Jan Svankmajer ou la Magie du cinéma d'animation

Eva et Jan Svankmajer (Photo : CTK)

Jan Svankmajer, le magicien du cinéma d'animation, célèbre son 70ème anniversaire. Qui est donc Jan Svankmajer? Est-ce un cinéaste, un peintre, un sculpteur, un plasticien hors de toutes les catégories? Difficile à répondre, mais une chose est sûre : Jan Svankmajer est un surréaliste. Il l'a toujours été et le sera toujours, bien qu'il constate avec un sourire malicieux qu'on lui fait entendre parfois que le surréalisme est, depuis longtemps, démodé.

Eva et Jan Svankmajer  (Photo : CTK)
Le film et l'optique surréaliste sont pour Jan Svankmajer les moyens pour libérer les démons qui le hantent, pour évoquer les grands thèmes de notre subconscient. Il provoque notre fantaisie, il ne s'arrête pas devant les tabous moraux et sexuels. Parmi ses grands thèmes, il y a l'angoisse, la sexualité, la maternité, la nourriture. Bien que l'arsenal de ses moyens plastiques soit très large, bien que ses films diffèrent beaucoup les uns des autres, son style est toujours bien reconnaissable. On trouve dans ces films une certaine lucidité cruelle peut-être, mais libératrice.

Impossible d'évoquer ici toute la filmographie de Jan Svankmajer, choisissons donc au moins quelques oeuvres typiques. On apprécie notamment son film de 1982 intitulé "Possibilité du dialogue", déclaré meilleur court métrage d'existence du festival d'Annecy en 1990, une étude irrésistible d'un dialogue des sourds réalisée avec des moyens étonnamment simples. Après une série de courts métrages très originaux, Svankmajer réalise, en 1987, Alice, un long métrage inspiré par Alice au pays des merveilles et c'est, comme il fallait s'y attendre, une vision très originale qui fait resurgir les aspects sombres et sadiques du célèbre conte de Lewis Carol. Le dernier film en date de Jan Svankmajer Le petit Otik (en tchèque Otesanek ), remodèle à sa façon un conte populaire tchèque. Il raconte l'amour fou d'une mère pour son enfant qui n'est en réalité qu'une bûche, un bout de bois. C'est une parabole corrosive de la maternité et des obsessions parentales.

A 70 ans, Jan Svankmajer ne semble pas être à ses dernières cartouches. Espérons qu'il continuera encore longtemps à nous choquer, à nous amuser et à nous révéler des choses insoupçonnées sur nous-mêmes.