Hommage à Vladimir Jankélévitch

Vladimir Jankélévitch

C'est en organisant une lecture publique de textes de Vladimir Jankélévitch que l'Institut français de Prague a rendu hommage à ce célèbre philosophe français ayant vécu entre 1903 et 1985. A cette occasion on a évoqué aussi le séjour et les activités de Vladimir Jankélévitch dans la capitale tchèque, dans les années 1920 et 30, lorsqu'il avait été professeur de l'Institut français de Prague. Vaclav Richter a posé quelques questions sur cette période fructueuse dans la vie du philosophe au directeur actuel de l'Institut, Didier Montagné.

Vladimir Jankélévitch
"Jankelevitch est arrivé à Prague en 1927 et comme il le dit lui-même, il pensait que cette aimable plaisanterie ne durerait pas longtemps. En fait, elle a duré cinq ans. Et je dois dire qu'il a bien profité de son temps ici, contrairement à ce qu'il a pensé puisqu'il a, d'une part, fini sa thèse sur Schelling et il commencé un autre grand texte qui a donné plus tard "Le Pardon". Donc il a beaucoup travaillé ici et on raconte que ce qu'il délaissait quelque peu ici, c'étaient ses cours de philosophie, il adorait donner des cours de musique notamment ceux de musique française, mais après aussi les cours d'histoire de la musique. Et puis on disait qu'ici il était très bon vivant puisqu'il allait aux bals, il aimait beaucoup danser, et il avait une vie d'auditeur de concert très intense. Il allait souvent au Nouveau théâtre allemand, aujourd'hui l'Opéra d'Etat, et aussi bien sûr au Théâtre national. Jankélevitch faisait partie de cette université en miniature qu'était l'Institut français de Prague, depuis sa fondation jusqu'à sa fermeture, en 1951, par les communistes. Il a été là, pendant la période de l'âge d'or, puisque le rayonnement de cette université en miniature ne cessait de croître, notamment jusqu'au magistère de Beuve-Méry qui est resté là jusqu'à 1936."

La musique était pour lui un phénomène de première importance. Quelle était le rôle de la musique dans sa philosophie?

"Vous savez il a écrit un livre, je vais essayer d'être simple, un livre qui s'appelle "Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien". C'est ce qu'on ne peut pas dire de la vie, l'ineffable de la vie, le trou qu'il y a à dire d'elle, le trou qu'il y a à vivre, la musique le dit et en témoigne, perpétuellement. Et donc toute la philosophie de Jankélévitch est une sorte d'approche de cet impondérable qui nous fait plus vivants que vivants, qui nous permet chaque jour de combattre ce qui est le contraire de la musique et le contraire de la vie, qui est l'indicible, et c'est la mort."

(C'était un extrait de l'entretien avec Didier Montagné sur Vladimir Jankélévitch. Nous diffuserons la version intégrale de l'entretien, samedi, dans le cadre de la rubrique "Rencontres littéraires de Radio Prague".)