Jeudi aura lieu la plus importante grève dans l’histoire de la République tchèque
C’est une première dans ce pays qui a rarement recours à la grève comme moyen de pression. Jeudi 16 juin, les transports publics devraient être paralysés à travers toute la République tchèque. Les syndicats de transports, soutenus par d’autres organisations syndicales encore, veulent ainsi protester contre les réformes économiques envisagées par le gouvernement, notamment contre le recul de l’âge de départ à la retraite et la réforme du système des retraites en tant que telle, mais aussi contre les mesures d’austérité dans le secteur de la santé publique.
Les détails sur les perturbations des transports, notamment sur le trafic du métro pragois, devraient être annoncés dans les prochaines heures. Si, d’après le sondage de l’agence SC&C réalisé pour la télévision publique, 70% des Tchèques soutiennent ce mouvement gréviste, près de 60% des citoyens ont rejeté une de ses formes les plus radicales, à savoir le blocage improvisé des principales artères de Prague, évoqué ce week-end par Bohumír Dufek, chef de l’Association des syndicats indépendants. D’après les informations publiées ce lundi par le serveur Internet Aktuálně.cz, les syndicalistes auraient toutefois renoncé au blocage des autoroutes. En revanche, ils envisagent l’organisation d’une marche de protestation au centre de la capitale.
Le gouvernement se refuse à renoncer aux réformes planifiées, même si le Premier ministre Petr Nečas se dit ouvert aux négociations à ce sujet. Pour le ministre des Finances Miroslav Kalousek il s’agit, de la part des syndicats, d’une démarche politique et anti-gouvernementale. Dimanche, le ministre des Finances a pris part à un débat télévisé avec les leaders des syndicats des transports. Il a déclaré :« Nous devons nous préparer à ces protestations et prendre les mesures nécessaires, pour que les gens innocents que vous prenez en otage ne soient pas touchés. Vous savez, si vous bloquiez ma maison à Bechyně, pour que ne puisse ni entrer ni sortir, je comprendrais, puisque mon ministère a soumis les lois en question au gouvernement. Mais bloquer des gens innocents qui n’ont rien à voir avec la grève… j’ai du mal à le comprendre. »
Pour le président de la République aussi, il s’agit d’une « grève politique ». D’après Václav Klaus, le gouvernement devrait adopter une position stricte et intransigeante vis-à-vis des grévistes. Le chef de l’Etat estime même qu’il est l’heure de chercher un moyen législatif pour empêcher les grèves d’une telle ampleur. A noter dans que la République tchèque manque toujours d’une loi sur le service minimum : dans le contexte actuel, le ministre de la Justice s’est engagé à élaborer son projet d’ici six mois.La plus importante grève dans l’histoire de la République tchèque pourrait causer au secteur des transports des dommages évalués à plus de 10 millions d’euros. Jeudi, certains établissements scolaires à Prague seront fermés. Le ministre de l’Intérieur Jan Kubice a annoncé que la police tchèque serait en alerte et prête à intervenir en cas de l’éventuel blocage des autoroutes à Prague. Le maire de Prague Bohuslav Svoboda, quant à lui, a carrément appelé ses concitoyens à éviter de se déplacer dans le centre de la capitale. Il s’est toutefois voulu rassurant, annonçant que les capacités des sapeurs-pompiers seraient renforcées tout au long de la grève qui devrait prendre fin jeudi à minuit.