La grippe porcine menace 2 millions de Tchèques ; le gouvernement se dit prêt à faire face

Vingt nouveaux cas de grippe porcine ont été recensés ce week-end en République tchèque, portant le nombre total de malades à soixante-trois. Le pays est certes l’un des moins touchés en Europe, et pour l’instant les cas sont bénins, mais l’avenir pourrait être tout autre. Les spécialistes prévoient en effet une large vague de contamination dès l’automne, pouvant atteindre deux millions de Tchèques, soit un cinquième de la population. Face à cette menace, le gouvernement appelle au calme, et assure être suffisamment paré pour affronter même le pire des scénarios.

« La situation est sous contrôle ». La semaine dernière, le porte-parole du ministère de la Santé, Vlastimil Sršeň, se voulait confiant. La semaine dernière, la République tchèque ne recensait que vingt-huit cas de grippe porcine. Huit jours plus tard, le nombre de malades a plus que doublé, portant le nombre total de cas en République Tchèque à soixante-trois. Pour autant, le pays reste relativement épargné, comme l’explique l’hygiéniste Michael Vít :

« Si l’on tient compte de l’évolution du nombre de malades dans les autres pays membres de l’Union européenne, il fallait s’attendre à ce que la maladie progresse aussi chez nous. Pour autant, la République tchèque reste toujours un des pays où le nombre de contaminés est parmi les plus faibles. Les personnes qui sont tombées malades sont essentiellement des personnes qui revenaient d’un séjour à l’étranger. »

C’est plus tard, à l’automne, que les spécialistes craignent le pire : une contamination beaucoup plus large de la population. En tout, selon une méthode de calcul de l’Organisation mondiale de la santé, près d’un cinquième de la population pourrait être touché par le virus.

Le gouvernement, lui, assure que la République tchèque est correctement parée pour faire face à un scénario catastrophe. Le plan mis en place par le ministère de la Santé prévoit notamment la mise à disposition de suffisamment de lits et d’appareils respiratoires dans les hôpitaux, ainsi que la formation des médecins généralistes face à la grippe H1N1.

D’autre part, la République tchèque a d’ores et déjà acquis assez de doses anti-virales pour vacciner 25 % de la population. Et elle prévoit l’achat de 5 millions de doses supplémentaires d’ici peu, ainsi que la production de nouveaux vaccins sur le territoire.

La moitié de la population pourrait donc être vaccinée dans le cas d’une plus large propagation de la grippe A en République tchèque. Il s’agirait en priorité de vacciner les personnes à risques, telles que les enfants, premières victimes du virus, les personnes âgées ou malades. Seraient également vaccinés les personnels médicaux et les employés de l’Etat.

La République tchèque se dit donc prête à faire face à la grippe porcine, du moins dans le cas où celle-ci n’évolue pas. Les spécialistes craignent en effet une mutation du virus, ce qui rendrait inutilisables les vaccins déjà fabriqués.

Enfin, autre inquiétude, la grippe saisonnière, banale grippe hivernale, pourrait se révéler encore plus dangereuse cette année. Un corps affaibli par la grippe saisonnière serait en effet bien plus vulnérable à la grippe porcine. Roman Prymula préside la Société tchèque de vaccinologie :

« L’idéal est de se faire vacciner tant contre la grippe pandémique avec deux injections que contre la grippe saisonnière avec une injection dans le cas d’un adulte et deux injections s’il s’agit d’un enfant. »

Un avis pas tout à fait partagé par l’Organisation mondiale de la santé, qui recommande de se faire vacciner, en prévention, uniquement contre la grippe saisonnière.