Jihlava, capitale mondiale du film documentaire pendant le festival

Photo: www.dokument-festival.cz

La treizième édition du festival international du film documentaire se termine ce dimanche dans la ville de Jihlava au centre de la République tchèque. En quelques années, ce festival est devenu une référence pour les professionnels du secteur. Helena Fantl travaille pour la Fémis, l’école française de cinéma, où elle est responsable du programme Archidoc. Archidoc a pour objectif de soutenir le développement de projets de films originaux dans leur approche des archives et d’aider leurs réalisateurs à accéder au marché international du documentaire. Helena Fantl était à Jihlava ce week-end avec une dizaine de participants à cet atelier professionnel qui sont venus y développer leur projet.

Helena Fantl
« C’est la première fois qu’Archidoc vient en République tchèque. Archidoc existe depuis cinq ans sous sa forme actuelle. C’est un atelier de développement du documentaire. D’une façon générale cela porte sur l’écriture. C’est la première fois qu’on s’expatrie. J’avais repéré le festival de Jihlava comme un lieu de prédilection parce que c’est devenu un très grand rendez-vous international très intéressant de cinéma documentaire. Pas seulement parce qu’il est tourné vers les pays de l’Est mais aussi parce qu’on a l’impression qu’il s’y passe énormément de choses, qu’il y a une énergie rare, on y voit des projets et des personnes extraordinaires. C’est vraiment un endroit très très stimulant. Donc l’atelier Archidoc se déroule en trois sessions, dont la première ici à Jihlava.»

Comment se déroule concrètement cet atelier ?

« L’atelier reçoit un cofinancement du programme Media de l’UE, de la région Aquitaine et pour la première fois cette année du ministère tchèque de la Culture. Nous faisons un appel européen à propositions, nous cherchons des projets de films de personnes qui souhaitent être accompagnées dans le développement de leur film. Nous sélectionnons dix projets et nous accompagnons ces projets dans la phase de développement, la Fémis ne produit pas.

En trois sessions d’environ une semaine chacune nous aidons les participants à affiner leur projet, à déterminer le mode narratif, à monter ou à remonter leur film-annonce, un trailer, et dans un troisième temps nous les accompagnons pour une séance de pitching au Fipa à Biarritz. Nous les préparons avec des tuteurs de pitching, des personnes qui les aident à savoir comment se présenter et présenter leur projet le mieux possible. Ces projets sont proposés à des diffuseurs européens et à des producteurs ou coproducteurs internationaux. »

Dans quelques jours l’Europe va célébrer les vingt ans de la chute du communisme. Est-ce que cet anniversaire est un thème abordé dans les projets qu’on vous a soumis et ici à Jihlava ?

« A Jihlava certainement, parce que c’est un festival orienté vers les ‘nouveaux pays’ donc forcément ce passé est extrêmement présent. Il est aussi très présent, et surtout cette année, dans les projets qui nous ont été présentés à Archidoc. Nous avons plusieurs projets, dont une jeune femme franco-russe qui travaille sur des archives de Novosibirsk et sur la vie de sa grand-mère, un projet polonais aussi sur la recherche des racines juives du réalisateur. »

Les nouveaux médias entraînent une évolution qui concerne également le cinéma documentaire. On voit déjà ce qu’on appelle le web-documentaire, avec une arborescence complexe qu'un film ne permet pas. Est-ce selon vous l’avenir du documentaire ?

« Ce qui me semble certain est que l’avenir ce sont de nouveaux modes de diffusion autres que les canaux traditionnels. Il y a un énorme engouement pour le documentaire en France, en Europe. Le documentaire est très florissant, il y a des festivals et des queues au cinéma. C’est nouveau. Mais dans le même temps, les cases prévues pour le documentaire par les chaînes de télévision rétrécissent à vue d’œil et sont de plus en plus formatées et formatantes.

Photo illustrative: Archives de Radio Prague
Il est certain qu’en raison de cette pression vont se développer – et c’est heureux d’ailleurs – d’autres modes de diffusion. Le web-documentaire que vous évoquiez nécessite une écriture particulière, interactive. Ça me paraît très intéressant. C’est certainement l’avenir du documentaire. Cela permet d’utiliser les mécanismes qu’on a acquis depuis plusieurs années : cliquer, rechercher est devenu pour tous une seconde nature. »