Finances publiques, pandémie et autres défis du gouvernement de Petr Fiala
Politologue de formation et leader du Parti civique démocrate (ODS), Petr Fiala a été chargé, mardi, de la formation du nouveau gouvernement par le président Miloš Zeman. La veille, l’ODS et quatre autres partis (KDU-ČSL, TOP09, Pirates et STAN) ont signé un accord de coalition et présenté leurs priorités, dont la réduction du déficit public et la lutte contre la pandémie de Covid-19.
Invité, lundi, sur le plateau de la télévision publique, Petr Fiala s’est expliqué sur les grands défis qui attendent son gouvernement :
« Les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont très sérieux. Cela fait longtemps que la République tchèque ne s’était pas trouvée dans une situation aussi compliquée. Le Covid, la flambée des prix de l’énergie, l’inflation : voilà les principaux problèmes dont nous devons nous occuper immédiatement. »
La coalition de cinq partis, qui se présente comme de droite, conservatrice et libérale, s’est déjà réparti les postes au sein du gouvernement.
Son objectif majeur sera de stabiliser les finances publiques, dont la gestion par le gouvernement sortant du Premier ministre Andrej Babiš a été critiquée par les partis en question, jusqu’ici dans l’opposition.
Ils se sont engagés à réduire le déficit public qui a bondi en raison de la pandémie et de le ramener en dessous de 300 milliards de couronnes (12 milliards d’euros), alors que pour cette année, un déficit de 500 milliards de couronnes (près de 20 milliards d’euros) est prévu. Le potentiel futur ministre des Finances, Zbyněk Stanjura de l’ODS, devra donc faire des économies, sans pour autant recourir à l’augmentation des impôts comme il a été affirmé pendant la campagne électorale.
Interrogé par la Radio tchèque, le politologue Patrik Eichler a dit à ce propos :
« La réforme du système fiscal menée par le gouvernement sortant, et en particulier la suppression du revenu ‘superbrut’, ont affaibli le budget de l’Etat. La coalition gouvernementale qui est en train de se former évoque dans cette première version de son programme de nombreux investissements, dans le secteur de la défense par exemple. Parallèlement, le ministère des Finances et la Banque nationale annoncent la montée de l’inflation, tandis que le futur gouvernement ne prévoit pas d’augmenter les salaires des fonctionnaires l’année prochaine. Le nouveau cabinet devra alors dire clairement comment entend-il faire des économies et qui devra les payer. »
La nouvelle coalition gouvernementale s’engage à mener une politique étrangère clairement orientée vers la coopération au sein de l’UE et de l’OTAN, et ce malgré les tendances parfois eurosceptiques du parti ODS du futur Premier ministre. Si l’adoption de l’euro n’est pas à l’ordre du jour, il met en revanche l’accent sur « le partenariat stable avec les pays démocratiques partout dans le monde et la protection des droits de l’Homme », en renouant « avec la politique de l’ancien président Václav Havel ».
La coalition veut également se concentrer sur la prochaine présidence tchèque du Conseil de l’UE, ou encore « revoir » les relations avec la Chine et la Russie, tout cela sous la houlette d’un nouveau chef de la diplomatie issu a priori du Parti pirate.
La réforme des retraites, la numérisation de l’administration publique, la lutte contre le réchauffement climatique et la cybercriminalité ou encore le soutien à l’éducation figurent également parmi les priorités de la future coalition gouvernementale.
Bien que la gestion de la crise sanitaire ne soit pas explicitement mentionnée dans son programme, elle sera, sans surprise, l’un des premiers défis de Petr Fiala et de con cabinet. On l’écoute :
« La première chose que devra faire le nouveau ministre de la Santé sera de persuader les Tchèques, notamment les groupes à risque, de se faire vacciner contre le Covid. Il faut s’adresser directement aux gens et cet appel doit passer par les compagnies d’assurance et les médecins généralistes. (…) Pour moi, les restrictions sont vraiment la dernière solution et nous essayerons de les éviter. La vaccination, le traçage, les mesures locales et les tests PCR qui ne sont malheureusement par suffisamment appliqués et restent parfois inaccessibles : voilà les principaux outils sur lesquels il faut s'appuyer. Je pense qu’en utilisant efficacement ces moyens, nous pourrons réussir. »
La nomination officielle du gouvernement de Petr Fiala devra être entérinée par le chef de l’Etat, qui reste toujours hospitalisé mais qui est sorti des soins intensifs.