Karel Capek

Karel Capek
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Ils étaient trois enfants : Helena, Josef et Karel, deux artistes, deux frères très proches, liés par un amour fraternel extraordinaire. Ils habitaient ensemble à Prague et à Paris, travaillaient à la rédaction du quotidien Lidové noviny, faisaient tout en commun. Même le mariage de l'un et de l'autre ne créa aucune entrave à leurs relations personnelles. Sauf que dans les années trente, ils se séparent sur le plan professionnel : Karel en reste à l'écriture et Josef se consacre surtout à la peinture. Les frères Capek sont devenus le couple d'écrivains le plus connus. Aujourd'hui, je vais vous parler de Karel et la prochaine fois de Josef, son frère aîné.

Karel Capek, né le 9 janvier 1890 dans la région de Trutnov en Bohême du nord, est considéré comme l'un des plus grands écrivains tchèques du XXe siècle. Grand ami du président Masaryk, il reste le symbole d'une Tchécoslovaquie libérale. Au cours de sa vie, l'écrivain publie un grand nombre d'articles, de récits, feuilletons de voyages, romans dont la Fabrique d'absolu, pièces de théâtre - R.U.R., sans oublier Daschenka - histoire sur la vie d'un petit chiot pour les enfants. Il détermine très bien la soumission, allant jusqu'à l'esclavage de l'homme, à ses créations scientifiques, voir techniques. D'ailleurs, c'est lui qui a inventé le mot robot. Toute sa vie, Karel Capek luttait contre le fascisme et le totalitarisme, critiquait la déshumanisation par la mécanisation de la société industrielle. Ses oeuvres ont été traduites en plus de trente langues dont le danois, le chinois, le français, l'arabe, l'anglais... La mère des frères Capek était une jolie femme brune, cultivée, sensible, énergique et parfois hystérique. Elle essayait d'être à la hauteur face aux nouvelles tendances littéraires. Leur père était un médecin soignant les travailleurs des mines et les patients balnéaires. La famille passait les vacances au moulin des grands-parents maternels, séjour dont les enfants garderont de merveilleux souvenirs pour la vie.

Karel fait ses études secondaires aux lycées de Hradec Kralove, de Brno et la dernière année au lycée académique de Prague. C'est un très bon étudiant, passionné par la littérature. Il publie ses deux premiers poèmes à quatorze ans dans l'hebdomadaire de Brno, Nedele (Dimanche). Il suit ses études universitaires à la faculté des lettres de l'Université Charles, à Prague. Le jeune Karel fera un semestre à l'université de Berlin et un semestre à la Sorbonne. Il termine ses études universitaires alors que la Grande guerre fait ravage en Europe et n'arrive pas à décrocher un emploi. C'est alors le moment, où pour gagner son pain, il se met à l'écriture. Il publie plusieurs livres en prose avec son frère Josef et écrit des articles pour différents magazines comme Moderni revui, Lidove Noviny, Lumir, Novina, Stopa, Narodni listy et d'autres. Finalement il arrive à trouver le poste d'assistant au Musée national qu'il abandonnera pour devenir précepteur chez le comte Prokop Lazensky. Après six mois, K. Capek part au service militaire. Heureusement pour lui, il n'est pas admis. Il revient au poste d'assistant au musée, qu'il quitte après quinze jours, pour entrer à la rédaction de Lidove noviny avec son frère Josef. Il ne cessera de travailler pour le quotidien toute sa vie, tout en écrivant ses romans, pièces de théâtre et contes de fée. L'oeuvre de K. Capek devient mondialement connu. Entre autre, il traduit G. Apollinaire, présente en 1921 la première de sa pièce de théâtre Loupeznik (le Brigand) et cinq ans plus tard la pièce R.U.R., au Théâtre national.

C'est à cette époque, que l'écrivain est pour la première fois invité par le président Masaryk au Château de Prague. Les deux grands hommes se lieront d'amitié. K. Capek devient le conseiller littéraire informel du président et son journaliste, peut-on dire, personnel. Ces deux personnalités remarquables se rencontrent souvent pour discuter en tête- à - tête. Il en émanera les fameuses Discussions avec T.G. Masaryk (Hovory s T.G. Masarykem).

K. Capek n'a pas de vraies ambitions politiques, pourtant il est pris dans le maelström de la campagne électorale de 1925 du Parti national du Travail, fondé l'année même. Il se doit être un parti de l'intelligentsia ayant pour objectif une vision juste des revendications de la gauche, tout en respectant le positif et les atouts de la droite. Les principes fondamentaux prévoient entre autres le droit des travailleurs au bénéfice et leurs participation à la gestion de l'entreprise, le combat de la corruption, la suppression du Sénat, les postes de la fonction publique aux personnes compétentes et non aux carriéristes politiques, la séparation de l'Eglise et de l'Etat...La proclamation électorale du Parti national du Travail est publié par le journal Lidove noviny et signé par Karel Capek. Malheureusement, aux élections le Parti national du Travail n'a droit à aucun siège. L'écrivain se porte candidat pour le même parti encore une fois, en octobre 1927, et cela dans le cadre des élections au comité municipal de Prague XII. La seconde tentative reste également sans succès.

L'écrivain se marie avec l'actrice et écrivain Olga Scheinpflugova. Cette femme exquise, qu'il a fréquentée pendant quinze ans avant de l'épouser, est l'auteur de nombreuses pièces et romans sur la vie des femmes. Le récit Un roman tchèque est d'ailleurs un témoignage de sa vie avec Capek. En 1938, son mari sent bien la tension et une catastrophe politique s'approcher. En cette période critique, il rédige au nom des écrivains du monde littéraire tchécoslovaques un manifeste. C'est un avertissement au monde entier sur la gravité de la situation et sur la menace du fascisme. L'écrivain prend le Diktat de Munich très mal. Il est brisé, déçu, dégoûté, fatigué...

Karel Capek meurt le 25 décembre 1938, d'une pneumonie. Les funérailles ont lieu au château de Vysehrad. Il pleuvait, ce jour là, et pourtant des milliers de gens sont venus rendre les derniers honneurs à l'artiste.