Julie Hruskova : un destin de prisonnière politique dans les années 50

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Suite aujourd'hui, du témoignage de Julie Hruskova, condamnée pour espionnage à 15 ans de prison par le régime communiste dans les années 1950. Le 29 septembre avait lieuune rencontre du souvenir, organisée par la Confédération des anciens prisonniers politiques, consacrée exclusivement aux femmes.

Retrouvons Julie Hruskova, qui nous raconte comment, dans l'atmosphère d'un des 15 camps différents où elle a été enfermée, les prisonnières trouvaient des moyens d'échapper à leur condition, comment les femmes parvenaient à être solidaires aussi :

« J'ai appris l'anglais. Auprès de l'écrivaine Nina Svobodova, j'ai appris des poèmes. Nous faisions aussi du théâtre, mais tout cela était bien entendu fait en secret. Grâce à Jirina Stepnickova, j'ai lu des pièces de théâtre, car c'était une comédienne. Elle possédait des livres qu'elle avait été autorisée à garder, mais bien entendu elle n'avait pas le droit de les prêter. Nous étions jeunes, moi j'avais 21 ans. J'ai essayé de me cultiver, parce que je n'étais qu'une simple jeune fille. »

Cette rencontre organisée par la très active confédération des anciens prisonniers politiques était d'autant plus importante qu'elle était dédiée aux femmes. Peu à peu, alors qu'une bonne partie des atrocités du régime communiste sont mises à jour, étudiées, discutées, d'autres pans de l'histoire, d'autres points de vue laissés jusqu'alors de côté, comme le cas des femmes dans les camps communistes, commencent à être évoqués. En 2003, un témoignage capital, celui de Dagmar Simkova, a été réédité en République tchèque. Son titre, Nous aussi, nous y étions, rappelle bien l'impasse faite sur ces femmes enfermées parce qu'elles menaient des actions anti-communistes, parce qu'elles étaient liées à un « ennemi du peuple », parce qu'elles étaient d'origine sociale suspecte, pour toute raison absurde que le régime totalitaire, machine à broyer les destins, voulait bien trouver.

« Justement, Dagmar Simkova parle de moi dans son livre avec le surnom qu'on me donnait : « moustique », à cause de tout ce que je disais contre notre commandement. Je voulais toujours rendre joyeuses les autres femmes quand elles étaient tristes, donc quand un ordre était émis par exemple, je disais : « encore un coup porté à l'impérialisme américain ! », alors elles riaient et la vie continuait. »

Julie Hruskova réconfortait les femmes qui avaient été emprisonnées et dont les enfants avaient été placés en orphelinat. Elle explique qu'elle-même était jeune et sans attaches, et pouvait donc se consacrer à ces mères déchirées. Sans attaches, Julie Hruskova l'était, car lors d'un interrogatoire musclé mené par la StB, la police politique communiste, elle perd l'enfant qu'elle attendait. Preuve s'il en fallait encore, que les femmes n'ont pas été épargnées. Et le retour à la vie civile, après ces années de jeunesse perdues, n'était pas pour autant synonyme de paix retrouvée. Ni de soumission non plus, pour Julie Hruskova :

« Quand je suis rentrée à la maison, ils ont continué à me surveiller jusqu'à l'élection de Havel. Parce que bien sûr, mes opinions, j'ai continué à les exprimer même quand je suis rentrée. »