Grenoble expose les œuvres de Suzanne Renaud, l’enfant du pays, et de Bohuslav Reynek
Depuis le mois d’avril et jusqu’au 2 décembre, la Bibliothèque d’étude et du patrimoine de Grenoble propose une exposition intitulée « Nos rêves s’en iront par les chemins » qui présente les travaux du couple d’artistes franco-tchèque Suzanne Renaud (1889-1964) et Bohuslav Reynek (1892-1971). Marie-Françoise Bois-Delatte est commissaire de l’exposition. Elle décrypte pour Radio Prague son titre :
Vous exposez des lettres et des poèmes de Suzanne Renaud ainsi que des dessins et des gravures de Bohuslav Reynek. D’où vient ce fonds ?
« Ce fonds est constitué en grande majorité de collections appartenant à la Bibliothèque municipale de Grenoble ainsi que des collections de particuliers ou au Fonds de dotation Renaud-Reynek également. A la Bibliothèque municipale de Grenoble, nous avons eu par une chance extraordinaire l’occasion d’avoir plusieurs dons, depuis le tout premier don de 1983 de la part d’Henriette Gröll, une amie de Suzanne Renaud, et de son mari Pierre Dalloz, jusqu’à des dons qui sont rentrés dans les années 2000. Et même encore en 2015, le soir même du vernissage de l’exposition le 2 avril, nous avons eu un don de correspondances de Suzanne Renaud à sa nièce, Suzon, des correspondances qui ont été éditées très récemment par l’association Romarin, les amis de Suzanne Renaud et Bohuslav Reynek, qui s’occupe de valoriser le fonds de Suzanne Renaud et Bohuslav Reynek. »
Cela représente un fonds assez important visiblement. Est-ce que vous exposez tout ?« C’est effectivement un fonds qui est très important. Nous sommes la seule institution publique en France à avoir une telle collection. Au fil de ces différents dons, nous avons acquis plusieurs centaines de poèmes de Suzanne Renaud, soit le poème tout seul, soit plusieurs variantes d’un même poème, et des correspondances. Pour Reynek, nous avons effectivement des dessins et des gravures de différentes périodes de sa vie, peut-être pas autant pour la dernière période de sa vie, où ce sont des collectionneurs qui nous ont prêté leurs œuvres. Nous avons prévu cette exposition sur deux trimestres, la première partie allant du vernissage jusqu’au début du mois de juillet, avec une centaine d’œuvres exposées. Après une période de fermeture estivale, nous avons procédé à un roulement des œuvres pour ne pas les détériorer en les exposant trop longtemps. Nous avons changé plus de 50% des œuvres pour le trimestre allant du 1er septembre au 2 décembre. »
Cela permet aussi au public de mieux découvrir leur travail artistique. Justement, qu’est-ce que cette mise en miroir de leur travail littéraire et graphique nous apprend sur ce couple d’artistes ?
« L’exposition nous révèle pratiquement quatre décennies de la vie de ce couple qui était extrêmement attachant. Attachant notamment par des attaches dauphinoises, puisque Suzanne Renaud était originaire de la région grenobloise par sa mère, et puis elle a vécu tout près de la bibliothèque en plus ! Très attachant aussi par la vie qu’ont vécus ces deux êtres : ils ont vécu une dizaine d’années à Grenoble pendant six mois de l’année, entre leur mariage en 1926 et 1936. Après leur retour en Bohême en 1936, la vie a été plus difficile compte tenu des événements que l’on connaît. Suzanne Renaud a eu beaucoup de mal à vivre dans de telles conditions et à rester éloignée de son pays natal. »
Quel est aujourd’hui, tant d’années après, le lien des Grenoblois et des gens de la région avec cet héritage franco-tchèque ? Les gens connaissent-ils encore Suzanne Renaud et Bohuslav Reynek ?
« Malheureusement, les gens les connaissent peu et pas suffisamment. Nous avons voulu, par cette exposition, mieux les faire connaître, mieux faire connaître leur œuvre. Cette exposition, nous l’avons bien entendu dédiée à tous les collectionneurs qui ont accepté de donner à la bibliothèque leurs collections afin qu’il y ait un fonds qui en rassemble le plus possible, afin d’éviter leur dispersion. Nous l’avons dédiée aussi à Michel et Daniel Reynek (les enfants de Suzanne Renaud et Bohuslav Reynek, ndlr), décédé à la fin de l’année 2014 et qui n’auront malheureusement pas pu voir cette exposition. »