Hyundai s'installe en République tchèque
Les dirigeants du constructeur automobile sud-coréen, Hyundai Motor, ont officiellement lancé mercredi la construction de la plus grande de ses usines européennes, à Nosovice, au nord-est de la République tchèque, a environ 400km de Prague. La cérémonie a eu lieu notamment en présence de Chung Mong-koo, patron du numéro six mondial du secteur automobile, et du ministre tchèque de l'Industrie et du Commerce, Martin Riman.
C'est d'ailleurs toute cette région d'Europe centrale plus que la République tchèque à elle toute seule qui devient le nouveau Detroit, la Slovaquie accueillant elle aussi sur son territoire plusieurs des principaux acteurs de l'industrie automobile mondiale. La veille de l'inauguration du chantier de Nosovice, c'était à Zilina en Slovaquie qu'était inaugurée en grandes pompes l'usine Kia, filiale du groupe Hyundai.
Les entreprises déjà installées en Tchéquie ont eu du mal à recruter du personnel et à le garder. Skoda vient de faire face à un mouvement de revendication salariale sans précédent. TPCA a notamment dû faire des efforts au niveau des logements prévus pour les employés et au niveau des primes. Josef Blecha, du Bureau du Travail de la ville de Kolin :« Etant donné qu'environ 800 appartements ont été construits, cela a permis de stabiliser la situation au niveau du personnel. A l'heure actuelle je peux dire également qu'une assez faible proportion de travailleurs étrangers travaillent dans l'usine de Kolin, environ 8%, en majorité de Pologne et de Slovaquie. »
Pour Petr Vanek, porte-parole de la nouvelle usine Hyundai, être situé à l'autre bout du pays pourrait s'avérer être un avantage indéniable :
« Par rapport aux entreprises Skoda Auto et TPCA de Kolin, nous voyons notre avantage dans le fait que notre usine soit située dans cette région. A l'Ecole supérieure d'industrie minière il y a certes beaucoup d'étudiants venus de différentes parties du pays, mais la majorité de ceux qui y étudient sont des habitants locaux, et pour eux l'entreprise située dans leur région sera probablement plus attractive. »L'usine de Nosovice emploie actuellement une centaine de personnes, essentiellement venues de la Corée du Sud. Environ 500 salariés doivent être embauchés encore avant la fin de cette année et leur nombre devrait ensuite augmenter à quelque 3.500, sans compter la dizaine de milliers d'employés chez les sous-traitants. Un impact très important sur l'économie tchèque donc, ce que confirme l'analyste Marketa Sichtarova, de Next Finance :
« C'est un investissement très important. On peut d'ores et déjà affirmer et ce même si Hyundai n'avait pas investi plus d'un milliard d'euros, que l'entreprise va ainsiparticiper à la croissance du PIB à hauteur d'1%, au minimum. Donc avec Skoda, ce sera une des principales entreprises à influencer la croissance de l'économie tchèque. »Et pour cette analyste, il est évident que les entreprises du secteur vont devoir recruter à l'étranger, non seulement en Slovaquie et en Pologne mais également plus à l'Est :
« Ce n'est pas un problème fondamental pour l'économie tchèque parce que ces employés vont vivre et travailler à long terme chez nous... Au minimum, ils seront chez nous et vont dépenser chez nous pendant la semaine. Donc ce sera l'économie tchèque qui bénéficiera de cette consommation. »
A l'heure actuelle, plus de 30.000 salariés sont directement employés dans les deux autres usines automobiles en République tchèque (Skoda Auto et TPCA), et quelque 100.000 autres chez les sous-traitants et les fournisseurs, selon l'association locale de l'industrie automobile.
Avec les arrivées successives de grands constructeurs automobiles étrangers, certains craignent que l'économie du pays du pays devienne trop dépendante du secteur automobile. En cas de délocalisation plus à l'est, les conséquences pourraient être importantes, c'est l'avis de Jaroslav Mil, président de l'Union de l'Industrie et des transports :« Ce serait un gros problème d'autant plus avec ces entreprises c'est tout un réseau de sous-traitants qui s'installe. Je crains que pour l'économie tchèque cela puisse être un problème. Notre Etat a donné des conditions très avantageuses à Hyundai, je pense que nous aurions dû exiger la constructions de centre d'études et de développement. »