La cour municipale de Prague a décidé de rouvrir le dossier de Jan Antonin Bata
Il y a soixante ans, l'un des plus grands industriels tchèques, Jan Antonin Bata, avait été condamné par contumace à quinze ans de détention et à la confiscation de ses biens pour ne pas avoir déclaré publiquement son soutien à la Résistance contre les nazis. La cour municipale de Prague vient d'annuler ce verdict.
« Il est intéressant de constater que la cour ne l'a pas reconnu coupable de collaboration. Pourtant, le « Tribunal national » l'a reconnu coupable d'un crime qui, d'après moi, n'entre pas dans le cadre des Décrets du président Benes, à savoir de ne pas avoir publiquement soutenu le mouvement anti-fasciste. »
La cour municipale de Prague a annulé ce verdict. Le neveu de Jan Antonin Bata, Tomas Bata junior, 92 ans, arrivé spécialement de Toronto pour témoigner à la barre, se déclare satisfait de la décision de la cour :
« Nous avons attendu pendant de longues années. Aujourd'hui, cela est clair et nous espérons que le procès sera terminé. Cette affaire salit toute notre famille et ne tendait qu'à s'approprier le résultat du beau travail qui se faisait chez nous. »Quelle suite pour cette affaire hors du commun ? Réponse de la procureure, Jaromira Biolokova :
« Toute l'affaire va revenir au stade de l'instruction. Tout le dossier va être réexaminé. Il n'est pas exclu que, dans le cours de l'instruction déjà, l'affaire soit classée ad acta. »
La municipalité de Zlin est, elle aussi, satisfaite de la décision de la cour municipale de Prague, car elle oeuvrait depuis longtemps pour que le nom de Bata ne soit plus injustement lié à la collaboration avec les nazis. Le 2 mai dernier, une statue de Jan Antonin Bata a été dévoilée devant le « gratte-ciel » de Zlin, l'une de ses contributions au développement de la ville.