Football tchèque : l’entraîneur du Dukla Prague suspendu huit mois pour une injure raciste
Entraîneur du Dukla Prague et ancien sélectionneur de la République tchèque, Petr Rada a été suspendu huit mois de toutes fonctions officielles par la Ligue du football professionnel tchèque pour avoir lancé une injure à caractère raciste lors d’un match du championnat de deuxième division. Une sanction record et une première dans le football tchèque.
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Cris de singe depuis les tribunes dont se sont plaints, parmi d’autres, l’ancien attaquant français du Viktoria Plzeň Jean-David Beauguel, Romeo Lukaku avec l’Inter Milan ou encore Aurélien Tchouaméni avec l’AS Monaco lors de matchs de Ligue des champions contre le Slavia et le Sparta Prague. Stade du Sparta dans lequel certaines rencontres de coupes d'Europe se sont d'ailleurs déroulées à huis clos précisément pour cette raison... Longtemps, sans remonter jusqu’aux lancers de bananes du début des années 2000, époque où les premiers joueurs africains et sud-américains sont arrivés dans le championnat tchèque, le racisme a été un problème dans les stades de football en Tchéquie. Longtemps aussi, malgré les beaux discours, et comme dans d’autres pays d’Europe centrale et de l’Est concernés par le sujet, les instances tchèques ont fait preuve d’immobilisme.
Ces dernières années, et il faut le souligner, la situation s’est toutefois nettement améliorée. Et ce, entre autres raisons parce que les joueurs étrangers, et notamment africains, sont désormais beaucoup plus nombreux à fouler régulièrement les pelouses du pays. Rares sont désormais les clubs, ne serait-ce qu’en Fortuna Liga, le championnat d’élite du football tchèque, à ne pas posséder au moins un joueur de couleur dans leur effectif. Joueurs, entraîneurs, dirigeants et supporters tchèques se sont ainsi progressivement habitués à leur présence.
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L’affaire qui concerne l’entraîneur du Dukla Prague rappelle néanmoins aussi que même s’il y a indéniablement du mieux, des choses restent encore à accomplir pour continuer à faire évoluer les mentalités.
C’est probablement dans cette volonté que s’inscrit la lourde sanction prononcée contre Petr Rada, jeudi dernier, par la commission de discipline de la ligue de football professionnel (« Ligová fotbalová asociace »), une organisation qui assure la gestion des deux championnats professionnels en Tchéquie.
Accusé d’avoir traité son homologue du Zbrojovka Brno de « pauvre Tsigane » (« zoufalče cikánskej », en tchèque) lors d’un match du championnat de deuxième division disputé à Prague au début du mois de mars, Petr Rada a écopé d’une suspension de huit mois de banc de touche et de toutes fonctions officielles. Une sanction sans précédent, d’une durée record, assortie d’une amende de 80 000 couronnes (3 265 euros).
« Nous pensons que de telles déclarations, quel que soit leur auteur, n’ont pas leur place dans une compétition de football, a fortiori professionnelle. Rien ne peut les excuser, pas même un niveau d’émotion élevé », a expliqué le président de la commission de discipline, Richard Baček, pour justifier la sévérité de la sanction prononcée.
Ancien défenseur international tchécoslovaque de devoir (11 sélections) qui a effectué l’essentiel de sa carrière dans les années 1980 et dans la première moitié des années 1990, Petr Rada, 65 ans, est une figure du football tchèque. Avant de s'installer sur le banc du Dukla à l’été 2022 avec l’objectif de faire remonter le célèbre club pragois en première division, il avait dirigé de nombreux clubs de l’élite, dont les deux plus grands, le Slavia et le Sparta, mais aussi l’équipe nationale en 2008 et 2009 lors des éliminatoires à la Coupe du monde 2010.
À l’annonce de sa suspension, qu’il a dit « ne pas comprendre » considérant que ses mots n’avaient pas de connotation raciste, Petr Rada s’est contenté de déclarer qu’il entendait faire appel et que la direction du Dukla lui avait demandé de s’exprimer le moins possible sur le sujet.
Célèbre pour ses coups de sang tant sur le bord du terrain que lors des conférences de presse, Petr Rada, entraîneur apprécié de la majorité de ses joueurs, est généralement un « bon client » pour les journalistes. Mais aussi un homme qui prétend être de « la vieille école » et qui maîtrise parfois mal ses émotions et ses propos.
En début de saison, après un match de championnat perdu contre Vyškov, une équipe composée majoritairement de joueurs étrangers de couleur, il avait ainsi déclaré en conférence de presse que son adversaire était un club qu’il n’aimerait pas entraîner et que le Dukla venait de disputer une rencontre internationale « avec onze Tchèques qui ont joué contre l’Afrique ». Et même s’il avait précisé qu’il « plaisantait » et ajouté qu’il n’avait « rien contre ces garçons », ses propos avaient déjà été très remarqués.
Cette fois, l’insulte qu’il a proférée à l’encontre de son collègue de Brno, même si celle-ci peut être interprétée de différentes manières tant le mot « cikán » est couramment usité par beaucoup de Tchèques, a été la fameuse goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
Jeudi dernier, le président de la commission de discipline a ainsi insisté sur le fait que Petr Rada, soutenu dans cette affaire par les dirigeants du Dukla, leader du championnat de deuxième division et en bonne position pour retrouver l'élite la saison prochaine, venait d’être sanctionné pour la troisième fois en deux ans : la première parce qu’il avait insulté des spectateurs et la deuxième après avoir menacé un arbitre...