Kasparov: "Vous ne pouvez pas vous comporter comme Loukachenko et être traité comme un leader démocrate"

Garry Kasparov, photo: Christian Rühmkorf

C'est avec un discours prononcé lors d'une conférence internationale sur la démocratie et la sécurité que George W. Bush a terminé son séjour dans la capitale tchèque. Un discours notamment marqué par une critique adressée à la Russie de Vladimir Poutine.

George W. Bush,  photo: CTK
« En Russie, on a fait dérailler les réformes qui promettaient de donner le pouvoir au peuple, avec de troublantes conséquences pour l'évolution démocratique », a lancé M. Bush devant cette conférence organisée par trois organisations non gouvernementales - espagnole, israélienne et tchèque - à laquelle ont participé plusieurs personnalités politiques, anciens dissidents, et actuels opposants.

Parmi eux, l'ancien champion du monde d'échecs, Garry Kasparov, figure la plus médiatique et la plus médiatisée de l'opposition à Vladimir Poutine. Et comme il l'a confié à Radio Prague, Kasparov estime que le discours prononcé par le président des Etats-Unis à Prague est un premier pas dans la bonne direction :

Garry Kasparov,  photo: Christian Rühmkorf
« C'est la première fois qu'il ne compare pas la Russie d'aujourd'hui à l'URSS d'hier, ce qui était l'excuse préférée du Département d'Etat pour dire qu'il y avait quand même du progrès... Il a convenu que la Russie n'allait pas dans la bonne direction. C'était un passage très court dans son discours, timide, ce n'est pas assez mais au moins c'est dans la bonne direction. Attendons de voir ce qui va se passer au sommet du G8. Bush, et d'autres comme Sarkozy et Merkel pourraient faire plus pour isoler Poutine en faisant passer ce message. Comme je dis toujours : vous ne pouvez pas vous conduire comme Loukachenko et être traité comme un leader démocrate. »

Dans son discours, le président américain a appelé à la libération « immédiate et sans condition » de plusieurs figures de la dissidence dans des pays comme la Biélorussie, la Birmanie, Cuba ou le Vietnam.

José Maria Aznar,  Vaclav Havel,  Natan Sharansky,  photo: Christian Rühmkorf
Parmi les participants à cette conférence organisée au ministère des Affaires Etrangères, il y avait aussi Vaclav Havel, ancien dissident et ex-président tchèque, qui a rappelé l'importance du soutien des pays démocratiques aux opposants à des régimes non-démocratiques :

« Je trouve formidable le fait que le président des Etats-Unis soit venu à cette conférence pour soutenir lui-même tous ceux qui luttent contre le non-respect des droits de l'homme dans le monde. »

Jiri Paroubek et George W. Bush,  photo: CTK
Cette conférence était la dernière étape de la visite du président Bush à Prague. Une visite pendant laquelle il aura beaucoup été question, comme prévu, du radar américain et des visas pour les Tchèques, dans ses conversations avec le président et le premier ministre, mais aussi avec le chef de l'opposition social-démocrate, Jiri Paroubek, dont la formation reste réticente au projet de bouclier antimissile.

La presse tchèque de ce mercredi retrace les quelques heures de « l'homme le plus puissant de la planète » à Prague. Elle se fait un malin plaisir à tancer les confrères américains, notamment ceux de la chaîne CNN, pour qui le président tchèque est devenu « Klaus Topolanek ». Et puis il est aussi beaucoup question dans les journaux de la chanson enregistrée par la ministre de la Défense à la gloire de l'Amérique et du radar américain.

Vlasta Parkanova et Jan Vycital,  photo: CTK
« Bonjour, drapeau rayé et étoilé (...) Bonjour radar, et bienvenue », etc. : Vlasta Parkanova n'a pas fait dans la dentelle en enregistrant ce disque avec un chanteur de country. Le titre est en plus une version revisitée de la chanson « Bonjour, major Gagarine », composée en 1961 à la gloire du cosmonaute soviétique. « Je voulais juste faire une surprise au président américain avec un cadeau original » a indiqué la ministre.

Mais son initiative en a choqué plus d'un et les députés sociaux-démocrates souhaitent qu'elle vienne s'expliquer devant le Parlement. En tout cas, elle a déjà offert en mains propres son CD à George Bush.