La réticence des Tchèques à l’égard des réfugiés est plus grande que dans les années 1990

Photo: Commission européenne

La Tchéquie déclare sa réticence face aux quotas européens concernant les réfugiés. La population rom est de plus en plus absente à Prague qu’elle ne cesser de déserter. Le réalisateur Jan Němec se rend au festival de Cannes pour y tourner une partie de son nouveau long-métrage qui évoquera l’édition 1968 du festival. Les Tchèques n’ont que rarement recours à une grève. Les brasseries se présentent comme un des gagnants des Championnats mondiaux de hockey sur glace. Tels sont les sujets retenus cette semaines dans la presse, imprimée ou électronique.

La réticence des Tchèques à l’égard des réfugiés est plus grande que dans les années 1990

Photo: Commission européenne
« La Tchéquie ne dispose pas d’assez de places pour pouvoir accueillir des milliers de demandeurs d’asile, comme le stipule la Commission européenne. » C’est ce que pense dans les pages du quotidien Mladá fronta Dnes Ivana Karásková dans un des nombreux articles qui se penchent dans la presse sur la volonté de la République tchèque de décider souverainement de la manière dont elle aidera les réfugiés et de refuser d’éventuels quotas imposés par l’Union européenne. Elle précise :

« Le climat marquant les années 1990 où la Tchécoslovaquie a été prête à accueillir près de cinq mille ressortissants de l’ancienne Yougoslavie, notamment de Bosnie, et où 32 camps pour réfugiés ont pu être rapidement édifiés a foncièrement changé depuis. La société est aujourd’hui plus fermée et beaucoup plus réticente à l’égard des étrangers, notamment ceux qui viennent de pays africains et arabes. L’éventuelle réalisation du projet d’établissement dans le pays d’un grand nombre de réfugiés mettrait la Tchéquie dans une situation délicate. »

Ivana Karásková rappelle que les camps remontant aux années 1990 n’existent plus, en raison du coût trop élevé de leur entretien. La capacité totale des quatre camps existants varie désormais autour de 700 places. L’éditorialiste constate également que si une grande partie de la représentation politique tchèque s’oppose aux quotas proposés, les personnes en charge des réfugiés plaident pour une plus grande solidarité, citant les paroles de Pavel Duba de l’Association pour l’intégration et la migration qui dit :

« Dans les années 1990, lors du mandat présidentiel de Václav Havel, nous étions beaucoup plus ouverts à l’égard des réfugiés. Depuis, les sentiments de solidarité ont disparu. »

Dans une analyse publiée sur le site echo24.cz et concernant les causes de la réticence d’une grande partie de la population tchèque à l’égard des réfugiés, Ondřej Štindl observe :

« La majorité des habitants de la Tchéquie ont grandi dans une société qui a été, sur le plan de la nationalité, homogène. Aujourd’hui, elle craint un changement possible. Dans le contexte de l’histoire tchèque, une réduction de cette homogénéité qui signifie pour beaucoup une grande valeur, ne représente pas pour autant un changement radical, mais plutôt un retour à la normale. Ce pays a toujours été assez multinational, tandis que son caractère unifié a été le fruit des catastrophes de la deuxième moitié du siècle écoulé. Compte tenu de l’évolution actuelle dans le monde, il est inimaginable d’insister sur la persistance de la « pureté » du territoire tchèque. Un rêve qui d’ailleurs ne mérite pas, pour différentes raisons, d’être rêvé. »

La population rom déserte Prague

Photo: Jana Šustová,  ČRo
Ces dernières années, la population rom quitte massivement la capitale tchèque, en raison notamment de l’augmentation du prix des loyers, de la réduction de certaines branches industrielles et des activités liées à la pauvreté. Ce phénomène de société est décrit dans un texte mis en ligne sur le serveur idnes.cz qui constate entre autres :

« Selon les évaluations d’experts, un Rom sur deux a quitté ces derniers temps Prague pour aller vivre ailleurs. Cet exode concerne même les quartiers roms traditionnels, comme Karlín, Smíchov, Žižkov ou Libeň. Les Roms sont désormais presque absents, par exemple, dans le quartier de Smíchov, où ils étaient près de trois mille, il y a quelques années encore, car celui-ci a été remanié en un centre urbain moderne, avec des prix élevés du logement et des services. Cette tendance s’est manifestée, aussi, à Karlín, un des quartiers pragois qui a été lourdement dévasté par les inondations de l’an 2002. »

Les Roms de Prague se déplacent en premier lieu vers la Bohême du nord et la Bohême centrale. C’est d’ailleurs cette migration qui est en partie responsable de la création de ghettos problématiques dans les villes de Litvínov et de Chomutov. Une grande partie des près de quinze mille Roms qui demeurent actuellement à Prague en dépit de leurs conditions sociales difficiles, vivent dans des quartiers périphériques, tandis qu’au centre, on voit vivre notamment des Roms qui ont obtenu des diplômes et sont insérés dans le monde du travail. Ceci dit, des chiffres précis les concernant n’existent pas, car lors du dernier recensement de la population, nombreux étaient ceux qui ont préféré ne pas déclarer leurs origines.

Cannes 1968 par le réalisateur tchèque Jan Němec

Jan Němec,  photo: ČT
A l’instar des années précédentes, cette année encore, le cinéma tchèque n’est pas représenté en compétition au Festival de Cannes. Celui-ci verra tout de même la présence de l’un des plus grands réalisateurs tchèques, Jan Němec, un des protagonistes de la fameuse Nouvelle vague du cinéma tchécoslovaque des années 1960. C’est la quatrième fois que le réalisateur se rend à Cannes, pour la première fois pourtant avec une caméra, pour y tourner les premières scènes de son nouveau film intitulé Le Loup de Vinohrady, inspiré par son livre de souvenirs sur des motifs biographiques. Et c’est justement un drôle d’événement que le réalisateur a vécu à Cannes en 1968 qu’il veut maintenant tourner sur place et qu’il a décrit pour les pages culturelles du quotidien Mladá fronta Dnes :

« A l’époque, les révolutionnaires et les intellectuels français de gauche en tête avec Jean-Luc Godard, pour lequel j’ai par ailleurs une grand estime, ont anéanti une édition du festival lors de laquelle les Tchèques avaient pour la première et la dernière fois trois films en compétition, Miloš Forman avec Au feu les pompiers !, Jiří Menzel avec Un été capricieux et moi-même avec le film La Fête et les Invités. Selon la stratégie prévue à l’avance, chacun d’entre nous devait recevoir un prix, y compris la Palme d’or que personne de chez nous n’avait encore jamais gagnée. »

Comme on le sait, il n’en a pourtant rien été, car le festival qui a été clos de manière anticipée n’a cette année-là remis aucun prix. C’est donc un film « rétro » que Jan Němec envisage de tourner ces jours-ci à Cannes, pendant qu’un intéressant jeu de circonstances veut que le Festival de Cannes en soit cette année à sa 68ème édition. Pour le réalisateur, qui s’était fait remarquer en 1968 en faisant passer à l’Ouest des scènes filmées lors de l’occupation de la Tchécoslovaquie par l’armée soviétique, il s’agira de son onzième long-métrage.

Les grèves n’ont pas un grand attrait pour les Tchèques

Photo: ČTK
Les Tchèques n’aiment pas trop les grèves. Un article publié dans le quotidien Lidové noviny qui se réfère aux résultats d’une analyse de la société canadienne WSI et qui le confirment de façon éloquente indique :

« Les employés tchèques qui souhaitent imposer leurs revendications sociales ou salariales ont très rarement et exceptionnellement recours à la grève. Une situation pareille existe également dans les autres Etats postcommunistes où la position des syndicats est nettement plus faible que dans les pays occidentaux. Etre membre d’un syndicat sous le régime communiste était une obligation contraignante pratiquement pour tout le monde, voilà pourquoi les gens sont encore aujourd’hui très réticents à l’égard des syndicats. »

Le journal rappelle que durant les vingt dernières années, la Tchéquie n’a connu que très peu de grèves, dont celle des cheminots en 1996 ou encore, neuf ans plus tard, celle des employés du secteur publique. A noter encore la grève d’une journée du métro de Prague, s’inscrivant dans le cadre d’une grève nationale dans le secteur des transports. Et l’auteur de l’article de conclure que l’ensemble des grèves que la Tchéquie a vécu en l’espace de ces vingt années, correspond au nombre de celles que beaucoup de pays occidentaux enregistrent en une seule année.

Les brasseries – le vainqueur certain du mondial de hockey sur glace

Photo: Kristýna Maková
Avant même la fin du championnat du monde de hockey sur glace à Prague et à Ostrava qui culmine ce dimanche par la finale, les médias sont d’accord pour désigner un vainqueur certain, les brasseries. L’édition de ce mardi du quotidien Lidové noviny a écrit à ce sujet : « Même si la sélection nationale tchèque ne gagne aucune médaille, la Tchéquie pourra célébrer le succès de sa bière. Le Mondial a fait effectivement venir dans des brasseries et dans des restaurants des milliers de personnes, y compris celles qui d’habitude ne les fréquentent pas. Les brasseries se présentent alors comme un des gagnants de ces championnats. »

La vente de centaines de milliers de bières sur le lieu de la tenue du championnat du monde, à Prague et à Ostrava, a été répartie entre trois principales brasseries tchèques, Prazdroj, Staropramen et Heineken avec la marque Krušovice, qui est le sponsor principal de cet événement sportif. Et le journal de souligner qu’à l’heure actuelle, où la vente de la bière sur le marché local a tendance à baisser, car les gens préfèrent de plus en plus souvent consommer cette boisson chez eux, chaque possibilité pour les brasseries de se faire valoir et de se visualiser est la bienvenue.