La composition du futur gouvernement n’échappe pas à une nouvelle polémique

Andrej Babiš, photo: Roman Vondrouš, ČTK

Après l’approbation par les sociaux-démocrates de la participation de leur parti à un gouvernement de coalition avec le mouvement ANO, le Premier ministre Andrej Babiš a présenté ce dimanche la composition de son gouvernement au président tchèque. Mais de nombreuses dissensions demeurent, notamment autour de la nomination du futur ministre des Affaires étrangères.

Andrej Babiš,  photo: Roman Vondrouš,  ČTK
Neuf mois après les dernières élections législatives, la République tchèque aura-t-elle enfin un gouvernement viable ? Dans ce cas précis, la métaphore de l’accouchement compliqué n’est pas usurpée car rarement le vainqueur d’une élection aura eu autant de mal à former son cabinet. Après avoir échoué à obtenir la confiance d’un premier gouvernement, le leader du mouvement ANO, Andrej Babiš, s’est efforcé d’en former un second, mais les négociations ont été âpres avec des sociaux-démocrates divisés sur la question même de leur participation.

Vendredi, le président du ČSSD a rendu publics les résultats d’un référendum interne, une consultation visant à légitimer cette participation à un gouvernement minoritaire, soutenu par les communistes. Finalement, 50,53 % des membres du parti social-démocrate se sont exprimés pour la formation de cette coalition, 40,20 % étant contre.

Lorsqu’il a présenté, dimanche, la composition de son cabinet au président tchèque, Andrej Babiš n’a toutefois pas communiqué à la presse les noms des ministres issus de son mouvement, pas plus qu’à ses futurs partenaires de coalition, ce qui n’a pas manqué de faire grincer des dents.

Les prétendants sociaux-démocrates à cinq ministères sont, eux, pour leur part, déjà connus. Et un nom parmi eux fait polémique : celui de l’eurodéputé Miroslav Poche, pressenti au poste de ministre des Affaires étrangères. Ses positions mesurées sur un possible accueil des migrants n’ont pas eu l’heur de plaire au chef de l’Etat Miloš Zeman, connu pour ses positions anti-quotas et anti-migrants. Ce dernier a toutefois fait savoir qu’il rencontrerait Miroslav Poche, tout comme les autres potentiels ministres. Une nouvelle appréciée par le leader du mouvement ANO, Andrej Babiš :

Miroslav Poche,  photo: ČTK
« J’espère que le fait qu’une réunion ait finalement lieu entre le président et Miroslav Poche, permettra de résoudre le problème. Et j’espère qu’il en sera de même du côté des communistes. Avec Jan Hamáček, nous devons trouver une solution avec eux. »

Car en effet, le parti communiste lui-même conditionne désormais son soutien au cabinet minoritaire au choix d’un autre social-démocrate à ce poste. Mais Jan Hamáček, chef de file du ČSSD, persiste dans son choix :

« J’ai participé aux réunions, et jamais je n’ai entendu de la part du parti communiste une telle condition. Jamais il n’a été dit que les communistes ne soutiendraient pas le gouvernement si Miroslav Poche était nommé aux Affaires étrangères. Si Vojtěch Filip (président du parti communiste, ndlr) veut jouer les choses ainsi, je peux dire qu’il s’agit d’un problème grave qui peut mettre en péril le projet de coalition. »

Le président tchèque entend sans doute demander à Miroslav Poche de renoncer de lui-même à sa candidature, mais ce dernier refuse pour l’heure de céder aux pressions.

En dépit de l’escalade des tensions liées à la nomination du locataire du palais Černín, Andrej Babiš maintient son intention de solliciter la confiance des députés le 11 juillet prochain. Il a toutefois reconnu que la nomination du gouvernement pourrait être effective plus tard que prévu.

Originellement planifiée d’ici la fin juin, la date exacte devrait sans doute dépendre des discussions prévues cette semaine avec tous les protagonistes de cet interminable feuilleton gouvernemental, mais aussi de la volonté des différents acteurs de poursuivre sur la voie d’une entente de principe, à défaut d’être cordiale. Ce qui semble pour l’heure quelque peu mis à mal par les déclarations des uns et des autres, la dernière en date étant celle du président du Sénat, le social-démocrate Milan Štech appelant ce lundi son parti à renoncer à cette coalition.