Festival Ji.hlava : « universalité et visibilité » pour la réalisatrice de documentaires primée Judith Auffray
Au festival international du film documentaire de Jihlava, le film « 7h15 – merle noir » de la réalisatrice française Judith Auffray a reçu ce week-end le prix principal ainsi que le prix de la meilleure caméra dans la catégorie Opus Bonum, qui récompense les meilleurs films étrangers. Au micro de Radio Prague International, Judith Auffray a évoqué non seulement ce moyen métrage entre documentaire et fiction, qui donne la parole autant aux oiseaux qu’aux hommes, mais aussi son projet de long métrage interrogeant à nouveau les relations entre humains et animaux sauvages. Mais tout d’abord, elle a expliqué ce que cette récompense et le festival Ji.hlava représentaient pour elle – et pour le milieu du cinéma documentaire en France.
Que représentent ces prix obtenus à un festival tchèque pour la réalisatrice française que vous êtes ?
« C’est génial ! Tout d’abord, parce que cela veut dire que le film peut traverser les frontières. Il y a donc une universalité qui me semble vraiment chouette. J’étais déjà venue au festival Ji.hlava il y a deux ans [pour présenter mon film ‘Une maison’], et je trouve que ce festival international du film documentaire a un regard très intéressant sur la création documentaire d’aujourd’hui, l’ouvrant en même temps à d’autres formes de documentaires qui sont très proches de la fiction, comme mon film « 7h15 – merle noir ». Je suis donc très honorée de ce prix. D’autant que festival Ji.hlava travaille également avec d’autres festivals de documentaires européens ; cela représente donc une certaine visibilité pour mon film. »
« Un regard intéressant sur la création documentaire d’aujourd’hui »
Le festival Ji.hlava est-il très connu dans le milieu du film documentaire en France ?
« Il est assez connu. C’est une référence dans le milieu dans lequel je gravite. »
Outre le prix principal de la catégorie Opus Bonum, votre film « 7h15 – merle noir » a également remporté un prix pour le meilleur travail de caméra, une distinction décernée par le festival Ji.hlava depuis sa 25e édition, l’an dernier. A qui vont les honneurs ? et pensez-vous qu’il est important de mettre en valeur et de récompenser le travail de caméra, de son et de montage ?
« Le chef opérateur de mon film s’appelle Mario Valero, et il était assisté de Raimon Gaffier. Tous deux sont des jeunes chefs opérateurs ; Mario est par ailleurs réalisateur. Ils formaient un binôme génial. »
« Je pense que c’est important, car dans le cinéma documentaire, on peut avoir tendance à penser que les partis pris artistiques ou formels sont laissés de côté. Or je pense que cela n’est pas vrai. Encourager et récompenser le son et l’image me semble donc important. A ma connaissance, les autres festivals de documentaire ne le font pas. Je trouve néanmoins qu’il s’agit d’une très bonne idée. »
Un audio-naturaliste et une chanteuse d’oiseaux
Pouvez-vous présenter à nos auditeurs le sujet de votre film « 7h15 – merle noir » ?
« C’est un film qui se base sur une matière très documentaire, mais il s’agit plutôt d’une fiction. Elle tourne autour d’un audio-naturaliste, qui passe donc ses journées à enregistrer le son des animaux dans la forêt, et qui vit comme un ermite dans une forêt en Lozère, dans les Cévennes, une région très reculée de France. Il enregistre, emmagasine, note, archive tous les sons des animaux qu’il entend. Une nuit, il entend un cri qu’il n’arrive pas à identifier. Il part à la recherche de cette créature, accompagné par une jeune fille qui a la capacité de communiquer avec les oiseaux. »
Ou pourra-t-on voir ce film dans les semaines et mois à venir ? Va-t-il être projeté, ou est-il disponible en ligne ?
« Je ne sais pas… mais j’espère qu’il va continuer sa vie. Depuis la République tchèque, il est accessible en ligne jusqu’au 13 novembre [dans le cadre de Ji.hlava online]. Pour les autres pays, il faut attendre, car pour l’instant, le film continue sa vie en festival, et tant qu’il sera visible en festival, il ne le sera pas sur Internet. »
Après ce succès, travaillez-vous déjà sur un autre film ?
« J’ai terminé ‘7h15 – merle noir’ il y a quelques temps déjà. Depuis, j’ai réalisé un court métrage, à partir duquel je suis en train de développer un long métrage. Il porte sur les relations entre les humains et les orangs-outans. C’est le prolongement de ce questionnement sur les relations entre les humains et les animaux sauvages, en quelque sorte. »