La cuisine tchèque - ceska kuchyne (suite - 2e partie)

Smažený kapr a bramborový salát

Salut à tous, les tchécophiles de Radio Prague - Ahoj vám vsem, milovnikum cestiny Radia Praha. La cuisine tchèque - ceská kuchyne, et ses particularités, ses secrets, tel est le nouveau thème que nous avions abordé lors de notre dernière émission. Avec ce cinquante-troisième numéro du « Tchèque du bout de la langue », nous allons donc poursuivre notre découverte de cette gastronomie caractéristique de l'Europe centrale et même orientale.

Ahoj vám všem, milovníkům češtiny Radia Praha. La cuisine tchèque - česká kuchyně, et ses particularités, ses secrets, tel est le nouveau thème que nous avions abordé lors de notre dernière émission. Avec ce cinquante-troisième numéro du « Tchèque du bout de la langue », nous allons donc poursuivre notre découverte de cette gastronomie caractéristique de l'Europe centrale et même orientale.



La gastronomie tchèque est composée de plats le plus souvent très consistants, qui, comme on dit parfois, « tiennent bien au corps », et qui, au moins depuis l'arrivée des Celtes sur l'actuel territoire tchèque au Ve siècle, ont permis aux habitants de Bohème et de Moravie de résister aux conditions parfois très rudes, notamment en hiver, imposées par le climat continental. Certes, admettons que rares sont les mets tchèques dont la succulence et le raffinement flattent les fins palais et enchantent les papilles gustatives autres que tchèques, mais, une fois cela dit, empressons-nous d'ajouter que grâce à la fidélité manifestée par le peuple tchèque pour la tradition, fidélité mêlée au sens de l'invention artistique et technique, et enfin à un vrai savoir-faire artisanal, l'art culinaire, notamment lors des fêtes qui égrènent le calendrier, a toujours constitué une affaire d'honneur et de plaisir pour chaque cuisinier tchèque, et surtout pour chaque mère de famille. Et voilà bien l'essentiel, après tout. Car, qu'elle soit simple ou sophistiquée, une cuisine qui sait réunir et rendre heureux une famille et des amis autour d'une table ne peut résolument pas être mauvaise. C'est donc une présentation plus approfondie de la cuisine d'un peuple qui aime manger, et beaucoup, que nous vous proposons sans plus tarder. Bon amusement - Dobře se bavte !, donc, et bon appétit - dobrou chuť !



"Polévka je na stole." "La soupe est sur la table." C'est avec cette locution, aujourd'hui essentiellement symbolique, lancée dans toute la maison que des générations de mères tchèques ont invité leurs enfants et leur mari à se mettre à table. Comment prétendre évoquer la cuisine tchèque sans parler des soupes - polévky? Depuis très longtemps, en effet, les soupes tiennent un rôle essentiel dans les menus tchèques. Autrefois, au sein des classes populaires, notamment, la soupe faisait même souvent office de plat principal, et ce aussi bien le midi que le soir. Aujourd'hui encore, il est presque impossible d'imaginer un repas tchèque classique sans soupe, et ce qu'elle que soit la saison, été torride comme hiver rigoureux. Toutes les cantines scolaires, restaurants dans les universités et sur les lieux de travail ne proposent généralement rien d'autre qu'une soupe en hors-d'oeuvre. Jamais, sans doute, l'idée de préparer un repas du dimanche sans soupe n'a effleuré l'esprit de quelque maîtresse de maison tchèque que ce soit. Il faut dire que tous les livres de recettes proposent un éventail de soupes aux préparations, ingrédients et goûts tous plus variés les uns que les autres.



Puisque Noël approche déjà à grands pas, n'en citons qu'une pour cette fois-ci, la soupe servie traditionnellement le soir du réveillon, la soupe de poisson - rybí polévka, plus précisément la soupe de carpe - polévka z kapra. Il s'agit, en fait, d'un potage très particulier préparé avec la tête et le reste des abats de la carpe, lié avec une julienne de légumes - zelenina, et garni de croutons de pain frits. Mais pourquoi une soupe de carpe si curieuse à Noël, nous direz-vous? A cela plusieurs explications: tout d'abord parce que le poisson - ryba, dont la nature froide interdit de déclencher l'"incendie de la luxure", est, pour les chrétiens, la nourriture d'abstinence - postní jidlo, par excellence. C'est d'ailleurs pourquoi, en France par exemple, on le consomme traditionnellement le vendredi, journée dite « maigre ». Ensuite, la République tchèque ne possédant pas de côtes maritimes, de nombreux étangs artificiels ont été créés principalement dans la très belle région de Bohême du Sud, entre autres justement pour l'élevage de la carpe - kapr. Enfin, puisque le repas du réveillon de Noël ne doit être ni trop copieux, ni trop riche, le plat principal est donc composé d'une portion de carpe pânée - smažený kapr, servie avec ce que les Tchèques appellent une salade de pommes de terre - bramborový sálat. S'il est exact que la pomme de terre - brambora, constitue l'ingrédient principal de cette salade, il s'agit, en fait, pour être plus précis, de ce que l'on appelle en France une macédoine de légumes. Et que les Tchèques qui nous écoutent ne nous en veulent pas pour cette comparaison, la salade de pommes de terre étant, en effet, l'un de leurs plats préférés. Bref, modestie du repas oblige, voilà donc les principales raisons pour lesquelles une soupe aux abats de carpe est servie le soir de Noël.



C'est ainsi que prend donc fin ce "Tchèque du bout de la langue" consacré à la cuisine tchèque - česká kuchyně. La semaine prochaine, nous vous présenterons d'autres soupes tchèques, peut-être plus appétissantes, et continuerons notre découverte de la gastronomie plus en détail. D'ici-là, portez-vous du mieux possible - mějte se co nejlíp!, portez le soleil en vous - slunce v duši, salut et à bientot - zatím ahoj!