La magie du Printemps de Prague 1990

Photo: Supraphon
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Pour la première fois depuis 1952, le Festival international de musique du Printemps de Prague a été privé cette année de son rituel : il n’a pas été inauguré par Ma Patrie de Bedřich Smetana. Ce fameux cycle de six poèmes symphoniques ouvre l’événement chaque 12 mai, date anniversaire de la mort du compositeur. En raison de la pandémie du coronavirus, la 75e édition du Printemps de Prague se déroule, jusqu’au 4 juin prochain, uniquement en ligne, avec des concerts en direct, mais sans public. Ils sont diffusés, via les sites Internet du festival et des Centres tchèques, depuis plusieurs sites à Prague et à Brno. A cette occasion, la Radio publique, ainsi que d’autres médias tchèques, ont rappelé une autre édition du festival, tout aussi inhabituelle, la première qui s’est déroulée dans la Tchécoslovaquie post-communiste. C’était il y a tout juste 30 ans…

« Jamais dans l’histoire du festival, les musiciens et le public n’ont partagé autant d’émotions » a constaté un journaliste de Vltava, la chaîne culturelle de la Radio tchèque, qui a rediffusé, cette semaine, le concert d’ouverture de cette mémorable édition 1990 du Printemps de Prague. Une édition marquée par la présence de Leonard Bernstein ou encore par celle de Rudolf Firkušný et Rafael Kubelík, deux grands musiciens tchèques qui ont vécu en exil après l’arrivée au pouvoir du parti communiste en 1948.

Chef d’orchestre de renommée internationale et naturalisé suisse en 1967, Rafael Kubelík (1914-1996) a dirigé l’Orchestre philharmonique tchèque le 12 mai 1990, lorsque celui-ci a interprété Ma Patrie de Smetana en ouverture du festival, en présence du nouveau président Václav Havel et de son épouse Olga, tout aussi acclamés par le public que les musiciens.

Photo: Supraphon
Dans cette émission, nous vous proposons d’écouter des extraits de ce concert exceptionnel. Il a marqué les retrouvailles de Rafael Kubelík avec l’orchestre tchèque dont il était devenu le chef principal en 1942, à l’âge de 28 ans. Ma Patrie a accompagné Rafael Kubelík tout au long de sa carrière : il l’a dirigée en 1946, à l’occasion du premier Printemps de Prague organisé après la fin de la guerre, avant de l’enregistrer avec différents orchestres à Chicago, Boston, Vienne et Munich.

« Je me suis toujours senti appartenir à ce pays. Je ne l’ai jamais quitté, j’étais toujours là, même en vivant ailleurs », a confié Rafael Kubelík, 76 ans, à son retour en Tchécoslovaquie après la révolution de Velours. A l’occasion des premières élections démocratiques organisées dans le pays début juin 1990, il a initié un autre concert qui est entré dans l’histoire : sur la place de la Vieille-Ville, trois orchestres philharmoniques, ceux de Prague, de Brno et de Bratislava, ont interprété, sous sa baguette, une fois de plus Ma Patrie de Bedřich Smetana. Par ce concert à ciel ouvert, retransmis par la télévision, Rafael Kubelík voulait encourager l’unité des Tchèques et des Slovaques, sans savoir que les deux peuples allaient malgré tout se séparer trois ans plus tard, en 1993. Pourquoi a-t-il choisi à nouveau Ma Patrie ?

« Du point de vue musical, tout ce cycle de poèmes symphoniques est basé sur trois ou quatre notes. Avec ça, Smetana a composé 80 minutes de musique… Son esprit et sa créativité ont donné naissance à quelque chose de très beau, de magique et d'inédit : une composition qui exprime, avec des moyens restreints et une force étonnante, l’amour de son pays. »

Nous écoutons le poème symphonique Par les prés et bois de Bohême.

Plus d'infos sur la programmation du Printemps de Prague 2020 :

https://festival.cz/en

http://www.czechcentres.cz/en/