Les XXes Jeux olympiques d'hiver se sont achevés, dimanche soir, à Turin. Avec quatre médailles, dont une d'or décrochée par la fondeuse Katerina Neumannova sur 30 km style libre, le bilan de la République tchèque est somme toute positif et conforme aux objectifs de départ.
La victoire contre la Russie, photo: CTK
Certes, tout un pays attendait un nouveau triomphe de l'équipe de hockey sur glace, huit ans après le sacre de Nagano. Finalement, les Tchèques doivent se contenter d'une médaille de bronze. Après un tour éliminatoire pour le moins laborieux, la belle victoire (3-1) contre le voisin slovaque en quart de finale et la débâcle (3-7) essuyée contre la Suède en demi, les champions du monde en titre ont tout de même trouvé la motivation suffisante pour battre la Russie (3-0), samedi, lors du match de consolation pour la troisième place. Un match qui a sans doute été le dernier en équipe nationale pour un certain nombre de joueurs d'une génération exceptionnelle, et notamment pour Jaromir Jagr. A 34 ans, l'ailier des New York Rangers, considéré par beaucoup comme le meilleur attaquant tchèque de tous les temps, a annoncé qu'il faisait ses adieux à la sélection, fatigué par l'attention et les attentes du public et des médias à chacune de ses apparitions sous le maillot frappé du lion de Bohême. Le tournoi de Turin aura aussi été marqué par la dernière apparition dans la cage d'une autre légende du hockey tchèque, le gardien de but Dominik Hasek. A 41 ans, le héros de Nagano n'a toutefois pas eu la sortie qu'il méritait, puisque, blessé aux adducteurs, il a dû quitter ses partenaires après seulement dix minutes de jeu lors du premier match de groupe contre l'Allemagne.
Katerina Neumannova, photo: CTK
La déception qui découlait, vendredi, de l'élimination des hockeyeurs contre les Scandinaves, futurs vainqueurs, aura contrasté avec la joie et le succès, quelques heures plus tôt, de Katerina Neumannova sur le 30 km style libre. Jusqu'alors abonnée aux places d'honneur, la skieuse tchèque, auteur d'un finish que la télévision tchèque a passé et repassé tout au long du week-end, a enfin remporté le premier titre olympique de sa carrière, complétant ainsi sa collection de quatre médailles d'argent et une de bronze obtenues successivement aux Jeux de Nagano, de Salt Lake City puis de Turin. Les images la montrant épuisée, allongée dans la neige juste derrière la ligne d'arrivée et rejointe par sa petite fille pour partager son bonheur resteront l'un des grands moments d'émotion de ces Jeux. Par ailleurs, à 33 ans, « Katka », porte-drapeau lors de la cérémonie de clôture, est devenue la première femme tchèque sacrée lors d'une olympiade d'hiver, offrant par la même occasion à son pays la quatrième médaille d'or de son histoire, après Jiri Raska en saut à skis à Grenoble en 1968, l'équipe de hockey sur glace à Nagano en 1998 et Ales Valenta en ski acrobatique à Salt Lake City en 2002. Autant dire que la performance est de taille...
Elle l'est d'autant plus qu'en Italie, Neumannova est également montée sur la deuxième marche du podium de l'épreuve de poursuite (2x7,5 km parcourus en style classique puis libre). Elle a été imitée en cela chez les hommes par Lukas Bauer, médaillé d'argent du 15 km style classique.
Au total, quatre médailles, donc, pour ce qui constitue le meilleur bilan tchèque aux Jeux olympiques d'hiver depuis la partition avec la Slovaquie en 1993.
Katka Neumannova dans l'histoire
Katerina Neumannova, photo: CTK
Si le titre décroché par Katerina Neumannova dans une discipline aussi ingrate que peut l'être le ski de fond restera gravé pendant longtemps dans de nombreuses mémoires, il le sera également parce que la victoire a été arrachée au terme d'une arrivée à couper le souffle. Annoncée malade encore la veille de l'épreuve, la Tchèque s'est finalement décidée à s'aligner quelques heures avant le départ. Et après 1h22'25'' de course, Neumannova a finalement devancé la Russe Julija Tchepalova de 1''4 et la surprenante Polonaise Justyna Kowalczyk de 2''1. Un scénario auquel la fondeuse tchèque avait bien du mal à croire, même une fois la médaille autour du cou :
« C'est sûr que je ne me sentais pas capable de « faire » la course, de prendre la tête et d'imposer le train dans les montées et à l'approche de l'arrivée. Je suis donc contente que ce soit Julija Tchepalova qui ait dicté le tempo. Grâce à son travail et à celui de Justyna Kowalczyk, plusieurs adversaires ont été lâchées tandis que de mon côté, je me suis acrrochée à elles. Mais lors de la dernière montée, j'étais en troisième position et comme j'étais à bout de forces, j'espérais simplement conserver cette place. Et puis, dans le sprint final, je ne sais pas très bien ce qui s'est passé : je les ai remontées et dépassées toutes les deux, mais je pense que 'quelqu'un en haut' a dû m'aider et me pousser. »
Aide divine ou pas, l'entraîneur de Neumannova, Stanislav Frühauf retenait, lui, avant tout, le travail de sa protégée :
« C'est un vrai bonheur. Je suis heureux pour elle. Katka a fait tant de sacrifices pour en arriver là... Je pense que très peu de gens peuvent s'en rendre compte. Mais devenir championne olympique après autant de travail et d'efforts rend la victoire encore plus belle. Ce titre va lui rester jusqu'à la fin de sa vie et c'est là l'essentiel. »
La patineuse de vitesse Martina Sablikova pour succéder à Neumannova ?
Martina Sablikova, photo: CTK
Dans les autres disciplines, retenons encore la quatrième place de Martina Sablikova, porte-drapeau lors de la cérémonie d'ouverture, sur 5000 mètres, samedi, en patinage de vitesse. En 7'01''38, la jeune Tchèque a certes battu son propre record du monde juniors de la distance, mais ce temps s'est révélé insuffisant de 81 centièmes de seconde pour enlever la médaille de bronze. Une quatrième place qui a fait fondre en larmes Sablikova, mais à 18 ans, c'est d'ores et déjà à un bel avenir qu'elle semble promise sur les traces de son modèle, l'Allemande Claudie Pechstein, triple championne olympique sur 5000 m. Et dans un pays qui ne dispose pourtant d'aucune piste couverte propice à la pratique du patinage de vitesse, la Cendrillon qui s'entraîne sur les étangs gelés de sa Moravie du Sud et dans le salon de son appartement pourrait bien devenir l'un des principaux espoirs de titres et de médailles tchèques lors des prochains Jeux de Vancouver en 2010.