Foot – Coupe du monde : pour les Tchèques, aux Diables les complexes

Tchéquie - Belgique, photo: ČTK/Vít Šimánek

La République tchèque et la Belgique ne sont pas parvenues à se départager et se sont quittées sur un résultat nul (1-1), samedi soir, à Prague, lors de leur duel comptant pour la deuxième journée des qualifications à la Coupe du monde de football 2022. Au-delà du résultat, qui préserve toutes leurs chances avant un déplacement au pays de Galles ce mardi, la satisfaction pour les Tchèques relève du contenu de leur prestation contre une des meilleures équipes actuelles au monde. Confirmant les progrès observés depuis quelque temps, la Reprezentace a ainsi laissé ses supporters sur une excellente impression.

C’est partagés entre deux sentiments que les Tchèques ont quitté la pelouse du stade d’Eden, samedi soir, au terme d’un match intense de bout en bout, indécis et, souvent, d’un très bon niveau. Partagés entre la satisfaction d’avoir tenu la dragée haute, et parfois même mieux encore que cela, à la première nation au classement de la FIFA, et la frustration, au décompte des occasions de but, nombreuses, de n’avoir finalement pas arraché la victoire.

Parce que si le résultat final et le partage des points peuvent dans l’ensemble être considérés comme logiques, entre deux formations qui ont chacune eu leurs temps forts, s’il fallait malgré tout désigner une équipe qui aurait mérité de l’emporter un peu plus que l’autre, ce serait assurément la République tchèque. C’est d’ailleurs ce qu’admettait le gardien Tomáš Vaclík, auteur d’une manchette exceptionnelle décisive en première mi-temps pour repousser une frappe puissante de Leander Dendoncker, quand le 0-0 brillait encore au tableau d’affichage :

Tomáš Vaclík,  photo: ČTK/Vít Šimánek

« Nous n’avons pas perdu contre la Belgique et cela reste positif. Si quelqu’un nous avait dit avant le match que nous prendrions un point, nous aurions signé des deux mains. Mais la vérité est que nous sommes un peu déçus, notamment au vu de la fin du match. La tête de Tomáš Souček a été sauvée sur la ligne à la dernière minute et, avant cela, nous avons eu d’autres occasions pour marquer un deuxième but. Alors, oui, un nul contre la Belgique est un bon résultat, mais on ressort quand même de ce match avec le sentiment qu’il n’a pas manqué grand-chose pour que ce résultat soit encore meilleur. »

A l’exception de la possession de balle, domaine du jeu dans lequel les Belges, supérieurs techniquement, ont dominé (59 %), ce sont d’ailleurs les Tchèques qui figuraient en tête de toutes les autres statistiques à l’issue des quatre-vingt-dix minutes.

Romelu Lukaku  (à droite),  photo: ČTK/Vít Šimánek

Dans la foulée de l’égalisation par Romeo Lukaku à l’heure de jeu, qui faisait suite à l’ouverture du score, dix minutes plus tôt, par le milieu Lukás Provod d’une frappe limpide de l’extérieur de la surface, Kevin de Bruyne a certes vu une de ses frappes s’écraser sur le poteau du but tchèque, alors qu'elle aurait pu donner l’avantage à son équipe. Mais une tentative de l’attaquant Michal Krmenčík en première mi-temps  et une autre du défenseur Jan Bořil en fin de match ont elles aussi échoué sur les montants de la cage de Thibault Courtois.

Preuve donc que les hommes de Jaroslav Šilhavý, parfaitement organisés et jamais avares de leurs efforts dans le pressing, ont indéniablement fait mieux que bien défendre et que de faire preuve de vaillance, comme s'en félicitait le sélectionneur :

« Nous avons eu plus d’occasions que lors de notre victoire contre l’Angleterre, qui était un peu notre match référence, et je pense pouvoir dire que nous avons eu plus d’occasions aujourd’hui aussi que notre adversaire. Je suis donc satisfait de ce que j'ai vu, aussi parce que c’est un match qui a dû plaire au public. On savait de toute façon qu’il nous fallait jouer pour pouvoir rivaliser avec une des meilleures équipes au monde. L’idée était de les presser haut pour les contrarier. On connaît le potentiel offensif de la Belgique, on ne pouvait pas se permettre de les attendre dans notre camp, car nous aurions fini par craquer. La Belgique a de meilleures individualités, leur talent nous a d’ailleurs parfois fait souffrir, mais nous avons de notre côté livré un vrai match d’équipe et, au final, nous aurions pu arracher la victoire. »

Au-delà du résultat, le contenu de cet affrontement contre les médaillés de bronze de la dernière Coupe du monde, a permis de mesurer toute l’étendue des progrès réalisés par les Tchèques ces deux dernières années.

Tchéquie - Belgique,  photo: ČTK/Vít Šimánek

Et si la Belgique déplorait pour ce déplacement à Prague beaucoup d’absents pour diverses raisons, c’était aussi le cas de la Reprezentace, privée de son capitaine habituel Vladimír Darida, de son milieu défensif Alex Král ou encore de son attaquant Patrik Schick.

Une liste à laquelle on pourrait ajouter le jeune prodige du Sparta Adam Hložek, tout juste remis d’une longue blessure mais dont il ne fait guère de doutes, s’il revient au niveau qui était le sien en début de saison, qu’il figurera sur la liste des joueurs sélectionnés pour la phase finale du championnat d’Europe en juin prochain.

Au coup de sifflet final, le sélectionneur des Diables rouges, Roberto Martinez, a d’ailleurs très subtilement reconnu la valeur d’une République tchèque qui, selon lui, possède le potentiel pour se qualifier pour la Coupe du monde :

Roberto Martinez,  photo: ČTK/Vít Šimánek

« Le sentiment est que n’avons pas évolué à notre niveau habituel, nous n’avons pas pu produire notre jeu. Du coup, nous n'avons pas contrôlé le match comme nous savons le faire en général. Contre une belle équipe, nous avons été contraints de montrer une autre face de notre jeu, bien défendre. La République tchèque était un adversaire très costaud, très bon dans les transitions, c’était un bon test pour nous avant l’Euro. Je regrette que nous ayons perdu beaucoup de ballons faciles, mais je note aussi que nous avons quelques opportunités de marquer en deuxième mi-temps, et c’est pourquoi le résultat nul me semble équitable. »

Côté tchèque encore, cette performance contre une équipe de Belgique qui a porté à Prague à trente-six matchs son invincibilité en qualifications à l’Euro et au Mondial, est aussi prometteuse dans l’optique de ce championnat d’Europe dans moins de trois mois, où la Reprezentace figurera dans le même groupe que l’Ecosse, l’Angleterre et la Croatie. Pour Tomáš Vaclík, il convient de poursuivre sur la lancée de ces derniers mois :

« Il faut rester les pieds sur terre, mais depuis que nous travaillons sous les ordres de Jaroslav Šilhavý, les choses se sont mises en place. Tout n’est pas parfait, nous avons parfois été très critiqués, comme après la défaite au Kosovo, mais j’ai toujours dit que je pensais que cette équipe avait du potentiel. Je suis convaincu que ce que nous avons montré ce soir n’est pas notre maximum. De plus en plus de joueurs évoluent dans de bons championnats étrangers et ceux du Slavia prouvent régulièrement en coupes d’Europe qu’ils possèdent le niveau international. Je suis donc content de ne pas m’être trompé,  mais je suis aussi convaincu que cette équipe a encore une belle marge de progression. »

Après deux matchs, les deux équipes disposent du même nombre de points en tête du classement d’un groupe E dans lequel figurent également le pays de Galles, la Biélorussie et l’Estonie. La République tchèque, qui se déplace à Cardiff ce mardi, occupe toutefois la première place grâce à une meilleure différence de buts, après sa large victoire contre l’Estonie (6-2), mercredi dernier.