Helena Trestikova, une cinéaste propulsée au ministère de la Culture

Helena Trestikova

C'est grâce à deux séries de films documentaires intitulées « Manzelske etudy » (Histoire de couples) que la cinéaste Helena Trestikova s'est imposée sur la scène culturelle tchèque. Il y a quelques jours on a proposé à cette documentariste connue le poste de ministre de la Culture et elle l'a accepté.

Pendant des années Helena Trestikova tournait, entre autres, les témoignages sur la vie de six couples mariés en 1980. Le récent succès de la suite de cette chronique haute en couleurs, « Histoires de couple vingt ans après », ont braqué les feux de l'actualité sur cette cinéaste de 57 ans qui est auteur, en outre, de quatre dizaines d'autres films documentaires. C'est sans doute son engagement dans le Conseil du cinéma tchèque, dont elle est devenue porte-parole, qui a préludé au rôle politique qu'on lui propose aujourd'hui.

« J'ai été prise au dépourvu, parce que je ne m'attendais évidemment pas à une telle proposition. Puis je me suis dit que c'était une chance. Ces derniers temps je m'exprime publiquement sur différents problèmes de la culture. Je me suis dit que si une chance de changer ou d'améliorer éventuellement quelque chose se présentait, je ne devrais pas hésiter. »

Helena Trestikova accepte son nouveau poste sans illusions. Elle se rend compte que le cabinet dans lequel elle doit siéger ne jouit pas pour le moment de l'appui nécessaire de la Chambre des députés et que l'existence de ce gouvernement du centre droit risque donc d'être éphémère. Elle considère le poste qu'on lui propose comme un défi, comme une expérience passionnante, mais elle n'en reste pas moins cinéaste qui peut toujours revenir à son métier. Bien que sa candidature soit présentée par le Parti chrétien-démocrate (KDU-CSL), Helena Trestikova est sans parti et entend le rester. Elle ne prétend pas connaître l'ensemble de la problématique du ministère de la Culture mais elle espère que les fonctionnaires de cette institution l'aideront à s'orienter dans les dossiers qui l'attendent. En premier lieu, elle doit aborder la situation au Théâtre national, marquée par la grogne d'une partie de ses membres. Ceux-ci protestent contre les activités du directeur intérimaire du théâtre qui leur a été imposé par le ministre de la Culture sortant.

« Pour le moment je m'oriente dans cette affaire seulement comme lecteur de journaux et auditeur de radio. Aujourd'hui je dois rencontrer le vice-ministre de la Culture pour connaître le point de vue de l'autre partie. Pour l'instant je ne suis qu'un observateur indépendant et tout cela m'apparaît comme un problème de communication. La communication est bloquée. J'espère fort qu'on trouvera une issue, parce que de telles tensions nuisent beaucoup à la création artistique qui est l'essence même de l'existence d'un théâtre.»

La problématique que la future ministre connaît bien est celle du cinéma, secteur qui souffre, d'après elle, de sous-financement. Elle n'ose pourtant pas dire pour le moment que ce soit le problème le plus urgent de la culture tchèque. Les premiers jours dans la nouvelle fonction, elle les passera en établissant une certaine hiérarchie des affaires à régler d'après leur importance. Elle souligne qu'elle aborde son nouveau poste avec humilité. Elle veut vivre cette expérience même si son nouvel engagement n'est que d'une courte durée, et n'exclut pas d'en tirer un jour ... un film documentaire.