Jaroslav Sedivy décoré par les Etats tchèque et français
Historien, diplomate et ancien dissident, dont le nom est associé à toutes les étapes importantes du renouveau de la politique étrangère de la République tchèque après la Révolution de velours, Jaroslav Sedivy été décoré, mardi, de l'Ordre de la Légion d'Honneur. C'est avant tout un grand ami de la France et premier ambassadeur de la Tchécoslovaquie post-communiste, puis de la République tchèque à Paris qui a été mis à l'honneur, ce soir-là, au palais Buquoy à Prague.
Après avoir quitté le poste d'ambassadeur à Paris, Jaroslav Sedivy a été représentant permanent de la République tchèque auprès de l'OTAN, à Bruxelles, puis ministre des Affaires étrangères justement au moment d'adhésion du pays à l'Alliance atlantique, et, enfin, au début du nouveau millénaire, ambassadeur tchèque en Suisse. Une brillante carrière diplomatique donc de cet Européen convaincu, précédée d'une période, certes, moins brillante, mais non moins intéressante : faisant parti du noyau dur de la dissidence tchèque, Jaroslav Sedivy passe, après l'occupation russe en 1968, dix-huit mois en prison et ne peut publier ses ouvrages historiques qu'en samizdat ou sous un pseudonyme. En lui remettant l'Ordre de la Légion d'Honneur, l'ambassadeur de France, Joël de Zorzi, a rappelé :
« Pendant 17 ans, vous serez tour à tour forestier, chauffeur, puis laveur de carreaux. Vous avez ainsi à votre actif 12 000 fenêtres nettoyées dans 2 500 appartements... C'est d'ailleurs à cette époque que vos rencontres régulières avec Milan Kundera lui inspireront, dit-on, le personnage du médecin Tomas, devenu laveur de carreaux, héros principal de son roman 'L'insoutenable légèreté de l'être'. »
Le 28 octobre dernier, à l'occasion de la fête nationale tchèque, Jaroslav Sedivy a reçu une autre haute distinction, de l'Etat tchèque cette fois-ci : le président Vaclav Klaus lui a remis la Médaille du Mérite. Quelle différence, pour Jaroslav Sedivy, entre les deux décorations ?
« Je crois que la Médaille du Mérite est une forme de reconnaissance, par le président, de mon travail en faveur de la meilleure sécurité de la République tchèque, car que j'ai contribué à négocier notre adhésion à l'OTAN. L'Ordre de la Légion d'Honneur, c'est autre chose... Comme M. l'ambassadeur l'a dit, j'ai reçu cette haute distinction de l'Etat français pour ma contribution au développement des relations franco-tchèques. Je pense, en toute modestie, que ce n'est pas une formalité : pendant cinq ans, à partir de 1990, j'ai pour ainsi dire couvert les nouvelles relations bilatérales qui était en train de se former. Cela n'a pas été toujours facile, nous avons beaucoup négocié... Mais les deux parties faisaient à chaque fois leur maximum pour arriver à un compromis qui les satisfaisait. »