« Haute trahison », conflit d'intérêts : des milliers de Tchèques manifestent leur mécontentement

Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées jeudi soir à Prague et dans d’autres villes du pays pour manifester contre le président de la République tchèque, Miloš Zeman, et contre le gouvernement d’Andrej Babiš. 

Photo : Martina Schneibergová,  Radio Prague International

10 000 selon la police, deux fois plus selon les organisateurs : les manifestants se sont rassemblés Place Venceslas à l’appel du collectif Un million de moments pour la démocratie, qui avait réussi en 2019 à réunir près de 300 000 personnes contre le gouvernement et le président de la République.

Le collectif a appelé à manifester jeudi en raison des deux principaux événements qui ont secoué la scène politique en ce mois d’avril et en premier lieu les révélations sur l’affaire de Vrbětice.

Photo : Martina Schneibergová,  Radio Prague International

« Les agents russes assassinent et le président se tait », pouvait-on lire dans l’appel à manifester, après les déclarations de Miloš Zeman selon lequel il manque encore des preuves pour accuser la Russie d’avoir causé l’explosion du dépôt de matériel militaire qui a fait deux victimes civiles à Vrbětice en 2014.

A la tribune est également monté le chanteur Michael Kocáb, qui a initié une pétition pour que le Sénat entame une procédure visant à juger le chef de l’Etat pour haute trahison :

Michael Kocáb | Photo : Martina Schneibergová,  Radio Prague International

« Selon nous, le président Zeman s’est de nouveau comporté comme un défenseur et un agent de la Fédération de Russie et pas du tout comme le chef de notre Etat qui doit défendre les intérêts de la République tchèque. »

Michael Kocáb, qui n’a pas exclu de se présenter à la prochaine présidentielle, reste dans l’histoire tchécoslovaque comme l’un de ceux à avoir négocié le départ des troupes soviétiques, dont le dernier convoi est parti en 1991. Sa présence était donc aussi symbolique, à un moment où Moscou est accusé d’agir illégalement dans son ancienne sphère d’influence et au-delà.

Conflit d'intérêts d'Andrej Babiš

Photo : Michaela Danelová,  ČRo

Pour les manifestants réunis à Prague, c’était aussi l’occasion de rebondir sur les conclusions du rapport d’audit européen confirmant le conflit d’intérêts du chef du gouvernement, toujours lié selon Bruxelles à la holding Agrofert qu’il a fondée puis placée dans des fonds fiduciaires.

C’était déjà l’un des sujets majeurs, en plus des affaires dont celles du "Nid de cigognes", qui avait poussé des dizaines de milliers de Tchèques dans les rues avant la pandémie. Entre temps, l’un des leaders du collectif Un million de moments pour la démocratie avait décidé de se lancer en politique et de fonder un nouveau parti, avant de jeter l’éponge il y a quelques semaines.

Photo : Martina Schneibergová,  Radio Prague International

D’autres enjeux préoccupent les manifestants venus jeudi Place Venceslas maintenant que la situation épidémiologique semble enfin s’améliorer : les menaces qui planent sur le service audiovisuel public notamment, avec de nouveaux membres du conseil de surveillance très controversés et plus récemment une proposition de loi du parti communiste, soutenue par la ministre de la Justice, qui vise à obliger les journalistes du service public à publier une déclaration de patrimoine.