La coqueluche fait un retour en force en Tchéquie
Alors que le nombre de cas de rougeole a connu une hausse exponentielle ces dernières années, au point que la maladie n’est plus considérée par l’OMS comme « éliminée » en Tchéquie, la coqueluche fait aussi son grand retour dans le pays. A la fin septembre, on comptait déjà plus de 760 cas, soit un nombre supérieur à celui de l’année passée.
La recrudescence de maladies qu’on considérait jusque récemment comme appartenant au passé ne laisse pas d’inquiéter les autorités sanitaires, en Tchéquie comme ailleurs. L’Institut national de la santé table sur au moins un millier de cas de coqueluche (Černý kašel en tchèque) d’ici la fin de l’année. Pour Petr Šubrt, vice-président de l’Association des médecins généralistes, cette évolution est même alarmante sur le long terme :
« L’augmentation du nombre de cas de coqueluche est certes important par rapport à l’an dernier, mais ce qui est plus fondamental, c’est que ce nombre a triplé sur les quinze dernières années. »
Et ce sont les adultes, dans la catégorie d’âge entre 30 et 50 ans, qui sont les plus touchés par la bactérie Bordetella pertussis :« C’est un gros problème, car il faut réussir à repérer les adultes qui ont contracté la maladie. Or ces symptômes peuvent avoir l’air très banal chez les adultes. Ils sont difficiles à reconnaître, que ce soit par le patient, mais aussi par le médecin qui ne pense pas nécessairement à la coqueluche quand quelqu’un a de la toux. »
En cause de cette prévalence chez l’adulte, l’affaiblissement de l’immunisation mais aussi un vaccin moins efficace qui protège certes de la maladie, mais n’empêche pas sa transmission. En outre, la bactérie responsable de la coqueluche tend à muter, et se développe plus rapidement que le temps nécessaire aux chercheurs pour mettre au point un nouveau vaccin, comme le note Kateřina Fabiánová de l’Institut national de la santé :
« En raison de la pression vaccinale, les souches de type sauvage ont changé. Ainsi la bactérie ‘sauvage’ qui circule est différente des souches vaccinales existantes. Nous nous retrouvons donc avec un temps de retard derrière l’évolution de la bactérie. En raison de certaines obligations technologiques liées au développement du vaccin, nous accumulons du retard sur l’évolution de la bactérie. »
En Tchéquie, on vaccine contre la coqueluche depuis 1958. Cette infection respiratoire tire son nom en français des quintes de toux suivies d'une inspiration qui s'accompagne d'un son particulier, un sifflement rauque évoquant le chant du coq. Très contagieuse, la maladie se transmet facilement par voie aérienne lorsque le malade tousse, éternue ou parle.Dans les pays où les enfants sont vaccinés depuis des décennies, comme la Tchéquie, la transmission se fait aujourd’hui d’adultes ou adolescents aux nourrissons. Bénigne chez l’adulte, la maladie peut devenir très grave, voire mortelle chez les tout petits. C’est pourquoi l’Institut national de la santé recommande de procéder à un rappel du vaccin, chez les adultes, comme le confirme Petr Šubrt :
« Il existe ici sur le marché des vaccins combinés contre le tétanos, la diphtérie et la coqueluche. Lorsqu’on fait son rappel du tétanos, c’est l’occasion d’utiliser ce vaccin combiné. C’est notamment recommandé dans les familles qui s’apprêtent à accueillir un nouveau-né. Les mères peuvent d’ailleurs faire un rappel pendant la grossesse ou juste après avoir accouché. Cela minimise les chances que le bébé tombe malade s’il y a une personne porteuse de la maladie dans la famille. Comme je l’ai dit, un adulte peut être malade sans le savoir et croire qu’il n’a attrapé qu’un simple virus. »
Tout comme la rougeole, dont la recrudescence est avérée, la coqueluche fait partie de ces maladies qui se diffusent aisément et rapidement. A titre d’exemple, un seul enfant malade peut contaminer 90% des élèves de sa classe, expliquent les médecins. A l’heure actuelle, la coqueluche, dont le traitement repose sur la prise d’antibiotiques, se diffuse en Tchéquie tout particulièrement dans les villes, via les adultes.