La fin du statut d’étudiant pour les élèves des écoles de langues privées?
Les élèves des établissements d’enseignement supérieur linguistiques privés pourraient perdre leur statut d’étudiant. Un amendement à la loi sur l’aide sociale de l’Etat est en cours de discussion à la Chambre des députés. Si cette modification législative est adoptée, les élèves perdront de nombreux avantages et devront payer leur assurance sociale de leur propre poche. Un débat qui soulève la question du financement par l’Etat des études privées au niveau postsecondaire.
Pour Dagmar Navrátilová, députée du parti LIDEM et présidente du comité pour l’éducation à la Chambre des députés, la logique de cette proposition est avant tout financière :
« Je ne voudrais pas dire que le gouvernement n’accepte pas que les étudiants apprennent des langues étrangères, mais je préfère parler d’argent, car cela implique un coût pour l’Etat. Si l’étudiant reste étudiant, le paiement de l’assurance sociale se fait au détriment de l’Etat. »Nombreux sont ceux qui s’accordent à dire que l’abrogation de l’aide aux étudiants d’écoles de langues privées permettrait d’économiser de l’argent. Le ministère de l’Education affirme que le coût de ces études pour l’Etat est d’environ cent millions de couronnes (environ quatre millions d’euros) par an. Autour de ce projet d’amendement flotte donc la problématique du financement de l’enseignement privé par le secteur public. Question néanmoins délicate quand on sait que la plupart des élèves qui choisissent ces établissements linguistiques le font car ils n’ont pas pu accéder à l’université de leur choix, faute de place.
Jakub Stárek, conseiller au ministère de l’Education, est conscient du dilemme :
« La question est de savoir si l’Etat doit continuer à apporter son soutien à ce segment de la population étudiante, parallèlement au fait que les places manquent dans les universités, où ils peuvent apprendre et étudier. »Si ces élèves perdent leur statut d’étudiant, ils devraient donc payer l’assurance sociale, et leur frais de scolarité seraient alors quasiment doublé. Une situation que dénonce Martin Hejhal, président de l’Association pour la préservation des études postsecondaires. Selon lui, les coûts seront plus importants si les étudiants ne sont plus pris en charge. Les élèves seraient moins nombreux, ce qui entraînerait une baisse des revenus fiscaux provenant de l’activité de ces établissements privés. Le phénomène le plus inquiétant pourrait être la possible réduction des compétences linguistiques des jeunes, ce qui est en conflit direct avec la promotion affichée de l’apprentissage des langues étrangères depuis quelques années.
Michaela Dvořáková a été diplômée d’une école de langues privée l’année dernière. Elle souligne la nécessité de préserver l’accès de tous les étudiants à l’apprentissage linguistique :
« Je suis complètement en désaccord avec cette proposition, je ne pense pas que ce soit une très bonne idée. Beaucoup de gens n’arrivent pas à accéder à l’université qu’ils souhaitent, et le fait d’aller dans ces écoles de langues leur permet de conserver le statut d’étudiant. Presque tout le monde devrait maîtriser l’anglais. Et quelles que soient les études postsecondaires, elles sont une très bonne manière d’apprendre vite et bien. »Si l’amendement est adopté, il prendra effet dès la rentrée 2013. Une incertitude plane donc dans les esprits des 5000 étudiants qui s’apprêtent à effectuer une année d’étude dans ces établissements linguistiques.