La Journée de l'Europe au café Slavia à Prague

Vaclav Havel avec Cyril Svoboda au café Slavia, photo: CTK

Chaque année l'Europe célèbre sa fête - La Journée de l'Europe. Elle se rappelle ses débuts, il y a 56 ans, lorsqu'on a jeté, le 9 mai 1950 les bases de ce que nous appelons aujourd'hui l'Union européenne. La fête de l'Europe a été célébrée dans les cafés de 27 capitales européennes. On a choisi des cafés, qui sont des lieux de rencontre, de polémique et de réflexion.

Vaclav Havel avec Cyril Svoboda au café Slavia,  photo: CTK
A Prague, une telle rencontre a eu lieu, ce mardi, au café Slavia, un établissement d'une longue tradition intellectuelle, situé en face du Théâtre national. Parmi les participants, il y a eu l'ancien Président tchèque, Vaclav Havel, qui a lu son essai sur les tâches de l'Europe actuelle. Cette tâche, selon lui, est de retrouver la conscience et la responsabilité de l'Europe, et cela dans le sens le plus profond du mot, donc non seulement la responsabilité de l'architecture politique européenne, mais aussi la responsabilité du monde dans son ensemble.

D'après Vaclav Havel, la tâche actuelle de l'Europe n'est pas de répandre dans le monde, paisiblement ou avec violence, sa religion, sa civilisation, ses inventions et son pouvoir. Et, elle ne doit même pas donner au monde une leçon sur l'Etat de droit, la démocratie, les droits de l'homme et la justice :

« Si l'Europe le veut bien, elle peut faire une chose plus modeste, mais plus utile: donner par son existence même un exemple que de divers peuples peuvent vivre et coopérer dans la paix, sans perdre quoi que ce soit de leur identité. Démontrer par ses activités qu'on peut traiter avec sensibilité la planète où il nous faut vivre et qu'on peut penser aussi aux générations qui viendront après nous. Démontrer qu'on peut coexister paisiblement avec d'autres mondes culturels sans être obligé de renier soi-même et de renier sa vérité. Et ce n'est pas tout. Si l'Europe le veut bien, elle a encore une autre possibilité : se souvenir de ses meilleures traditions spirituelles et des racines de ces traditions, chercher ce qu'elles ont en commun avec les racines des autres cultures et des autres civilisations, et chercher avec les autres le minimum spirituel et moral qui nous est commun, que nous pourrions tous respecter pour pouvoir vivre les uns aux côtés des autres, sur notre planète, et faire front à tout ce qui menace cette vie commune sur la Terre. »

Photo: Commission européenne
Dans le débat qui s'est ensuivi, après cette lecture, les interlocuteurs ont plusieurs fois dénoncé certaines tendances eurosceptiques dans la société tchèque. Les Tchèques aiment à se plaindre et, même des hommes politiques tchèques semblent avoir tendance à rejeter sur l'Union européenne la responsabilité de leurs propres insuffisances et de leurs propres échecs. On a remarqué, cependant aussi, que ce phénomène n'est pas grave, car les sondages d'opinion démontrent toujours que la population tchèque dans son ensemble est relativement satisfaite de faire partie de l'Union européenne.