« J’en prends une »
Salut à tous les tchécophiles de Radio Prague – Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha ! Comme convenu la semaine dernière, nous allons poursuivre, cette fois, notre petite série consacrée aux expressions et locutions de la langue tchèque dans lesquelles se trouvent des chiffres. Lors de la dernière émission, nous nous étions ainsi intéressés aux chiffres « zéro » – nula, surtout, et partiellement « un » – jedna, et « deux » – dva. Pour cette fois, c’est uniquement le chiffre « un » qui fait l’objet de notre attention, et vous allez très vite découvrir pourquoi…
Une fois cela précisé, revenons donc tout d’abord au chiffre « un – une », qui, en tchèque, se dit « jeden, jedna, jedno » selon qu’il s’agisse du cas masculin, féminin ou neutre. Les expressions dans lesquelles on retrouve ce chiffre sont en effet relativement nombreuses et certaines méritent que l’on s’y attarde. Tout d’abord, les Tchèques étant un peuple de grands buveurs de bière, sachez que si l’un d’entre eux dit « dám si jedno », soit « j’en prends une », cela signifie qu’il va prendre une bière – jedno pivo. On peut penser, sans gros risque de nous tromper, que le mot « bière » - « pivo » disparaît tant le fait qu’il s’agit d’une bière est évident.
Chose intéressante en tchèque, on retrouve souvent le chiffre « un » dans certaines expressions, et ce afin d’en renforcer le caractère injurieux ou la qualification péjorative d’une personne. C’est le cas lorsqu’un Tchèque dit, par exemple, « darebák jeden ! ». En français, cela équivaut à quelque chose comme « espèce de fripon ! » ou « espèce de petite canaille ». Ces expressions peuvent être parfois être beaucoup plus injurieuses, mais elles peuvent aussi être une manière d’exprimer une certaine forme de tendresse, généralement pour un petit enfant. Le plus souvent, les Tchèques disent alors « Ty jeden », une formule difficilement traduisible en français autrement que par « espèce de » et qui est suivie d’un autre mot servant à qualifier la personne à laquelle on s’adresse et à bien lui faire comprendre le fond de notre pensée. Sans nous intéresser aux injures et insultes, citons, par exemple, la locution « ty kluku jeden », qui, traduite mot à mot, nous donne « toi garçon un » et n’a donc aucun sens, mais qui en réalité signifie plutôt quelque chose comme « petit coquin » ou « espèce de petit coquin ».
Parfois, l’emploi du chiffre « un » dans une phrase sert paradoxalement à donner l’idée d’une grande quantité, l’idée aussi de quelque chose d’incessant, de continu, de permanent. Par exemple, si quelqu’un est couvert d’hématomes, de bleus, les Tchèques diront « byl jedna modřina », soit littéralement « il était un bleu ». Cela signifie donc que son corps était recouvert de bleus. Autre exemple, mais toujours dans le même ordre d’idées, si vous entendez dire que « l’arbre est une fleur » - « strom je jeden květ », cela signifie tout simplement que l’arbre en question est recouvert de fleurs, que ses branches sont pleines de fleurs. Enfin, si un Tchèque dit « dům byl v jednom plameni », soit littéralement « la maison était dans une flamme », cela indique que la maison était toute en flammes, que le feu était à son maximum et que l’incendie était alors continu.
On retrouve encore le chiffre « un » dans de nombreuses expressions de la langue tchèque, dont certaines sont d’ailleurs tout à fait similaires à celles qui existent également en français. Mais nous avons fait le choix de vous présenter certaines expressions propres à la langue tchèque. C’est donc ainsi que s’achève ce « Tchèque du bout de la langue ». Dès la semaine prochaine, nous poursuivrons notre série en nous intéressant à d’autres chiffres. D’ici-là, portez-vous du mieux possible – mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous – slunce v duši, salut et à bientôt – zatím ahoj !