Il y a 35 ans disparaissait le « symbole de la terreur communiste », la redoutable Sûreté de l’Etat (StB)
En 1990, le ministre de l’Intérieur Richard Sacher ordonne la fermeture de toutes les unités du service de renseignement tchécoslovaque StB, mettant ainsi fin à quarante années d’activité de l’un des principaux instruments de terreur du régime communiste.
Pour beaucoup, c’est la fin d’une longue période de violence, d’injustice et de peur.
« Chers concitoyens, après la suppression du service de renseignement intérieur, j’ai aujourd’hui supprimé par décret les autres composantes de la Sûreté de l’Etat, » déclare Richard Sacher le 31 janvier 1990. Une résolution qui, pour beaucoup, est synonyme de satisfaction et de soulagement.
En effet, pendant les années 1950, la StB a été l’un des principaux acteurs des procès politiques ; tout au long de la normalisation, elle a intimidé et poursuivi tout opposant – réel ou supposé – au régime. « Pendant la période communiste, quelque deux millions de personnes ont été affecté [par l’activité du StB], ce qui est un nombre très conséquent, » a expliqué l’historien Petr Blažek, de l’Institut des études des régimes totalitaires, à la Radio tchèque.
Des documents détruits...
Dès la chute du régime communiste, en novembre 1989, les agents du service de renseignement de la Tchécoslovaquie communiste essayent de faire disparaître toutes les preuves qui pourraient être utilisées contre eux. « Des opérations de broyage visent à détruire pêle-mêle toute la documentation opérationnelle. Cela montre bien que la Sûreté d’Etat était consciente qu’il s’agissait d’un tournant, et qu’il était nécessaire d’éliminer tout élément compromettant, » a encore expliqué Petr Blažek.
Lorsque le ministre de l’Intérieur donne l’ordre de supprimer le StB, quelque 13 000 agents y sont employés. Ce sont des commissions de citoyens qui décideront de leur sort. L’ancien dissident devenu vice ministre de l’Intérieur, Jan Ruml, se souvient qu’il lui avait fallu renvoyer – sur la base des contrôles de ces commissions de citoyens – toutes les personnes qui avaient combattu le soi-disant ennemi intérieur, à savoir quelque 8500 personnes en tout.
Au début des années 1990, personne ne savait vraiment à quoi ressemblerait les règlements de compte avec le passé communiste. Certains avaient peut-être encore en mémoire le procès de Nuremberg et le jugement des principaux responsables nazis. Par conséquent, les agents du StB auraient tout à fait pu craindre des sanctions sévères et prononcées contre la plupart d’entre eux. Mais au final, seuls des cas individuels seront jugés. Au total, une quarantaine de membres de la Sûreté de l’Etat seront condamnés, et ce principalement pour des crimes commis dans les années 1950.
et les documents conservés
Les documents de la StB qui n’avaient pas été détruits ont été rendus progressivement publics. Ce n’est qu’en 2008 que les Archives des forces de sécurité les mettent à la disposition du public dans leur intégralité. Aujourd’hui, ces documents constituent des sources historiques importantes, qui permettent de mieux comprendre les pratiques de la Sûreté d’Etat et leur impact sur la société tchécoslovaque.