L’épidémie de rougeole est « alarmante » selon les autorités sanitaires
Alors qu’ils n’ont été que 200 en tout et pour tout l’an passé, 88 cas de rougeole, essentiellement à Prague et dans la région de Moravie-Silésie, ont déjà été recensés depuis le début de cette année. Les autorités sanitaires tchèques s’inquiètent de la recrudescence de cette maladie infantile, un phénomène qui touche aussi d’autres pays en Europe.
Vice-ministre de la Santé et président de la Société tchèque de vaccinologie, Roman Prymula est inquiet face au nombre de cas de rougeole enregistrés depuis le début de l’année. En cause, selon lui, un ensemble de facteurs qui, mis bout à bout, ont permis le retour d’une maladie que l’on pensait quasi éradiquée :
« Il ne fait aucun doute que la baisse de la couverture vaccinale y participe. Ce n’est pas un problème qui touche seulement les pays en voie de développement mais aussi les pays développés. Il suffit de regarder en France, en Italie et chez nous, on voit bien que la couverture vaccinale a dramatiquement baissé en-dessous de 90 % chez les jeunes. Mais il y a aussi d’autres facteurs, comme l’affaiblissement de notre système immunitaire. Autrefois, lorsque l’on vaccinait les gens dans un environnement où le virus de la rougeole était présent, ils étaient en contact naturellement avec ce dernier, et notre immunité s’en trouvait renforcée. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas, car pendant longtemps il n’y a eu que très peu de cas de rougeole. On se retrouve aujourd’hui avec une grande partie de la population susceptible de contracter la maladie avec d’un côté les personnes âgées qui n’ont jamais été vaccinées et n’ont pas attrapé la maladie, et de l’autre des personnes certes vaccinées mais dont l’immunité ne suffit plus à les protéger à partir d’un certain âge. »Actuellement, ce sont d’ailleurs les adultes qui, selon les médecins, sont le vecteur le plus important de la diffusion du virus. Si les enfants en bas âge sont les plus vulnérables à l’infection, l’évolution de la maladie peut s’avérer grave chez les personnes adultes.
Considérée à tort comme une maladie bénigne, la rougeole se transmet essentiellement par voie aérienne. La personne contaminée devient contagieuse la veille de l’apparition des premiers symptômes, et le reste cinq jours encore. Fièvre, fatigue, toux, éruption cutanée caractéristique dont la couleur lui donne son nom, sont les différentes manifestations de la maladie. Une personne malade pouvant en contaminer quinze à vingt autres, la recrudescence de la maladie a de quoi susciter l’inquiétude des autorités sanitaires des pays concernés.D’ailleurs, Roman Prymula souligne que le ministère de la Santé envisage d’ores et déjà des mesures dans les hôpitaux qui ne peuvent pas se permettre de se retrouver avec un personnel en quarantaine et inapte au travail :
« En raison du nombre important de cas en milieu hospitalier, nous envisageons sérieusement un décret obligeant le personnel médical à se faire vacciner. »
Le retour en force de la rougeole en Europe notamment est lié également à la montée de la méfiance de certains parents vis-à-vis de la vaccination pour leurs enfants, comme le déplore Roman Chlíbek, secrétaire scientifique de la Société tchèque de vaccination :
« De nombreuses personnes croient aux théories du complot qui se diffusent facilement. Ces gens pensent qu’il s’agit d’informations scientifiques sérieuses, mais ce n’est pas le cas. En République tchèque, les enfants qui attrapent la rougeole ont en général moins de trois ans. C’est une population qui, en général, n’a pas été vaccinée, car les parents ont voulu retarder la vaccination au maximum. »La rougeole reste l’une des principales causes de mortalité chez les enfants du monde entier. Si dans une majorité de cas, la guérison est sans séquelles, le virus peut toutefois avoir de graves conséquences. Les complications de la maladie peuvent entraîner des encéphalites ou une infection grave des poumons, voire la cécité.