Image de plus en plus brouillée à la télévision

C'est décidément une sorte de malédiction qui s'abat sur la Télévision tchèque. Plus on croit s'approcher de la sortie du tunnel, plus la situation s'aggrave. Omar Mounir.

Les employés insurgés, occupants des lieux et en grève symbolique puisque assurant les programmes, viennent de commettre un acte des plus inattendus. Dans l'après-midi de mercredi, ils ont investi la direction et mis un certain Ladislav Paluska au lieu et place de Jiri Hodac, directeur naguère contesté par eux et démissionnaire.

Paluska, porté en triomphe par des grévistes apparemment las d'attendre les décisions d'un parlement lent à la détente, est l'ancien chef des services financiers de la télévision. Pour avoir été remercié par Hodac en décembre, il est en bonne logique membre du piquet de grève.

Une initiative sans doute malheureuse. Non seulement parce que tout le personnel de la télé n'y souscrit pas, mais aussi parce qu'elle semble décrédibiliser le personnel gréviste et lui faire perdre la sympathie dont il a bénéficié parmi le public, les artistes, des officiels du pays dont le président Havel et les médias en Europe. Plus encore, elle apporte l'eau au moulin de l'équipe de l'ancien directeur, qui elle, est toujours sur place. Cette équipe en a profité pour demander l'intervention de la police, chose que le ministre de l'Intérieur a refusé, au motif que les grévistes ne séquestrent personne.

Nous restons donc en lisière d'une revendication déontologiques et ayant quelque chose de syndical. En lisière seulement, puisque les grévistes perdent un appui des plus précieux, celui de Richard Falbr, président de l'Union des syndicats tchéco-moraves. Il a déclaré: "Ca ne me plaît pas. Et ça n'est pas de nature à contribuer à régler la situation. Je n'arrive pas à concevoir qu'à défaut d'un directeur, le personnel investit son bureau et nomme son candidat."

La même journée, le Sénat rejette le projet de loi portant organisation de la Télévision tchèque et destiné précisément à régler en urgence cette crise. Fort heureusement, le Sénat n'a pas rejeté les nouvelles dispositions habilitant le Parlement à désigner un nouveau directeur et à assurer l'intérim du Conseil dissous.

Auteur: Omar Mounir
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