Foot – Euro : déjà presque qualifiés, les Tchèques défient l’Angleterre sans complexe
En décrochant quatre points lors de ses deux premiers matchs contre l’Ecosse (2-0) et la Croatie (1-1), l’équipe de République tchèque de football a fait un grand pas vers la qualification pour les huitièmes de finale du championnat d’Europe. Ce mardi, pour son troisième et dernier match de groupe, la Reprezentace défiera l’Angleterre à Wembley avec la première place pour enjeu. Et peut-être, déjà, son huitième de finale dans un coin de la tête.
Depuis Prague, où ils ont finalement établi leur camp de base pour la durée du tournoi, les joueurs de la sélection tchèque se sont envolés pour Londres, ce lundi matin, en ayant à l’esprit qu’un nouveau résultat nul leur suffirait pour terminer à la première place du groupe D.
Grâce à sa victoire contre l’Ecosse (2-0), lundi dernier, pour son entrée en matière, puis au résultat nul (1-1) contre la Croatie, vendredi, toujours à Glasgow, la République tchèque devance l’Angleterre grâce à une meilleure différence de buts (+2 contre +1), mais surtout trois points de plus que ses deux premiers adversaires, qui s’affronteront eux aussi ce mardi soir.
Du coup, puisque quatre points devraient suffire pour terminer, au pire, parmi les quatre meilleurs troisièmes de groupe, quelques voix se sont élevées en République tchèque pour demander si finir en tête - et donc ne pas perdre contre l’Angleterre - ne serait pas un mauvais calcul. En effet, le premier du groupe D affrontera le deuxième du groupe F en huitièmes de finale, soit donc très probablement – sauf en cas de nouvel exploit de la Hongrie - l’Allemagne, la France ou le Portugal. En revanche, s’ils terminaient deuxièmes, les Tchèques retrouveraient alors le deuxième du groupe E, dans lequel figurent l’Espagne, la Pologne, la Slovaquie et la Suède, quatre pays qui peuvent encore envisager une qualification.
Vendredi soir, au sortir du duel contre la Croatie, le sélectionneur tchèque a admis que ses joueurs avaient évoqué le sujet entre eux. Pour autant, Jaroslav Šilhavý se refusait à voir au-delà de la rencontre contre l’Angleterre qui se profile à l’horizon :
« J’avoue que j’ai entendu ces considérations dans le vestiaire, s’il vaut mieux finir à la première ou à la deuxième place… Moi, ce que je vois surtout, c’est que nous ne sommes pas encore qualifiés. Faisons donc d’abord en sorte d’avoir cette garantie, quel que soit le classement. Ce sera déjà une grande satisfaction et le premier objectif que nous nous sommes fixés avant le début du tournoi aura alors été atteint. Bien sûr qu’il peut y avoir des calculs dans l’optique de la suite du tournoi, mais nous jouerons pour obtenir le meilleur résultat et l’idéal serait d’avoir la certitude que nous sommes qualifiés avant le match contre l’Angleterre. »
En fonction des résultats des quatre matchs figurant au programme de ce lundi, la République tchèque pourrait effectivement obtenir cette certitude avant même de fouler la pelouse de Wembley. Mais comme le notait aussi l’attaquant Patrik Schick vendredi à la sortie de l’Hampden Park, la confrontation avec la Croatie a une nouvelle fois démontré que la Reprezentace, même si elle traverse parfois d’importants trous d’air, dispose du potentiel pour se mesurer crânement à n’importe quelle autre sélection :
« Avant ce match déjà, on savait qu’on était capables de rivaliser avec les meilleures équipes. On l’avait déjà montré lors des éliminatoires à la maison contre l’Angleterre, que nous avions battue, ou plus récemment contre la Belgique, que nous avons bien bougée aussi. On a confirmé tout ça aujourd’hui encore contre la Croatie, avec laquelle on a fait au moins jeu égal. On sait qu’on a les moyens pour gêner ce type d’équipes. »
Contre l’Ecosse, pour son entrée en matière dans la compétition, la République tchèque a gagné à la fois en faisant preuve d’abord d’un grand réalisme et en profitant du talent de son gardien et de son avant-centre. Mais contre la Croatie de Luka Modrić, elle a livré, même sans vaincre, une copie autrement plus satisfaisante, en tous les cas plus conforme aux attentes que cette équipe suscite. Dominateurs en première période, face il est vrai à un adversaire bien loin des standards de jeu qui l’avaient emmené jusqu’en finale de la Coupe du monde il y a trois ans, les hommes de Jaroslav Šilhavý ont somme toute logiquement ouvert le score à la 37e minute, suite à un penalty discutable transformé par Patrik Schick. Et si une frappe croisée puissante d’Ivan Perišić a permis à la Croatie de recoller au score dès l’entame de la deuxième mi-temps, et ainsi donc de préserver ses chances de qualification, les Tchèques, solides sur leurs bases, ont alors étalé une certaine maîtrise, comme s’en satisfaisait leur entraîneur :
« Ce n’était bien évidemment pas une bonne chose pour l’équipe d’encaisser si vite au retour des vestiaires, on aurait alors pu penser que la Croatie allait pousser et nous mettre davantage sous pression après cette égalisation. Finalement, même si elle s’est procuré quelques occasions, la Croatie n’a pas été extrêmement dangereuse. Et plus la fin du match approchait, plus j’ai eu le sentiment que la priorité pour elle était de ne pas encaisser de deuxième but et de ne pas perdre plutôt que de prendre des risques pour essayer de l’emporter. Au bout du compte, ce résultat nul fait les affaires des deux équipes. »
Enfin, surtout de la République tchèque, qui peut aborder son dernier match avec moins de pression sur les épaules. Et comme en est conscient le milieu de terrain défensif Tomáš Souček, qui a été un des meilleurs à son poste en Premier League cette saison avec West Ham, tant le résultat que le contenu de cet affrontement contre un des favoris de cet Euro, doivent aussi servir à livrer davantage d’enseignements sur les possibles ambitions tchèques plus avant dans la compétition :
« Je suis impatient de disputer ce match qui sera bien sûr un peu spécial pour moi. Je sais que les supporters et les médias anglais suivront attentivement ma performance et celle de Vladimír (Coufal). Je pense que les Anglais nous prennent très au sérieux, ne serait-ce que parce que nous avons gagné le dernier match que nous avons disputé contre eux à Prague, où ils nous avaient peut-être un peu sous-estimés. Et puis ils sont dans la même position que nous au classement. Eux aussi ont donc besoin d’assurer leur qualification et j’ai eu quelques infos selon lesquelles ils se préparent très sérieusement et nous considèrent comme une grande équipe. »
Une « grande » République tchèque contre laquelle l’Angleterre cherchera à se requinquer devant son public après sa piètre copie rendue contre l’Ecosse vendredi (0-0). A moins qu’elle aussi préfère les calculs au jeu pour éviter d’autres équipes encore plus grandes en huitièmes de finale…