Le Printemps de Prague rend hommage à Rafael Kubelík

Photo: CzechTourism

La 69e édition du Printemps de Prague, un des principaux festivals de musique classique de République tchèque, débute ce lundi soir. Comme de tradition, le festival commence chaque année le 12 mai, date anniversaire de la mort d’un des plus grands compositeurs tchèques, Bedřich Smetana. Et c’est avec son chef d’œuvre, le cycle de six poèmes symphoniques, « Ma patrie » - « Má vlast », qu'est lancé le festival à la Maison municipale de Prague ce lundi.

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Si l’année dernière, le festival avait été inauguré par l’Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par le chef d’orchestre canadien, Peter Oudjian, cette année l’ouverture du festival se fera sous la baguette de Jiří Bělohlávek et la Philharmonie tchèque, et ce notamment pour rendre hommage au chef d’orchestre tchèque mondialement connu, Rafael Kubelík. La date du 29 juin prochain marque les cent ans qui se sont écoulés depuis la naissance de Rafael Kubelík, violoniste et compositeur, à l’origine du festival. Le directeur du festival, Roman Bělor, a précisé à ce propos :

« Après une période assez longue, le concert d’ouverture sera interprété de nouveau par l’Orchestre philharmonique tchèque, avec son chef d’orchestre, Jiří Bělohlávek. La Philharmonie tchèque avait inauguré le festival il y a deux ans, avec le chef d’orchestre russe, Vasilij Petrenko, mais cela faisait longtemps qu’elle n’était pas dirigée par son propre chef d’orchestre. Quant à Rafael Kubelík, il s’agit du fondateur clé de notre festival. Ce fut son idée d’établir un festival international de musique à Prague. Et c’est comme cela qu’est né le Printemps de Prague en 1946. »

Rafael Kubelík s’exile après le Coup de Prague en 1948, quand les communistes prennent le pouvoir, et lance un appel à boycotter le Printemps de Prague. Il déclare alors qu’il reviendra lorsque tous les Tchèques jouiront des mêmes libertés. Mais ce n’est qu’en 1990, à son retour au pays, que Rafael Kubelík dirige de nouveau la Philharmonie tchèque, en interprétant « Ma Patrie » sur la place de la Vieille-Ville, un concert qui se veut bouleversant, car mettant un point final symbolique au régime communiste. Son fils Martin a notamment dévoilé que Rafael Kubelík voyait le cycle de poèmes « Ma Patrie » comme le moyen idéal de lutte pour la libération du pays et pour la liberté des Tchèques. Martin Kubelík :

Martin Kubelík,  photo: ČTK
« Le régime totalitaire en voulait après mon père. Il recevait également des menaces, lui faisant savoir qu’on allait m’enlever à Prague, afin de l’obliger à revenir au pays. Lors du concert en 1990, le fait d’être assis aux côtés de Václav Havel, puis le voir rejoindre mon père sur scène pour l’embrasser, furent bien évidemment des moments très émouvants, qui resteront graver en moi à jamais. »

Cette année le cycle de poèmes symphoniques « Ma Patrie » sera interprété au total trois fois, à savoir non seulement ce lundi, mais également ces mardi et mercredi, et ce notamment en raison d’enregistrements audiovisuels. Parmi les nouveautés au programme de cette année figure le « premier concert » d’un chef d’orchestre de moins de 33 ans, qui aura lieu ce dimanche 18 mai. Le chef d’orchestre et compositeur de talent Pavel Trojan, qui fêtera ses 30 ans cette année, a été choisi pour inaugurer cette nouvelle série. Au programme de la soirée du dimanche figurera également le concerto pour piano nº2 de Sergueï Rachmaninov, interprété par le jeune pianiste israélien Roman Rabinovich. Dans le cadre du festival, notons également la présence mardi 20 mai du contre-ténor français, Damien Guillon, ainsi que celle de l’ensemble musical français de musique baroque Les Arts florissants, qui se présentera au public le dimanche 25 mai. Un des concerts à ne pas manquer est celui du pianiste exceptionnel Lang Lang, qui sera accompagné par la Philharmonie de Vienne, jeudi 22 mai. Le directeur du festival, Roman Bělor, dresse la liste des invités de renom du festival, qui s’inscrit cette année dans le cadre de l’Année de la musique tchèque, présentant de ce fait, une kyrielle de compositeurs tchèques:

Roman Bělor,  photo: David Vaughan
« Je dois bien évidemment évoquer la participation exceptionnelle de l’Orchestre philharmonique de Vienne, sous la baguette de Christoph Eschenbach. Il se classe indiscutablement parmi les cinq orchestres les plus importants du monde. Et parmi les autres personnalités qui seront présentes, je tiens à mentionner le pianiste norvégien, Leif Ove Andsnes, ou le célèbre violoniste letton, Gidon Kremer, ainsi que de nombreux chanteurs, tels que la Lituanienne Violeta Urmana. »

Le concert d’ouverture de ce lundi est retransmis à la télévision tchèque et à la radio tchèque, ainsi que dans vingt-six autres pays du monde, tels que le Japon, la Chine ou l’Afrique du Sud. Le festival se poursuit jusqu’au jeudi 3 juin.