JO 2024 : en Tchéquie aussi, une cérémonie d’ouverture qui a plu, mais pas à tout le monde
Comme ailleurs dans le monde, les réactions en Tchéquie qui ont suivi la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à Paris, vendredi soir dernier, ont été nombreuses et très diverses, tandis que la délégation tchèque attend toujours sa première médaille.
Un peu plus d’un million de téléspectateurs en Tchéquie ont suivi la cérémonie d’ouverture et on exagère à peine en affirmant que les commentaires, notamment sur les réseaux sociaux, ont été tout aussi nombreux. Une chose est sûre : en Tchéquie non plus, cette cérémonie, la première de l’histoire hors d’un stade, n’a laissé personne, ou presque, indifférent.
« L’ouverture des Jeux ? Un orgasme de formidables idées, parfois de l’ennui et un show d’une longueur insoutenable », a estimé, par exemple, un chroniqueur de Reflex.cz, un site au ton souvent volontairement provocateur. « Le tout était spectaculaire, très audacieux, mais insaisissable par endroits. Français, quoi ! », résume aussi l’auteur, pour qui, au final, « Paris a offert au monde une cérémonie d’ouverture des JO sans précédent et, d’une certaine manière, insensée (compte tenu des craintes en matière de sécurité) ».
Comme ailleurs aussi, certains passages controversés du spectacle ont suscité de l’indignation, notamment dans les cercles conservateurs. « Liberté olympique ou guerre culturelle ? Les Français jouent à Louis XIV, les puritains sont furieux », pouvait-on ainsi lire sur Lidovky.cz, le site du quotidien généraliste Lidové noviny, dont un autre auteur affirme également que « les scandales font partie du décor français ». Lorsque l’on pousse un peu la lecture de ces commentaires, on s’aperçoit néanmoins qu’il ne s’agit pas là nécessairement d’une critique. « Paris a misé sur une certaine singularité, disons sur l’exception française », souligne d’ailleurs l’un d’eux.
Mais la cérémonie a également été applaudie pour son caractère à la fois orginal et audacieux. Et c’est même des deux mains que les médias libéraux l’ont fait. « L’ouverture des Jeux a été époustouflante et elle a fait perdre à beaucoup l’illusion d’un monde parfait », se félicite le rédacteur en chef de Respekt.cz, pour qui, encore, « une médaille d’or a déjà été décernée dans une discipline : l’indignation ». Prenant pour cible les conservateurs, « et pas seulement en Tchéquie », il explique toutefois:
« Il n’existe rien qui plaise à tout le monde. Il faut donc accepter qu’il y ait des choses qui ne sont pas faites pour nous, qui plairont à quelqu’un d’autre. Bien sûr, il y a aussi des limites à cela, mais elles n’ont certainement pas été dépassées ici. Pour moi, jusqu’à présent, la présence de choses et de phénomènes qui ne me plaisent pas, qui offrent un point de vue différent, ou qui représentent des contextes culturels différents, est la preuve que je vis dans la bonne partie du monde. À savoir, un monde libre et donc diversifié. »
Même son de cloche, enfin, du côté du quotidien Deník N, qui regrette que « la forme même de la cérémonie d’ouverture [ait] résumé les cauchemars de nombreux Tchèques à l’égard du monde contemporain. Celui-ci est, de ce point de vue, trop ouvert à des tendances qui sont encore perçues comme suspectes en Tchéquie. » Ici aussi, l’auteure se demande « quand comprendra-t-on enfin en Tchéquie que le monde est fait pour tout le monde, non seulement pour ceux qui aiment jurer le soir dans les brasseries en buvant leur bière, mais aussi pour ceux qui se distraient de manière tout à fait différente ? »
Et quid des sportifs tchèques eux-mêmes, alors que Reflex note encore que « moins de 14 secondes » ont été consacrées au passage de leur bateau lors de cette cérémonie d’ouverture, et ce, malgré le fait que leur tenue officielle, qui avait suscité tant de critiques en Tchéquie lors de sa présentation, soit considérée par beaucoup d’observateurs comme une des plus réussies de toutes ?
Au-delà de la cérémonie en elle-même, à laquelle ils n’ont finalement été qu’une trentaine à participer, beaucoup, des escrimeurs au Grand Palais aux cavaliers au Château de Versailles, ont d’abord apprécié la qualité et le cadre exceptionnel des sites sur lesquels se déroulent les premières journées de compétition. Et si le premier week-end s’est achevé sans médaille, il a néanmoins été marqué par quelques belles performances, et notamment la qualification de la nageuse Barbora Seemanová pour la finale du 200 mètres nage libre (ce lundi soir, peu après 21h30) ou la victoire pour son premier match de groupe de la paire Perušič-Schweiner en beach-volley.
