Hana Belohradska, une écrivaine qui ne s'est pas laissée briser

Hana Belohradska
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Romancière, scénariste, dramaturge, traductrice, Hana Belohradska vient de s'éteindre à l'âge de 76 ans. Elle a disparu comme elle a vécu - discrètement.

"Je voulais étudier la médecine, mais je provenais d'une famille soi-disant bourgeoise et ne pouvais pas espérer être reçue." C'est ainsi qu'Hana Belohradska parlait des choix qu'elle a eu à faire au début de sa carrière. Cette Pragoise, née en 1929, commence à étudier le droit mais finit, après un an, comme aide et plus tard laborantine dans une clinique pour enfants. C'est avec le dégel politique précédant le Printemps de Prague, dans les années 1960, qu'elle se lance dans la littérature et s'impose comme un écrivain accompli dès son premier roman ou plutôt une longue nouvelle intitulée "Sans beauté, sans col". Le roman raconte la vie des habitants d'une maison pragoise sous l'occupation et notamment l'histoire d'un vieux médecin juif tâchant de sauver un malade recherché par la Gestapo. Avec une admirable économie de moyens, Hana Belohradska réussit à évoquer dans ce livre le microcosme d'une maison et de brosser une série de portraits incisifs de ses habitants confrontés à la peur et à leur responsabilité humaine. Le livre sera porté à l'écran par le réalisateur Zdenek Brynych et sera aussi traduit en français par Marie Nagy-Tumlir sous le titre "Docteur Braun, derniers jours".

"Elle a vécu des moments difficiles, les communistes ont brisé sa vie, mais elle ne s'est pas laissée faire," dit Lucie Belohradska, fille de l'écrivaine. En effet, après le début prometteur, la carrière littéraire de Hana Belohradska, membre de la présidence du Cercle des écrivains indépendants, est suspendue par le régime instauré par les Soviétiques dans une Tchécoslovaquie occupée par les armées du Pacte de Varsovie en août 1968. Interdite de publication dans les années 1970, elle traduit un certain nombre de livres dont plusieurs paraissent sous un nom d'emprunt.

Ce n'est qu'après la chute du communisme en 1989 qu'elle revient sur la scène littéraire. Elue présidente du Fonds littéraire tchèque, membre du PEN club, elle peut finalement publier une pièce de théâtre des années 1970 sur la vie des émigrés politiques intitulée "L'Incident" ainsi que trois recueils de contes. Une sélection de ses contes est traduite aussi en français et publiée sous le titre "L'Interrogatoire et autres nouvelles". Sa voix sobre, précise et sincère manquera beaucoup à la littérature tchèque.