Foot – Euro 2016 : la fête ratée
Déjà assurée depuis septembre dernier de participer à la phase finale du championnat d’Europe 2016, l’équipe de République tchèque de football a été battue par la Turquie (0-2), samedi soir à Prague, pour son avant-dernier match de groupe comptant pour la phase éliminatoire. Mais au-delà même du résultat, qui a permis à son adversaire de conserver sa troisième place de barragiste dans le groupe A aux dépens de Pays-Bas virtuellement éliminés, la Reprezentace, avec un onze de départ très remanié dans lequel plusieurs joueurs avaient l’opportunité de montrer qu’ils méritaient d’être du voyage en France en juin prochain, a surtout déçu par la faible qualité de sa prestation.
Battu sur deux des trois frappes cadrées turques de la rencontre sans que quoi que ce soit puisse lui être reproché, Tomáš Vaclík a assisté, impuissant depuis sa cage, aux vains efforts de ses partenaires de champ pour produire ne serait-ce qu’un semblant de jeu vers l’avant. Pour tout dire, on s’est ennuyé ferme, et même très ferme, pendant au moins une heure.
En tout et pour tout, les Tchèques ne sont parvenus à se créer qu’une occasion et demie ; une première d’abord en fin de première mi-temps lorsque Josef Šural, seul entre le point de penalty et les six mètres à la reprise d’un centre de Pavel Kadeřábek, a prouvé qu’il était tout sauf un buteur, puis une seconde au retour des vestiaires avec une frappe trop enlevée de Borek Dočkal à l’entrée de la surface qui n’aurait pas dépareillé à la Coupe du monde de rugby. Bref, trêve d’ironie facile depuis les tribunes, les supporters tchèques n’ont vraiment pas eu grand-chose à se mettre sous la dent, comme en convenait un Pavel Vrba sans concession pour ses protégés :« Nous n’avons pas su nous montrer suffisamment dangereux en phase offensive. Il y a eu peut-être deux situations sur tout le match où nous aurions pu marquer. C’est beaucoup trop peu dans un match comme celui-ci. Individuellement et techniquement, les joueurs offensifs de la Turquie ont été meilleurs que les nôtres. Il ne faut pas chercher beaucoup plus loin les explications de cette défaite. Je dois dire que j’en attendais un peu plus de certains joueurs, notamment dans le jeu vers l’avant. Nous ne sommes jamais parvenus à mettre ou à trouver nos attaquants dans de bonnes conditions. Bien sûr, le penalty a donné des ailes aux Turcs, qui auparavant ne s’étaient pas montrés spécialement dangereux devant notre but. Ensuite, nous avons été contraints de nous découvrir et les Turcs ont profité des espaces pour inscrire le deuxième but. Nous sommes déçus ce soir, même si cette contre-performance a le mérite de nous replonger dans la réalité. Il faut donc continuer à travailler tout en n’oubliant pas non plus que nous n’avons pas volé notre qualification, qui reste un grand succès pour notre football. » Le sélectionneur a raison. Aussi frustrante soit-elle, cette défaite contre la Turquie, la deuxième en neuf matchs éliminatoires après celle en Islande en juin dernier, ne constitue pas une raison pour jeter tout le travail réalisé jusque-là. Si la République tchèque a pu se permettre d’être hors sujet samedi, c’est parce qu’elle avait déjà assuré sa qualification bien avant tout le monde dans un groupe où cela était pourtant loin d’être une évidence il y a encore un an seulement de cela.En l’absence pour différents motifs de plusieurs titulaires habituels, Pavel Vrba avait conçu cette réception de la Turquie certainement pas comme un rendez-vous sans enjeu, mais comme un premier match de préparation dans l’optique de la phase finale de l’Euro, dont le tirage au sort sera effectué en décembre prochain. Au terme de ces quatre-vingt-dix minutes, forcé toutefois a-t-il été de reconnaître qu’il ne disposait que d’un réservoir de joueurs relativement limité, en nombre comme en qualité.
Surtout, si elle entend avoir son mot à dire en France, la Reprezentace doit pouvoir compter sur les services d’un Tomáš Rosický certes plus souvent sur le flanc et à l’infirmerie que sur le terrain ces dernières saisons, mais néanmoins toujours aussi indispensable. On le sait depuis belle lurette mais on en a encore eu la confirmation criante samedi contre un adversaire du calibre de la Turquie : privée de son meneur de jeu, la République tchèque, sans inspiration au milieu de terrain et dans l’animation, a décidément bien du mal à exister. Ceci dit, si le déplacement aux Pays-Bas ce mardi peut nous faire mentir, on ne demande pas mieux...