signe, comme un grand signal. D’abord du lancement de ce grand projet, et d’autre part le but que nous poursuivons avec mon mari. Car si je suis la directrice du festival, c’est avec mon mari que nous faisons tous ces projets culturels à Ždár. Nous voulons ouvrir le château et la ville de Ždár, mettre ensemble la ville de Ždár et le château autour d’actions culturelles de niveau international, mais à destination du public local aussi. C'est-à-dire que le festival n’est pas conçu comme une vitrine, mais vraiment comme un endroit de rencontre entre des amateurs et des professionnels, entre un public local et des artistes internationaux, entre des artistes entre eux, puisqu’il y aussi des résidences de création dans le cadre du festival. »

Le programme est très éclectique, avec notamment la première du spectacle « Promenade chantante » créé spécialement pour les habitants de Ždár par Jean Gaudin, artiste renommé en France.

DeRbrouk,  photo: Se.S.TA
Au programme figure également le spectacle de Pierre Nadaud, l’actuel directeur de l’atelier de clowns et de cinéma de l’université JAMU de Brno, réalisé avec la compagnie « Globe rêveurs », ou encore le spectacle « DeRbrouk » de Honza Malík et Jan Komárek, ainsi que le « Nourrissant gazpacho théâtral » d’Anna Polívková et Hana Třešnáková. La danseuse et chorégraphe britannique d’origine tchèque Andrea Miltnerová, qui sera associée à plus long terme au centre culturel de Ždár, présente pour sa part un spectacle baroque imprégné d’un regard contemporain. C’est une chose emblématique, puisque le festival se déroule au sein du château baroque de Ždár, dont l’architecture est le travail de l’une des plus grandes pointures de l’architecture tchèque baroque, Jan Blažej Santini.

« La programmation est destinée à un public très large. Chaque spectacle est destiné aussi bien aux enfants qu’aux adultes, que ce soit ‘Transports exceptionnels’ de Dominique Boivin, un spectacle qui a fait le tour du monde et qui a été présenté aussi bien en Australie qu’en Amérique latine et en France, bien évidemment à moult reprises. Je pense qu’ils doivent approcher maintenant des 500 représentations. La dernière fois que nous l’avons présenté en République tchèque, c’était à Prague, nous avons eu jusqu’à 2 000 visiteurs, et au bout de sept ans les gens en parlent encore. C’est vraiment le spectacle visible du festival. C’est un duo entre un danseur et une pelleteuse, le tout sur la musique de Strauss interprétée par la Callas. Et je peux vous dire que ce qui donne le plus d’émotions, ce n’est ni le danseur qui est merveilleux, ni la Callas interprétant Strauss, mais bel et bien la pelleteuse elle-même. Une vraie Betty Boop. »

Installée en République tchèque depuis seize ans déjà tout en ayant découvert le pays dès la chute du communisme, Marie Kinsky a connu les tout premiers balbutiements de la danse contemporaine tchèque et se dit désormais sidérée de la progression des projets des danseurs tchèques, revitalisant la pensée parfois ronronnante des pays occidentaux.