Hockey – Mondial : contre les Tchèques, les Français ont manqué de réécrire l’histoire

Tchéquie - France, photo: ČTK

C’est un match passionnant que les équipes de République tchèque et de France de hockey sur glace ont offert aux spectateurs mardi soir, à Minsk, en Biélorussie. La qualification pour les quarts de finale déjà en poche, les deux pays se sont affrontés pour leur septième et dernier match de groupe au championnat du monde. Malgré un premier tiers-temps catastrophique au cours duquel ils ont été menés 3 à 0, les Tchèques se sont finalement imposés dans la douleur (5-4) en prolongation, évitant ainsi de subir la première défaite de leur histoire contre la France dans une grande compétition.

Tchéquie - France,  photo: ČTK
Les supporters tchèques de hockey sur glace pensaient que leur équipe nationale, leur chère Reprezentace, leur avait déjà fait tout voir dans sa longue et riche histoire. Mais quand Jaromír Jágr et ses partenaires se sont retrouvés menés 3 à 0 à une minute de la fin du premier tiers-temps par l’équipe de France, considérée comme une nation mineure du hockey sur glace, ils ont été nombreux à devoir se frotter les yeux pour croire à ce qu’ils étaient en train d’assister. Heureusement pour eux, à 42 secondes de la sirène, les Tchèques ont réussi à marquer leur premier but et à réduire le score grâce à Vladimír Sobotka. Un but qui a constitué un des tournants d’un match complétement fou. L’attaquant Martin Zaťovič n’a pas été surpris par la combativité des Français :

« Les Français jouent très bien depuis le début du tournoi. Nous nous étions préparés en conséquence pour les affronter et ne pas les sous-estimer. Je dirais qu’ils ont marqué leur premier but un peu par hasard. Mais ce n’est pas une excuse. Ils ont inscrit trois buts et on a été surpris. On a quand même réussi à s’en sortir avec le premier but de Sobotka. Avant le second tiers-temps, on s’est dit qu’il fallait que l’on change de jeu, ce que l’on a réussi à faire. »

Tchéquie - France,  photo: ČTK
Surpris par l’entame de match des Français, les Tchèques, qui ont manqué un paquet d’occasions devant la cage de Florian Hardy, ont donc mis un peu de temps à mettre la machine en route. Une analyse partagée par Ondřej Weissmann, assistant de l’entraîneur Vladimír Růžička :

« Je crois que nous avons pris conscience trop tard que la France était un adversaire solide. On n’est vraiment revenu au jeu que lors du deuxième tiers-temps, ce qui nous a coûté beaucoup d’énergie. On a fait des fautes inutiles en zone d’attaque. On a mal joué en supériorité numérique à la différence des Français, qui, eux, se faisaient trois passes rapides et lançaient le palet en direction de notre but. Nous, on s’accrochait trop longtemps, c’était statique. »

Les Tchèques, dont les murs des vestiaires ont probablement tremblé au repos, se sont donc ressaisi dans le deuxième tiers-temps en inscrivant notamment trois buts en l’espace de huit minutes (Sekáč 4’03, Jágr 11’29 et Zaťovič 12’42). Enfin en tête au tableau d’affichage (4-3) Jaromír Jágr aurait même pu alourdir la note s’il n’avait pas manqué un penalty à la 37e minute. Là aussi, un des autres tournants, nombreux, du match, car deux minutes après le début de la troisième période, Antoine Roussel égalisait pour la France. A quatre buts partout, la partie devenait dramatique. Le capitaine de la Reprezentace, Tomáš Rolínek, dont les interventions défensives ont été décisives à certains moments-clefs, est revenu sur ce troisième tiers-temps mal géré par des Tchèques pas vraiment sereins :

Tchéquie - France,  photo: ČTK
« Je ne veux pas dire que l’on s’est relâché, mais notre adversaire n’avait évidemment rien à perdre et il nous a mis la pression, comme vous avez pu le constater. Nous n’avons pas très bien joué cette troisième période, même si la deuxième s’est excellemment bien passée. Dans les vestiaires, on s’était dit qu’il fallait continuer à jouer. Les interventions de mes coéquipiers étaient bonnes, il ne s’agissait pas uniquement des miennes. »

Finalement, c’est en prolongation, dès la troisième minute, que le défenseur Jan Kolář, marquait le but de cette précieuse victoire. A la sortie de la glace, le héros du match a évoqué la difficulté de ce dernier match de poule :

« Chaque match est difficile ici. Celui-ci était le septième match joué en l’espace de onze jours. On sentait la fatigue, les jambes ne nous portaient plus, mais on a fait avec. Les Français nous sont tombés dessus en nous marquant trois buts rapides. On s’est tout de même dit que c’était notre dernier match et qu’il ne fallait pas s’économiser. On ne voulait pas non plus tomber sur les Russes en quarts de finale. On s’est donc rué sur les Français. On voyait bien qu’eux aussi étaient au bout du rouleau, qu’ils n’avaient plus beaucoup de forces après leur match de la veille. »

Tchéquie - France,  photo: ČTK
Grâce à cette victoire, la République tchèque, qui a terminé troisième de son groupe, évitera donc en quarts de finale l’ogre russe, vainqueur de ses sept matchs depuis le début du Mondial, pour affronter, jeudi après-midi, une équipe des Etats-Unis peut-être plus à sa portée. Quant aux Bleus, qualifiés pour la première fois depuis dix-neuf ans, ce sont eux qui retrouveront la Russie que les Tchèques tenaient tant à éviter.