La consommation d’antidépresseurs a triplé en dix ans

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En dix ans, la consommation d’antidépresseurs a pratiquement triplé en République tchèque. Alors qu’en 2003, les Tchèques ne consommaient que près de 62,9 millions de doses définies d’antidépresseurs, en 2013, il était question de 183,6 millions de doses. Toutefois, il ne s’agirait pas d’un phénomène purement négatif, dans la mesure où cette hausse serait simplement la conséquence d’un diagnostic plus précoce de ce trouble mental.

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D’après les données de l’Institut national de la santé mentale (NÚDS), les troubles dépressifs font partie des diagnostics médicaux les plus fréquents en République tchèque. A l’heure actuelle, près de 100 000 personnes se soignent de dépression, mais selon l’Institut, le nombre réel de dépressifs tournerait aux alentours du demi-million de personnes. Les urgences psychiatriques du pays accueillent chaque année de plus en plus de patients qui se soignent de dépression, et ce pour différentes raisons, que ce soit pour des causes professionnelles, liées à la peur de perdre son emploi ou encore à un manque d’exercice physique. Pour Jiří Raboch, psychiatre et chef de la clinique psychiatrique de la Première Faculté de médecine de l'Université Charles de Prague, les raisons sont multiples, mais les facteurs sont toujours un peu moins perceptibles :

« Les facteurs de risque, auxquels les personnes ne savent pas faire face, sont plus nombreux. Il a toujours existé des facteurs de risque, mais ils étaient plus concrets. Aujourd’hui, ils sont moins palpables, moins saisissables, et c’est ce qui est encombrant pour le psychisme humain. Sans aucun doute, le fait est que l’obésité, le diabète et l’athérosclérose sont des maladies de plus en plus fréquentes, où la dépression apparaît simultanément. »

Photo: Štěpánka Budková
En moyenne, près de 5% de la population utiliserait des médicaments de manière régulière pour surmonter la dépression. En 2013, les distributeurs ont versé aux pharmacies et aux hôpitaux des antidépresseurs pour une somme de près de 959,4 millions de couronnes, soit environ 34,8 millions d’euros. Jakub Dvořáček, le directeur de l’Association de l’industrie pharmaceutique innovante, indique à ce propos :

« La consommation d’antidépresseurs dans le pays n’atteint pas les proportions des États-Unis, ou d’autres pays développés. Bien évidemment cela est dû au stress et au mode de vie. Mais si la dépression et des maladies similaires sont traitées à temps, cela ne peut être que bénéfique, car un diagnostic précoce peut aider les patients à surmonter cette maladie. La maladie n’aura pas la possibilité de se développer à un stade pouvant altérer la vie quotidienne de l’être humain, que ce soit du point de vue social ou du point de vue du travail. »

Ce sont donc également des diagnostics plus précoces des maladies mentales, qui conduisent à une augmentation de la consommation d’antidépresseurs. Le psychiatre Jiří Raboch précise :

Jiří Raboch,  photo: Šárka Ševčíková,  ČRo
« Nous savons plus de choses à propos de la dépression. Les médecins généralistes sont mieux instruits. Donc la dépression est diagnostiquée plus fréquemment, mais elle est aussi plus fréquemment soignée de façon appropriée. »

Selon Jiří Raboch, la dépression peut frapper à tout âge et n’importe qui : à l’heure actuelle, 1% des enfants en âge préscolaire souffriraient de dépression. Ce pourcentage augmente à 4% pour les enfants scolarisés, tandis qu’il grimpe jusqu’à 8% pour les adolescents.

L’utilisation de médicaments contre la démence a également augmenté de près d’un tiers, et ce principalement en raison de l’accroissement de l’espérance de vie humaine. Ce chiffre devrait ainsi continuer de croître avec le temps. C’est pourquoi depuis plusieurs années, des groupes de chercheurs en collaboration avec des sociétés pharmaceutiques investissent communément des dizaines de millions de couronnes pour développer de nouveaux traitements contre la démence sénile.