C'est pour fêter deux anniversaires du compositeur Leos Janacek que la ville de Brno, métropole de Moravie, a organisé un festival consacré à ce compositeur.
Cette année, nous célébrons le 150ème anniversaire de sa naissance et le centenaire de la première de son opéra Jenufa. Le programme du festival qui vient de prendre fin à Brno, a été ambitieux: présentation de tout ce que Janacek a écrit pour l'opéra, donc au total, neuf drames lyriques, par les meilleurs ensembles d'opéras tchèques et slovaques, exécution des grandes oeuvres pour orchestre et d'un choix d'oeuvres de chambre par des formations de qualité, une conférence musicologique et deux expositions sur la vie et l'oeuvre du compositeur. Bien que l'éclat du festival ait été terni quelque peu par l'absence de certaines vedettes souffrantes, le chef d'orchestre Sir Richard Armstrong, les cantatrices Gabriela Benackova et Mara Zampieri, il entrera dans l'histoire comme un des plus grands hommages jamais rendus à ce compositeur par son pays.
Sir Charles Mackerras, photo: CTK
Parmi les personnalités qui ont pris part à cette fête de la musique, il y avait aussi le chef d'orchestre Sir Charles Mackerras, un grand propagateur et connaisseur de la musique de Janacek. Il a été nommé, à cette occasion, docteur honoris causa de l'Académie des Arts de Brno. Dans un entretien accordé à Radio Prague il a évoqué le début de son intérêt passionné pour Janacek: "J'ai joué ses compositions dans ma jeunesse, en Australie, quand j'avais environ 16 ans. Mais, j'ai découvert les grandes oeuvres lyriques de ce compositeur à Prague, en 1947 lorsque j'ai obtenu une bourse du British Council. J'ai entendu Talich diriger Katia Kabanova, et cela a changé ma vie, puisque je me suis lancé dans l'étude des oeuvres de Janacek et de tous les documents sur lui."
Et Charles Mackerras de constater que les opéras de Janacek sont très populaires en Grande-Bretagne, en Allemagne, en France, en Amérique et même en Australie.
Le chef d'orchestre se rend compte, aussi, d'un certain paradoxe concernant la perception de l'oeuvre de Janacek. Il se demande pourquoi Janacek est moins populaire en Tchéquie que dans le monde. Une des explications qu'on puisse trouver, serait, d'après lui, le fait que Janacek était accepté par les communistes et que l'idéologie communiste a compromis, en quelque sorte, ses oeuvres aux yeux du grand public."Cette idéologie n'est pas très populaire dans ce pays. Et c'est peut-être pour cette raison que le public tchèque a préféré le répertoire international, Verdi, Puccini, Wagner, Strauss et autres," estime Charles Mackerras.