Fièvre aphteuse : face à la propagation en Europe centrale, la Tchéquie prend ses précautions

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Face à la menace de la fièvre aphteuse, dont plusieurs foyers ont été recensés en Slovaquie voisine et en Hongrie ces dernières semaines, les autorités sanitaires tchèques ne cessent de renforcer les mesures préventives et les contrôles aux frontières.

En Tchéquie, quelque 3,12 millions de têtes de bétail, du gros (bovins) au petit (moutons, chèvres, porcs) sont concernées par la menace de la fièvre aphteuse. Située dans le centre du pays, la région de Vysočina est celle où est élevé le plus grand nombre d’animaux, environ un demi-million.

Si, pour l’heure, aucun cas de virus n’a encore été recensé en Tchéquie, épargnée depuis 1975, l’inquiétude des éleveurs n’en est pas moins croissante, puisque l’apparition d’un foyer de cette maladie particulièrement contagieuse (toutefois non transmissible à l’homme) aurait pour conséquence automatique l’abattage de tous les animaux de l’exploitation concernée, et donc des conséquences économiques dramatiques pour les éleveurs.

Photo illustrative: Michaela Danelová,  iROZHLAS.cz

En réaction à l’évolution de la situation en Slovaquie voisine notamment, où cinq cas de fièvre ont été confirmés ces dernières semaines, mais aussi en Hongrie, où plus de 3 000 bovins sont en train d’être abattus avant d’être enterrés dans une vaste fosse commune, les autorités sanitaires tchèques s’efforcent de faire preuve de la plus grande vigilance. Et il ne se passe désormais pratiquement plus un jour sans que de nouvelles mesures soient adoptées.

Lundi, ainsi, le ministre de l’Agriculture, Marek Výborný, a annoncé que les contrôles concerneraient également les producteurs de lait dans la région la plus proche de la Slovaquie, où l’état d’urgence a été déclaré  et où un cinquième foyer a été déclaré dimanche, dans une ferme de l’ouest du pays située à une quarantaine de kilomètres par la route de la Tchéquie :

Marek Výborný | Photo: Michal Krumphanzl,  ČTK

« Nous prévoyons de procéder à des tests PCR sur le lait des grandes exploitations dans la région de Moravie du Sud, car c’est elle qui est la plus proche de l’épicentre de la maladie. Toujours en Moravie du Sud, plus concrètement dans les districts de Břeclav et de Hodonín, toutes les exploitations comptant plus de 100 vaches laitières seront soumises à des tests exceptionnels, ce qui, autrement dit, signifie que dans les zones directement frontalières, cette mesure s’appliquera également aux plus petits exploitants. »

Menés à titre « uniquement préventif », selon le ministre, ces tests, qui détectent la maladie avant qu’elle ne se manifeste chez l’animal, doivent permettre de l’isoler si un cas venait à apparaître, et avec elle, l’ensemble de l’exploitation éventuellement concernée.

Parallèlement aux élevages, et alors que l’accès aux réserves de chasse est interdit depuis déjà plusieurs jours dans toutes les régions frontalières avec la Slovaquie, soit toute la face sud-est de la Tchéquie, des tests sérologiques seront effectués dans les prochains jours également sur le gibier sauvage, susceptible lui aussi de menacer les élevages.

Ce mardi, expression de la peur qui habite les éleveurs, et en raison d’une situation qu’elle a qualifiée d’« extrêmement critique », la Chambre agraire de Moravie du Sud a également appelé le gouvernement à déclarer l’état d’urgence de manière à pouvoir renforcer encore les mesures préventives, des contrôles des camions aux frontières jusqu’au déploiement d’un personnel plus important et de solutions techniques plus sophistiqués.

Les contrôles et les décontaminations des camions aux frontières | Photo: Václav Šálek,  ČTK

Mais si la ministre de la Défense a annoncé que l’Armée allait prêter main-forte à compter de ce mercredi à la frontière, où quatres postes de contrôle ont été instaurés pour les arrivées des poids-lourds transportant des animaux, des produits alimentaires ou des aliments pour les animaux depuis la Slovaquie (ainsi que trois autres pour celles en provenance d’Autriche), le ministre de l’Agriculture a estimé que les mesures adoptées jusqu’à présent suffisaient compte tenu de l’évolution de la situation.

Par ailleurs, à l’approche des fêtes de Pâques, le ministre a appelé les Tchèques à faire preuve de responsabilité en rappelant que l’interdiction d’importer des animaux - « ne serait-ce que d’un seul chevreau ou agneau » - s’appliquait à tous, et pas seulement aux grands négociants.