Institut hydrométéorologique tchèque : la baisse du mercure sans lien avec celle du trafic aérien
Depuis plusieurs semaines, le climat n’est pas tendre avec les Tchèques, du fait d’une météo très aléatoire et des températures qui ne dépassent pas les vingt degrés. Sur les réseaux sociaux, des théories mettent en relation ce printemps plutôt frais avec la baisse du trafic aérien due à la pandémie de Covid-19. Info ou intox ?
Tandis que la période 2014-2019 a été la plus chaude de l’histoire pour la Tchéquie, les températures ont commencé à se rafraichir dès 2020. Cette année 2021 semble être du même cru puisque depuis plusieurs semaines, le temps est plus que variable, entre pluie, nuages et ensoleillement. Du côté du mercure, la température moyenne en journée atteint les 18 degrés et tombe à 14 degrés, après 18 h.
« Ce mois de mai est plutôt frais, on enregistre une différence de deux degrés de moins que les normales de saison », constate Pavel Borovička, météorologue à l’Institut hydrométéorologique tchèque (ČHMÚ).
Météo exceptionnelle ? Pas vraiment. Déjà l’année dernière, le printemps tchèque n’avait pas été beaucoup plus chaud. « Nous avions constaté une moyenne de 19 degrés pour mai 2020, donc un degré en-dessous de ce qui était attendu », nous explique Pavel Borovička.
Ces changements météorologiques ont débuté juste après le début de l’épidémie de Covid-19, qui a forcé de nombreuses compagnies aériennes à ralentir leur activité. En avril 2020, le trafic aérien mondial était ainsi réduit de 80 %.
Alors, y a-t-il un lien de cause à effet entre la réduction de l’activité du trafic aérien et les fraicheurs actuelles ? Non, d’après Pavel Borovička.
« Il peut y avoir un impact météorologique mais seulement à une échelle locale et à court terme. Par exemple, le trafic aérien peut contribuer à la formation de gros nuages, s’il y a une humidité suffisante dans l’air au passage des avions. Cet effet peut être limité durant la nuit. »
Dans ce cas, qu’est-ce qui est la cause de cette fraicheur printanière ? D’après le météorologue, c’est la conséquence de la rencontre de deux pressions atmosphériques en Europe centrale. Il s’agit de la pression exercée par le mélange gazeux qui constitue l’atmosphère. Plus elle est élevée et plus les températures sont chaudes. L’inverse est également vrai car plus la pression est basse et plus les températures sont fraiches.
« Depuis le mois d’avril, la pression de l’air autour de l’Islande est plus haute que d’habitude, tandis que l’autre face a une pression de l’air anormalement basse. La rencontre de ces deux événements apporte de l’air frais depuis le Nord jusqu’à l’Europe centrale. »
Cependant, cette anomalie n’est pas à confondre avec le changement climatique, qui est dû à une concentration croissante, sur plusieurs années, de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.
« Nous examinons les températures annuelles sur trente ans et nous les comparons sur trente autres années pour voir si elles ont changé. Nous parlons de changement climatique quand les températures n’ont fait qu’augmenter durant trente ans. »
Pour l’instant, c’est dans les prochains jours que les températures devraient augmenter en Tchéquie. Cette semaine, pas de pluie annoncée mais des orages arriveront dès lundi, où le mercure atteindra 23°C.