Hausse des salaires : les syndicats du secteur public haussent le ton

Photo : Ondřej Šponiar, Pixabay / CC0 Public Domain

Après les syndicats de l’éducation mardi, ceux de l’ensemble du secteur public se sont à leur tour déclarés en état d’alerte à la grève ce mercredi. Pour ces centrales syndicales, l’objectif est de faire valoir leurs revendications de hausses des salaires dans un contexte économique favorable. Face à ces demandes, le ministère des Finances invoque lui un devoir de rigueur budgétaire…

Photo : Ondřej Šponiar,  Pixabay / CC0 Public Domain
Une hausse de 15% des salaires des professeurs, actuellement parmi les moins bien payés en Europe, et une augmentation de 10% pour les autres salariés du public dès le mois de novembre : telles sont les requêtes formulées par les syndicats tchèques. Ces demandes sont selon eux justifiées puisque l’économie tchèque devrait enregistrer une croissance de l’ordre de 4% cette année et que le salaire moyen a connu une hausse record au second trimestre, la plus importante depuis dix ans.

Seulement, les négociations n’avancent pas. Les syndicats de professeurs ont bien organisé une action de protestation vendredi dernier, rien n’y fait et ce sont à présent quatorze organisations syndicales au total qui se disent prêtes à la grève. Président de la Confédération tchéco-morave des syndicats (ČMKOS), la plus grande centrale de République tchèque avec quelque 300 000 adhérents, Josef Středula explique :

Josef Středula,  photo : ČTK
« Nous avons entamé les négociations au mois d’avril de cette année et jusqu’à présent cela n’a pas abouti. Nous ne voulions pourtant pas que ces négociations s’éternisent jusqu’à cette période chaude que représente actuellement la campagne préélectorale pour les législatives. Mais ce n’est pas de notre faute et nous attendons désormais la réaction de la coalition gouvernementale pour parvenir à un accord. »

C’est que la coalition gouvernementale est divisée sur la suite à donner à toute cette affaire. On a vu des ministres sociaux-démocrates soutenir les revendications syndicales et même le premier d’entre eux, le chef du gouvernement Bohuslav Sobotka. Mais cela coince avec le ministre des Finances, Ivan Pilný, du mouvement ANO. Selon lui, il faut s’en tenir au projet budgétaire pour l’année 2018, qui ne comprend pas de telles hausses des salaires. Aussi les menaces des syndicats seraient inutiles :

Tomáš Zima,  photo: ČTK
« Personnellement je donne la priorité au dialogue car ce processus n’est pas terminé. Les syndicats savent bien qu’au sein de la coalition gouvernementale, le projet budgétaire va encore faire l’objet de discussions. Il me semble que cette dégradation de la situation n’est pas justifiée. »

Le mécontentement est d’abord né dans le secteur de l’éducation où l’on se plaint d’un manque criant de moyens. C’est aussi là que le mouvement de protestation pourrait être le plus marqué. Le recteur de l’Université Charles de Prague, Tomáš Zima, n’exclut d’ailleurs pas d’autres opérations de protestation :

« Le report du semestre est l’une des options possibles. On peut aussi imaginer raccourcir le semestre. Nous avons toute une série de possibilités et nous allons probablement avoir recours à plusieurs d’entre elles. »

C’est le 11 septembre que la coalition gouvernementale devrait discuter de nouveau de la hausse des salaires pour déterminer si oui ou non elle satisfera les plus de 600 000 employés du public. Si tel n’est pas le cas, le syndicaliste Josef Středula envisage d’organiser des manifestations. Il évoque un rassemblement « visible » devant le ministère des Finances.