Hockey : les ors des palets de la République tchèque !
14 ans après leur dernier titre, les Tchèques sont de nouveau champions du monde de hockey sur glace après leur victoire 2-0 contre la Suisse dimanche soir à Prague.
La soirée s’est terminée très tard et certains supporters n’avaient pas encore fini de célébrer ce lundi matin : « Mistři, mistři! » (« Champions, champions !» en français), à pleins poumons et parfois la voix très éraillée - un cri de ralliement pour une bonne partie de la nation, qui, à en croire les chiffres de l’audimat, a regardé en masse cette finale remportée contre la Suisse au terme d’un match équilibré et haletant.
Pasta ! Pasta !
David Pastrňák restera le joueur de cette finale. En brisant la glace dans le troisième tiers-temps, c’est lui qui donne l’avantage aux Tchèques. Surnommé Pasta ici - et outre-Atlantique où le nom de la vedette des Boston Bruins est difficile à prononcer pour les supporters américains-, le numéro 88 a attendu la finale pour briller et marquer d’un magnifique lancer qui a surpris le gardien suisse jusque-là infranchissable.
David Pastrňák : « Je ne pensais pas célébrer un jour un but en terminant à genoux sur la glace, mais ça s’est fait comme ça et ça montre bien comme c’était important. Il faut qu’on profite de ce moment, on ne peut pas savoir quand on décrochera l’or à nouveau, ça faisait longtemps. Je suis très fier des gars, ils ont tout fait pour que ‘Zachyč’ et moi soyons vite intégrés dans cette équipe. »
‘Zachyč’, surnom de Pavel Zacha, lui aussi arrivé à Prague le 20 mai seulement, une fois libéré avec Pasta de ses obligations chez les Bruins de Boston, l’un des clubs de NHL où évoluent certains des meilleurs joueurs tchèques, comme Martin Nečas aussi, autorisé à faire le voyage par son coach Rod Brind’Amour (trop beau patronyme pour ne pas être mentionné ici) après la défaite des Carolina Hurricanes dans la course à la Stanley Cup.
Même le plexiglas ne resiste pas
Même avec un brin d’amour, le hockey n’est pas un sport de tendres – en témoigne la dentition version piano du capitaine tchèque Roman Červenka. Après Jakub Krejčík, qui a joué malgré un nez cassé par le palet en demi-finale, Ondřej Kaše a dû faire une pause après en avoir pris un de plein fouet dans l’entrejambe pendant la finale.
Le robuste défenseur Radko Gudas (aka le boucher) n’a une nouvelle fois pas hésité dans les duels, faisant voltiger l’attaque suisse sans triple axel tandis que la charge d’Ondřej Palát sur Andrea Glauser a été si forte que le plexiglas a cassé sous le choc et a dû être remplacé.
En toute fin de rencontre, alors que ce même gardien suisse Leonardo Genoni était déjà sorti afin de permettre aux Helvètes d’avoir un joueur de plus pour tenter de revenir au score, David Kämpf a scellé une fois pour toutes le sort de cette finale devant un public de l’O²Arena quasi entièrement acquis à la cause de la Reprezentace.
Du côté de la cage tchèque, l’impérial Lukáš Dostál est le premier gardien à réussir trois blanchissages dans un Mondial, à savoir trois matchs sans encaisser le moindre but, avec encore pas moins de 31 arrêts à son actif en finale. Le portier des Ducks d’Anaheim a même tenté de mettre un but historique lui-même en fin de match.
Difficile pour la Suisse, qui perd sa troisième finale du Mondial en 11 ans, et qui avait fait un parcours impressionnant une nouvelle fois cette année. Kevin Fiala a d’ailleurs été nommé meilleur joueur de l’ensemble du tournoi. Tous les tchécophones qui savent un peu lire sur les lèvres ont d’ailleurs pu constater que ce talentueux attaquant suisse fils d’un hockeyeur tchèque était parfaitement capable d’invectiver ses adversaires du jour dans la langue (très peu châtiée en l'occurrence) de Čapek !
Succès sur toute la ligne pour ce Mondial tchèque
Avec des matchs organisés à Ostrava et à Prague, ce championnat du monde tchèque a battu le record historique de fréquentation, rassemblant près de 798 000 spectateurs pour l’ensemble de la compétition. Records d'audience également battus pour la télévision publique tchèque.
Le titre remporté par l’équipe nationale à domicile vient évidemment parfaire le tableau, d’autant que rares étaient ceux à miser sur la Reprezentace au début de ce championnat.
Les rabat-joie auront beau arguer qu’organiser tous les ans un Mondial sur la glace au printemps est peut-être un peu abusé ou que la direction de la Fédération tchèque de hockey, très critiquée, s’en sort un peu trop bien grâce à cette équipe nationale en or – l’heure est en tout cas résolument aux célébrations et les joueurs ont déjà été félicités et remerciés dans le vestiaire par le chef de l’État Petr Pavel, qui comme beaucoup a fait le lien avec la victoire mythique aux JO japonais en 1998 :
Petr Pavel : « Non seulement vous avez gagné la médaille d’or mais toute l’organisation a contribué à la renommée de la Tchéquie. Le pays entier, pas seulement notre hockey, avait besoin d’une telle victoire – il nous manquait un nouveau Nagano. Parce que ce pays ne parvient hélas à s’entendre que lorsqu’on a un succès sportif. Même si cela ne contribue qu’un temps à faire en sorte que nous soyons tous fiers d’être tchèques alors cela aura valu le coup et le mérite vous en revient donc merci beaucoup ! »
Rendez-vous ce lundi à 17h sur Staromák
Il s’agit du treizième titre mondial pour le pays (en comptant les victoires de la Tchécoslovaquie), soit la troisième place au palmarès derrière le Canada (28) et la Russie (27 en comptant les titres de l’URSS), qui est exclue de la compétition pour des raisons évidentes. Pour la Tchéquie depuis son indépendance, ce titre est déjà le sixième, donc derrière la Suède (11) mais devant la Finlande (4).
Pour l’homme de la finale au surnom de plat national italien, cela mériterait que les joueurs tchèques soient conviés au prochain tournoi des Quatre nations organisé par la NHL l’année prochaine entre les représentants dans cette prestigieuse ligue nord-américaine de quatre pays - pour l’instant -, à savoir le Canada, la Finlande, la Suède et les États-Unis.
Les Tchèques iront en tout cas défendre leur titre en mai prochain au Mondial co-organisé par la Suède et le Danemark, tandis que les Suisses accueilleront la compétition en 2026 – la fédération helvétique a déjà lancé pour cette occasion la vente de palets en or pour la modique somme de 300 000 CHF.
L'équipe du sélectionneur Radim Rulík se satisfait pour l’instant amplement de ses médailles d’or et de la coupe que les nouveaux champions du monde viendront ce lundi à 17h présenter au public sur la Place de la vieille-ville de Prague, où est attendue une foule encore plus impressionnante que dimanche soir pendant le match.