Presse : l’épidémie de covid pendant la transition politique à Prague

Petr Fiala

A la une de cette nouvelle revue de la presse de la semaine : les attentes liées à la nomination d’un nouveau gouvernement et l’aggravation de la crise épidémique. Le magazine s’intéresse ensuite, en rapport notamment avec la loi anti-avortement en vigueur en Pologne, aux possibilités dont disposent les citoyennes étrangères qui souhaitent subir en Tchéquie une interruption volontaire de grossesse. La perspective de la création d’un grand parti démocratique tchèque est le dernier sujet traité.

Dès son investiture au poste de Premier ministre, Petr Fiala devrait s’inspirer d’un des premiers discours présidentiels de Václav Havel dans lequel il a dit : « Notre pays ne fleurit pas ». C’est une recommandation formulée dans une note publiée dans le journal en ligne Forum 24 qui souligne qu’également « le nouveau chef de gouvernement devra dire aux gens une vérité impitoyable » :

« Il aura à inviter l’ensemble des citoyens du pays à surmonter une période particulièrement pénible. Communiquer et assumer les décisions est bien sûr beaucoup plus difficile que quand il s’agit de bonnes nouvelles. Toutefois, il faut dire à tout le monde que le temps du bien-être et de l’endettement est fini et que l’on a devant nous une période qui va demander des sacrifices, de l’envergure, de la modestie et de l’humilité. Une façon de surmonter l’héritage du gouvernement sortant ainsi que les influences négatives extérieures. »

La compétence, l’audace et la patience. Autant de qualités, selon l’éditorialiste de Forum 24, dont le nouveau cabinet devra être doté pour acquérir et pour maintenir la confiance de la population. Une lourde mission pour Petr Fiala vu son adversaire de taille, le Premier ministre sortant Andrej Babiš en tant que leader de l’opposition, vu aussi les tensions permanentes à attendre au sein de la coalition gouvernementale composée de cinq partis différents. « Le tout au moment où le cumul des crises dont nous sommes les témoins n’a pas de précédent et où l’on peine à trouver des solutions pour chaque situation », souligne-t-il.

L’épidémie de covid sous ses différents aspects

« Ce n’est pas uniquement une épidémie des non-vaccinés. C’est aussi une épidémie de l’incapacité de collaborer et de celle des décideurs de diriger », constate un texte publié sur le site Seznam Zprávy. Son auteur explique :

Photo: René Volfík,  iROZHLAS.cz

« La Tchéquie est en train de vivre un sale ‘déjà vu’. Comme auparavant, les politiciens se taquinent sur les réseaux sociaux au lieu de prendre des démarches législatives nécessaires. Mais outre les manquements d’ordre législatif, le virus a cette fois-ci touché un autre point faible mettant en relief le vide qui existe entre le gouvernement sortant et l’opposition qui n’arrivent pas à s’entendre sur quoi que ce soit. Pourtant, un éventuel consensus des deux camps opposés sur des mesures impopulaires pourrait augmenter la cote fragilisée de l’Etat et de ses institutions aux yeux de l’opinion publique. Il suffirait de faire quelques gestes symboliques pour montrer que la lutte contre le covid est une affaire urgente et non partisane. Toute collaboration est pourtant absente. »

Une chroniqueuse du quotidien Lidové noviny se dit pour sa part choquée par le peu d’appréciation que les gens ont à l’égard des médecins et des travailleurs de la santé. « Ils prennent les soins de haute qualité qui leur sont prodigués comme une évidence », écrit-elle avant de poursuivre :

« Les gens sont habitués à critiquer la santé publique sans tenir compte de son niveau élevé et de ce que la Tchéquie peut se targuer de beaucoup de disciplines d’excellence. Or, c’est aux médecins qui décrivent la situation de covid comme particulièrement grave, qui plaident pour un confinement et pour la vaccination obligatoire qu’il faut prêter l’oreille. Ce n’est pas le populisme du gouvernement sortant ou du nouveau cabinet de coalition qui pourra nous protéger du virus ».

Le site aktualne.cz évoque en rapport avec un nouveau durcissement des mesures de restriction le danger de la radicalisation de la société :

« Depuis quelques semaines, les conflits dans des restaurants ou dans des services en lien avec des contrôles devenus plus rigoureux ou encore des protestations contre les mesures anti-épidémiques se multiplient. La plus grande d’entre elles s’est déroulée à Prague à l’occasion de la fête nationale du 17 novembre. La vaccination et le port du masque sont les sujets qui touchent directement la vie de toute personne et qui représentent alors un terrain propice pour la radicalisation d’une partie de la population ».

De l’avis des experts interrogés par le site aktualne.cz, cette radicalisation n’a pas encore atteint le point qui puisse susciter de sérieuses craintes. La vigilance est pourtant, selon eux, de rigueur. D’autant plus, que l’Etat ne dispose d’aucune stratégie pour y faire face.

Les interruptions de grossesse en Tchéquie pour des citoyennes étrangères?

« Les interruptions volontaires de grossesse accordées aux  femmes polonaises correspondent à la législation tchèque. » Tel est le titre d’un article publié dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt. Son auteure se penche sur le débat juridique qui cherche une réponse à la question de savoir si les citoyennes étrangères ont le droit de subir en Tchéquie un avortement. Elle a à ce sujet précisé :

Photo illustrative: Sofia Alejandra,  Pexels

« Ce débat est d’actualité depuis la fin janvier où l’on a vu entrer en vigueur en Pologne la loi anti-avortement. Dès lors, la Tchéquie a offert aux femmes polonaises nécessiteuses son aide. Cette volonté se heurte cependant à l’ambiguïté des lois locales s’y rapportant. Sur la base de celle de 1986, seules les ressortissantes étrangères détentrices d’un permis de résidence sur le territoire tchèque y seraient autorisées. Cette interprétation est soutenue par la Chambre tchèque des médecins, tandis que le Ministère de la Santé et les experts en droit sanitaire et européen considèrent cette disposition comme archaïque. Faisant part du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, ils constatent que l’appartenance à l’Union et les règles européennes garantissent aux Polonaises et aux autres personnes les mêmes droits en matière de l’avortement qu’aux femmes tchèques ».

Cette dernière approche est défendue aussi par le médiateur public Stanislav Křeček. Cité dans Respekt, il plaide cependant pour une modification de la loi existante sur l’interruption volontaire de grossesse, afin de dissiper ses ambiguïtés.

La perspective incertaine de la création d’un grand parti démocratique

« Il est grand temps de voir naître en Tchéquie un grand parti démocratique » : un avis exprimé dans une note publiée dans le quotidien économique Hospodářské noviny de ce mardi, au lendemain de la tenue du congrès du parti TOP09, membre de la prochaine coalition gouvernementale. Son auteur argumente :

Photo illustrative: Gerd Altmann,  Pixabay,  CC0 1.0 DEED

« Les tentatives de fiançailles entre les quatre partis de droite et de centre-droit qui forment, outre le Parti pirate, la prochaine coalition gouvernementale, sont jusqu’ici prudentes. Mais vu dans une plus longue perspective, la création d’un parti démocratique fort se présente comme souhaitable. Historiquement parlant, ces quatre partis sont interconnectés, tant en ce qui concerne la fluctuation précédente  de certains de leurs membres que par la proximité marquante de leurs programmes. Force est de constater que la seule chose qui empêche la naissance d’une forte formation de centre-droit qui serait à même de gagner régulièrement les élections législatives, ce sont les ressentiments historiques et les ambitions individuelles. »

« Une telle intégration permettrait de rendre plus transparente la scène politique en Tchéquie », explique encore le journaliste :

« Ainsi, on aurait la coalition Spolu (Ensemble) pour les démocrates de droite d’un certain âge, le Parti pirate pour les jeunes démocrates orientés plus à gauche, le mouvement ANO pour les partisans des tendances autoritaires et le parti nationaliste SPD pour les extrémistes. Juste ce qu’il faut pour un pays qui compte comme la Tchéquie environ dix millions d’habitants. »