Irena Bernášková – la première Tchèque exécutée par les nazis reste très méconnue dans son pays
Engagée dans la résistance, Irena Bernášková est la première Tchèque à avoir été exécutée par les nazis. Elle reste pourtant peu connue dans son pays. Une des récentes éditions du journal Lidové noviny a rappelé le destin et le courage de cette femme hors du commun. Le primas tchèque, le cardinal Dominik Duka, a quant à lui expliqué pourquoi il s’était rendu aux Jeux olympiques d’hiver à Sotchi. Les Tchèques semblent satisfaits de l’élection au suffrage universel du président de la République, tandis qu’une grande partie de la scène politique dénonce les écueils d’un activisme présidentiel exacerbé. Le traitement de la leucémie chez l’enfant s’améliore grâce aux recherches menées dans le monde. Tels sont les thèmes que nous avons retenus dans la presse tchèque de ces derniers jours.
L’avant-dernière édition du cahier Orientace (Orientation) du quotidien Lidové noviny a consacré un long article à une femme résistante qui demeure pratiquement inconnue en République tchèque, mais dont la vie, selon l’auteur du papier, mérite d’être mise en valeur et appréciée à sa juste valeur. Il s’agit d’Irena Bernášková, la première Tchèque à avoir été condamnée à mort et exécutée par les nazis pour ses activités dans la résistance. Ces jours-ci, 110 ans se sont écoulés depuis sa naissance. L’historien Petr Koura a décrit les chapitres-clés de sa vie :
« Irena Bernášková, qui était la fille du peintre reconnu Vojtěch Preissig, a passé onze ans aux Etats-Unis. Cet épisode de sa vie, influencé par une éducation à l’américaine, semble avoir prédestiné sa voie future et sa décision de s’opposer activement à l’occupation de son pays, qu’elle avait rejoint dans les années 1920... Au début de la guerre, elle s’est lancée à corps perdu dans des activités clandestines, travaillant comme rédactrice, éditrice, imprimeur, administratrice, expéditrice et colporteuse de la revue ‘V boj’ (Au combat). Arrêtée avec d’autres membres de la rédaction, elle a assumé les principales responsabilités pour protéger ses confrères. Cette attitude courageuse lui a valu la peine capitale. Son exécution a eu lieu le 26 août 1942, dans la prison Plötzensee à Berlin ».
L’auteur de l’article déplore le fait que le nom d’Irena Bernášková, « femme à l’héroïsme exemplaire », soit pratiquement tombé dans l’oubli. Il précise qu’aucune rue, qu’aucun espace publique ne porte son nom. Dans les années 1990, le président Václav Havel lui a décerné, in memorian, la médaille de l’Héroïsme. Un film documentaire lui a également été consacré. Petr Koura considère toutefois que l’intérêt prêté à cette femme extraordinaire est insuffisant. Il le compare à celui porté à une femme résistante allemande, Sophie Scholl, qui a vécu un destin identique et qui est connue de tous dans son pays. Il constate :
« Difficile d’expliquer ce désintérêt pour la vie et les activités d’Irena Bernášková, tant du public que des personnes chargés d’étudier et de documenter l’histoire. Il est possible qu’une personne qui a sacrifié de manière entièrement désintéressée sa vie pour des idéaux nobles et a fait preuve d’un incroyable courage, ne corresponde pas à l’air du temps. »
Pourquoi le cardinal Dominik Duka s’est-il rendu é Sotchi ?
« Depuis toujours, l’Eglise a eu un rapport très positif à l’égard du sport. » C’est ce que constate, dans un texte publié sur le site idnes.cz, le cardinal Dominik Duka. Lui qui a pratiqué différentes activités sportives dans sa jeunesse explique pourquoi il a jugé bon de se rendre à Sotchi.
« A l’instar des premiers jeux panhelléniques, les Jeux olympiques aujourd’hui symbolisent à leur tour une période de paix... Je ne pense pas que des menaces systématiques et des affronts diplomatiques doivent faire partie du dialogue politique. C’est une des motivations de mon récent voyage à Sotchi. »
Plus loin, Domink Duka dément les informations publiées dans les médias relatifs aux manquements de l’organisation à Sotchi et insiste sur le fait qu’il « faut être juste à l’égard de la Russie, car sa représentation politique actuelle de n’est pas identique à celle de la période de la domination bolchévique ». Et d’ajouter :
« Finalement, je me suis rendu à Sotchi en tant qu’ambassadeur du Comité olympique tchèque, pas en tant que représentant politique. J’y ai également célébré une messe. La présence de quelques dizaines de personnes a prouvé que mon voyage n’a pas été inutile. Tout en profitant de la proposition du président Milos Zeman de voyager avec lui, je n’étais pas membre de sa délégation. De même, je ne suis pas allé à Sotchi pour exprimer mon soutien au président de la Fédération russe et encore moins aux lois qui sont perçues par une partie de la société en Europe occidentale et aux Etats-Unis comme controversées. »
Les Tchèques satisfaits de l’élection au suffrage universel de leur président
Comment le président de la République Miloš Zeman a-t-il passé son premier « baccalauréat » à la fin de la première année de son mandat présidentiel, mandat au cours duquel le pays a traversé une longue période d’instabilité politique provoquée par la chute du gouvernement Nečas et la formation d’une nouvelle coalition issue des élections législatives anticipées ? Cette question a été soulevée dans l’hebdomadaire Týden, qui note que son élection au suffrage universel a permis au chef de l’Etat de devenir un acteur important sur l’échiquier politique en dépit du fait que la Constitution ne lui done que des pouvoirs assez restreints. On peut lire à ce sujet :
« Une enquête effectuée par l’agence CVVM révèle un important clivage entre l’approche des politiciens et l’avis d’une grande partie de la population. Tandis que les premiers envisagent de réduire ou du moins de définir plus précisément les pouvoirs présidentiels existants, en raison de l’activisme prononcé dont Miloš Zeman fait preuve, la population semble satisfaite de la situation existante. Dans certains domaines, les Tchèques seraient même favorables à un éventuel élargissement de ces pouvoirs ».
Le même sondage montre également qu’une majorité de la population est satisfaite de l’élection au suffrage universel du président, après la grande première de l’année dernière. Seule une très faible minorité souhaiterait un retour à une élection par le Parlement. Sur la base de ces constats, le magazine Týden conclut :
« Avant de s’employer à modifier la Constitution, les représentants politiques, toutes orientations confondues, sont appelés à étudier attentivement les résultats de cette enquête. Ils doivent assumer les conséquences de l’application de cette loi sur l’élection présidentielle au suffrage universel qu’ils ont eux-mêmes adoptée, leurs motivations ayant alors été purement populistes. »
Guérir la leucémie chez l’enfant
Neuf enfants sur dix atteints de leucémie ont aujourd’hui une chance d’être guéris. C’est ce que signale un article mis en ligne sur le site lidovky.cz. Celui-ci se penche sur les succès de la médecine tchèque dans la lutte contre la leucémie chez l’enfant. Son auteur compare les progrès réalisés dans ce domaine concret à la situation qui existait dans le pays auparavant :
« Dans les années 1980, les chances de guérison n’étaient que de 20%, tandis que dans les années 1960, le diagnostic d’une leucémie équivalait à une mort quasi certaine. Le premier malade guéri l’a été en 1969. »
Tout en étant la maladie oncologique la plus fréquente chez les enfants, la leucémie aiguë lymphoblastique qui atteint chaque année près de soixante-dix enfants en République tchèque reste une maladie rare. Les succès liés à son traitement sont en partie le fruit des recherches menées au niveau international ces cinq dernières années. Au sujet des résultats présentés ces jours-ci à Prague, l’auteur de l’article note :
« Cette étude internationale sur la leucémie aigüe, qui est la plus importante jamais réalisée, a réuni 130 centres oncologiques de quatorze pays à travers trois continents. Ses résultats devraient permettre de guérir une très grande majorité d’enfants malades. »
L’article remarque également, en se référant aux précisions d’experts concernés, qu’aucun nouveau médicament pour le traitement de la maladie n’a été mis au point ces trente dernières années. Le nombre croissant de guérisons serait dû uniquement à une localisation plus précise du traitement, au juste choix de son intensité et à un diagnostic établi.