Jean-Marie Lehn : « Le pire qui puisse arriver à un pays, c’est de perdre ses jeunes chercheurs »

Jean-Marie Lehn

Jeudi, dans les locaux historiques de l’Université Charles, le Prix Nobel de Chimie 1987, le professeur Jean-Marie Lehn a remis à neuf jeunes chercheurs tchèques un prix pour récompenser leurs travaux dans les domaines de la chimie, de la pharmacie et de la médecine...

Jean-Marie Lehn, cela fait plusieurs années déjà que vous venez remettre ces prix scientifiques franco-tchèques. Cette année est une année un peu particulière puisqu’en 2008 se succèdent la France et la RT à la présidence de l’UE... C’est important pour vous d’être là précisément cette année ?

« Oui. La date de septembre a été choisie pour cette raison. Normalement, ça se faisait au mois de juin, or la France ne présidait pas encore l’UE. L’ambassadeur a donc souhaité - et je pense que c’est une excellente idée - déplacer les dates pour qu’elles tombent pendant la présidence française qui doit être juste avant la tchèque. Donc ça se combine bien et symboliquement c’est bien. »

Vous êtes l’iniateur de ce prix scientifique franco-tchèque, pourriez-vous nous rappeler comment ce prix est né et avec quel objectif ?

« C’est un peux compliqué au début. Ça s’est passé de la façon suivante : il se trouve que juste après l’‘ouverture’, l’Université Charles m’a donné un doctorat honoris causa, ce que j’ai beaucoup apprécié, d’une part parce que c’est la première grande université d’Europe centrale, historiquement. Suite à cela, je suis venu à Prague avec le directeur de la recherche de la compagnie Rhône-Poulenc qui était la grande compagnie chimique française. On s’est concertés et on s’est dit que ce serait bien d’aider les chercheurs, principalement pour une raison : avec l’ouverture et les salaires misérables des jeunes chercheurs, ils cherchaient évidemment à partir... Or le pire qui puisse arriver à un pays, c’est de perdre ses jeunes chercheurs... »

Comment jugez-vous le « cru 2008 » ?

« Je n’ai pas vu les choses en détails, mais il y a des jurys qui s’en occupent et ils ont en général fait un bon travail, donc j’espère qu’ils l’ont fait cette année aussi ! »

Vous avez dit lors de la remise des prix que le Premier prix de chimie était un peu particulier cette année, pourriez-vous nous rappeler pourquoi ?

Photo: Commission européenne
« Tous ceux qui reçoivent le premier prix recoivent un chèque mais en même temps, l’ambassade de France a fortement contribué en rajoutant aux trois premiers prix une bourse de deux mois pour faire un séjour en France dans un laboratoire de recherche. Et il se trouve que le Premier prix de chimie viendra cette année dans mon laboratoire. »

Jitka Veselovská est une des heureuses élues de ce prix scientifique franco-tchèque :

« Je viens de la faculté de médecine d’Olomouc. Je fais des recherches sur la leucémie. Ce prix est une très bonne occasion d’avoir une expérience, et c’est une très bonne motivation, parce que la recherche, c’est vraiment très exigeant. Obtenir ce prix c’est une motivation pour poursuivre dans mon sujet. »