La francophonie à travers les œuvres des élèves tchèques

Le palais Černín, photo: Archives de Radio Prague

Pour la quatorzième fois, la Journée internationale de la francophonie a été célébrée ce lundi à Prague avec la cérémonie de remise des prix d’un concours annuel destiné aux élèves tchèques apprenant le français. Traditionnellement organisé au palais Černín, siège du ministère des Affaires étrangères, l’événement s’est déroulé en présence de différents représentants de pays francophones en République tchèque. Reportage.

Le palais Černín,  photo: Archives de Radio Prague
En République tchèque, environ 45 000 élèves du primaire et du secondaire apprennent le français. C’est à ces élèves qu’est donc destiné ce traditionnel concours annuel qui entend promouvoir l’apprentissage de la langue française, ainsi que les principales valeurs de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), dont notamment le dialogue interculturel. Lors de la cérémonie de remise des prix, l’adjointe au ministre des Affaires étrangères, Ivana Červenková a rappelé que la francophonie s’inscrit en République tchèque dans une longue tradition :

« Dans notre pays, le français a souvent jouit d’un statut privilégié. Il est opportun d’évoquer que cette année, nous allons également célébrer les 700 ans de la naissance du premier véritable francophone tchèque, le roi et empereur Charles IV. C’est bien le ‘père de la patrie’ qui a permis à un certain nombre d’éléments de la culture française de s’implanter dans notre pays. »

Photo: Alžběta Tichá
Afin de pouvoir participer au concours, les élèves doivent présenter une œuvre d’art contenant au moins trois des dix mots français définis préalablement par l’OIF, ceux du secondaire sont obligés en plus de passer un quiz de connaissances sur le monde francophone. Les mots choisis pour l’édition 2016 mettent en relief notamment la diversité et la richesse de la francophonie puisqu’ils viennent de différentes régions où le français est parlé couramment. Il s’agit plus précisément des mots « chafouin » et « fada », donc deux mots français, de « poudrerie » et « dépanneur », deux termes en usage au Québec, des expressions belges « lumerotte » et « dracher », de « ristrette » et « vigousse » employés en Suisse, et enfin, du « tap-tap » haïtien et du mot « champagné », venant du Congo.

Parmi les plusieurs centaines de participants au concours, une trentaine d’élèves ont été récompensés des mains de différents représentants de pays francophones. Parmi eux, Tereza Cabanová de l’Ecole d’économie de Klatovy, qui a gagné le premier prix :

Tereza Cabanová,  photo: Alžběta Tichá
« J’ai choisi trois mots : ‘ristrette’, ‘lumerotte’ et ‘champagné’. Sur mon dessin, il y a un garçon d’un pays pauvre qui doit travailler. »

Cette année, c’était l’ambassadeur de la Tunisie en République tchèque, Mohamed Selim Hammami, qui a été chargé de la remise du premier prix de la francophonie. Il en dit davantage :

« Grâce à la représentation de l’Office national du tourisme tunisien à Prague qui est là depuis très longtemps et qui essaie de promouvoir l’image de la Tunisie, il nous a semblé utile et de bon augure d’inviter un jeune lauréat, ou une jeune lauréate en l’occurrence, avec un accompagnateur, donc son papa, sa maman ou bien une autre personne, pour visiter la Tunisie au cours d’une semaine dont il choisiront la date. C’est un peu pour rapprocher, ce qui est le but de la francophonie, de la diversité culturelle. Et nous sommes là comme un trait d’union pour faciliter un peu tout ce rapprochement entre les jeunes. Parce que c’est cela, l’avenir. »

A l’occasion de cette cérémonie, un autre prix est déjà traditionnellement décerné aux meilleurs travaux universitaires relatifs à la francophonie. Appelé selon l’association regroupant les professeurs de français des universités tchèques, le Prix Gallica a été octroyé cette année exceptionnellement à deux thèses. L’une des lauréates, Veronika Černíková, actuelle enseignante de littérature française et francophone à l’Université de Bohême du sud à České Budějovice, présente ses recherches, appréciées également par l’Association internationale des Etudes québécoises par une bourse de prestige Gaston-Miron :

« Ma thèse porte sur l’écrivain fictif dans l’œuvre d’un auteur québécois, Gérard Bessette. L’écrivain fictif, cela signifie le personnage de l’écrivain ou narrateur qui écrit. Et en effet, j’ai découvert dans ma thèse qu’il s’agit d’un phénomène qui caractérise bien l’évolution de la littérature québécoise en entier. On peut rencontrer les premiers personnages de l’écrivain au milieu du XIXe siècle, c’est-à-dire vingt ans après la naissance de la littérature québécoise et on peut le rencontrer jusqu’à aujourd’hui. »

Absente à la cérémonie, la deuxième lauréate du Prix Gallica, Jovanka Šotolová, traductrice et enseignante à l’Université Charles à Prague, a été récompensée notamment pour sa contribution dans le domaine de la théorie de la traduction du français vers le tchèque.